Vous l'avez peut-être vu en pharmacie : certains médicaments pour enfants manquent à l'appel. La région Centre-Val-de-Loire ne fait pas exception. Les pédiatres s'inquiètent, mais la situation revient doucement à la normale.
Et vous, avez-vous du mal à trouver certains antibiotiques ou médicaments anti-douleur pour les enfants ? Ce problème touche toute la France, depuis cet hiver. Parmi les responsables, l'épidémie de Covid-19, mais aussi les épisodes de grippe et de bronchiolites. Cette dernière maladie touche les enfants en bas âge. En parallèle, certaines pharmacies ont des problèmes d'approvisionnement
Dans les départements de Centre-Val-de-Loire, certaines pharmacies se trouvent encore parfois démunies de ces traitements. L'inquiétude est de mise parmi les médecins spécialisés. Une bonne nouvelle toutefois : la pénurie se résorbe peu à peu, dans la région.
Les pédiatres appelés à s’adapter
Fabienne Kocher est pédiatre à Orléans. Depuis l’hiver, ces médecins font parfois face au manque de certains médicaments pour enfants. "Il a fallu s’adapter à la pénurie d’amoxicilline, un antibiotique, mais aussi pour un autre médicament, le paracétamol. Dans les deux cas, les formes pédiatriques manquent. Il n’y avait pas de sirop dans un premier temps, puis ensuite les sachets ont manqué, et à la fin, il ne restait plus que les formes adultes."
Plus chanceuse, cette médecin qui exerce à la maison de santé Madeleine Bres n’a pas trop été touchée par ce manque. "De mon côté, j’exerce en maison de santé et nous travaillons avec une pharmacie partenaire. Quand vous recevez un nourrisson de 6 ou 8 mois à 18 heures, vous prescrivez le traitement, mais ce n’est pas sûr qu’il y en ait en pharmacie. Cela pose des problèmes au quotidien, mais on a réussi à faire en sorte d’avoir assez de traitements pour les patients."
Il n’en demeure pas moins que le problème reste majeur selon la spécialiste, d’autant que les nourrissons peuvent souvent être sujets durant la période hivernale aux "otites moyennes aiguës". Signe de la situation, la société française de pédiatrie a dû s’adapter : "Jusqu’à présent, pour le traitement, cette société recommandait pour les nourrissons de moins de 2 ans, un traitement par antibiotiques pendant 10 jours. Là maintenant, il ne s’agit pas d’une recommandation scientifique, mais cette durée est abaissée à 5 jours. Le but est de soulager les symptômes, mais il existe un risque de rechute."
À cela, s’ajoutait une autre alerte, cet hiver. "Je ne l’ai pas constaté personnellement, mais il y a eu une recrudescence des infections graves à streptocoques. Tout cela, alors qu’il y avait un risque de ne pas avoir d’antibiotiques", rappelle Fabienne Kocher. Des antibiotiques qui ne doivent servir que pour le traitement des infections bactériennes, insiste Fabienne Kochert.
Une situation qui se résorbe doucement
De son côté, Isabelle Chopineau, ne nie pas ce manque de médicaments adaptés aux enfants. La présidente de l’ordre des pharmaciens dans la région Centre-Val-de-Loire n’évoque pas de "pénurie", mais parle plutôt d’une "tension". Pour cette pharmacienne dans le Cher, cela "est arrivé durant l’hiver, mais ces médicaments reviennent doucement. Dans mon département, les stocks d’amoxicilline et de paracétamol ne manquent pas pour le moment. Je dépends de deux sites d’approvisionnement, à Bourges mais aussi à Nevers."
Il n’en demeure pas moins que dans d’autres départements, les stocks ne sont pas toujours au plus haut. Ce qui impose une charge de travail supplémentaire, dans les officines. "Cette difficulté impose aux pharmacies un gros travail de recherche. Trouver un produit manquant existe beaucoup de temps : dans mon officine, quelqu’un regarde les stocks tous les jours, pendant une heure", déplore Isabelle Chopineau.
Devant les difficultés d’approvisionnement, les pharmacies peuvent encore avoir à composer avec les moyens disponibles. "Lorsqu’un médicament existe, mais qu’il n’est pas au dosage adapté, le pharmacien appelle le médecin prescripteur. S’il prescrit de l’amoxicilline 250 milligrammes, mais que nous n’avons que le médicament dosé à 125 ou 500 milligrammes, il adapte la posologie. En fonction de la dose disponible, il nous indique s’il faut doubler ou diminuer la dose à donner au patient. S’il existe plusieurs molécules ou si elles ne sont pas disponibles, c’est aussi ce médecin qui nous dit laquelle choisir."