Le dispositif EVVI, ou évaluation personnalisée des victimes, va être déployé dans les commissariats et gendarmeries du Loiret. Objectif : mettre en œuvre des mesures pour assurer la protection des victimes les plus fragiles.
Une convention vient d’être signée entre les procureurs de la République d’Orléans et Montargis et l’association d’aide aux victimes du Loiret. Il s’agit de la convention relative à l’évaluation personnalisée des victimes, dite "dispositif Evvi", découlant d’une directive européenne.
Ce dispositif permet d’évaluer la vulnérabilité des victimes au moment de leur dépôt de plainte afin de mettre en place les mesures les plus adaptées pour assurer leur protection. Ainsi, les services de police ou de gendarmerie pourront, après avoir sollicité l’accord de la victime, alerter le parquet. "Si nous adhérons à ce qu’ils nous proposent, nous saisissons l’association d’aide aux victimes du Loiret qui utilise un questionnaire pour apprécier de manière plus approfondie l’état de cette victime", explique le procureur de la république d’Orléans, Nicolas Bessone.
L’association est donc chargée de faire une enquête "plus poussée" sur la victime, afin de mettre en œuvre les mesures les plus adaptées à sa situation (prise en charge psychologique, sociale, protection..) et éviter "la survenance de ce que l’on appelle une victimisation secondaire".
Un dispositif qui s’adresse aux victimes de grands traumatismes et de phénomènes d’emprise : "les victimes de violences conjugales, de séquestration, de racket mais aussi les affaires d’homicides involontaires dont on estime que les victimes seraient particulièrement fragiles ou que le préjudice est particulièrement important", précise le procureur de la République d’Orléans.
On ne peut rien faire sans les victimes et les victimes méritent une protection et une attention particulière
Bien que sa mise en place intervienne en plein grenelle sur les violences faites aux femmes durant lequel ont été pointés des défauts d’écoute et d’accueil des victimes chez les forces de l’ordre, le procureur de la République d’Orléans précise que le projet était lancé bien avant le lancement des débats : "Cela fait huit mois que nous sommes en discussion avec l’Association des Victimes du Loiret, donc ce n’est pas le grenelle qui nous a motivé pour ce projet, mais il s’inscrit parfaitement dans ses préconisations."
Nicolas Besonne constate une prise de conscience et des progrès considérables dans la prise en charge des victimes mais reconnaît que ce dispositif permet de "décharger les OPJ", chargés de recueillir les plaintes, "d’un travail de pure assistance à victime qui n’est pas leur cœur de métier". "Le cœur de métier des officiers de police judicaire, c’est d’élucider les infractions pénales, d’identifier les auteurs, de les interpeller et de les traduire devant les tribunaux. Ce n’est pas la prise en charge des victimes hors, on ne peut rien faire sans les victimes et les victimes méritent une protection et une attention particulière".
Le dispositif sera mis en œuvre durant trois mois avant d’être évalué en vue de sa pérennisation.