Entre l'absence de distributeurs de billets, des tarifs trop élevés et le risque d'amende, la coupe est pleine pour les usagers de la ligne Paris-Montargis, notamment à Dordives. Ils ont signé une pétition pour étendre le pass Navigo jusqu'à Montargis.
Ils parlent d'une situation ubuesque, aberrante. Les mots manquent aux usagers de la ligne Paris-Montargis de Dordives, dans le Loiret, dont beaucoup se rendent fréquemment en région parisienne pour travailler : acheter un billet est tout simplement devenu une épreuve.
A Dordives, aucun agent de la SNCF n'est affecté à la gare. Elle ne possède pas non plus de distributeur. Et la commune ne dispose pas de point de vente. Il y est donc impossible d'acheter un billet pour rallier la gare de Souppes-sur-Loing, située, à seulement trois kilomètres, en région Île-de-France. Impossible aussi d'acheter des billets pour le trajet Dordives - Souppes-sur-Loing dans une gare parisienne. En revanche, on peut acheter un billet pour Dordives à Souppes-sur-Loing. Et en prenant le train pour Souppes-sur-Loing, depuis Dordives, il est aussi possible d'acheter le billet directement dans le train, à condition d'y mettre le prix. Le billet passe en effet de 1,60 euro à 6 euros.
En avoir plein le train
Excédés, les usagers, dont certains se rendent en région parisienne pour travailler, et s'acquittent donc en plus d'un pass Navigo de 75 euros, ont décidé de se réunir en collectif pour demander l'extension de la zone Navigo. "C'est un stress quotidien", témoigne Nazli Dutilleul, membre du Collectif transilien loirétain. "On est harcelés par les contrôleurs, et quand il y a un contrôleur et qu'on explique la situation, c'est directement une amende de 50 euros ! " Une image valant mieux que mille mot, Laurent Leidwanger, cofondateur du collectif, nous invite à jeter un oeil au plan de la ligne R, qui relie Paris à Montargis. Sur 24 gares desservies, seules trois se situent hors de la région parisienne, et hors du tarif Navigo : Dordives, Ferrières-Fontenay et Montargis. Une poignée de kilomètres qui revient cher."On est le croupien de la ligne", déplore Laurent Leidwanger. "On se demande pourquoi est-ce que toutes ces gares ne sont pas toutes gérées de la même façon" Soutenus par des élus locaux, dont leur maire et le sénateur PS Jean-Pierre Sueur, les membres du collectif ont lancé une pétition, qui a déjà rassemblé un millier de signatures. Problème : la multiplicité des acteurs en jeu, entre la SNCF, Île-de-France-Mobilités et les deux régions impliquées. Une première pétition, lancée il y a cinq ans, avait réuni 3000 signatures, mais sans entraîner d'action concrète. "Ça fait six ans qu'on se bat", explique le maire de Dordives, Jean Berthaud. "La Région avait promis de régler ce problème. Nous sommes à la veille de nouvelles élections, il serait temps de le résoudre !"