Vous l’avez déjà sûrement constaté : se procurer certains médicaments en pharmacie devient de plus en plus difficile. Le paracétamol notamment, antidouleur omniprésent dans les armoires à pharmacie, et l’amoxicilline, l’antibiotique le plus prescrit en France, principalement utilisé pour traiter les angines et les otites chez les enfants.
Se procurer certains médicaments en pharmacie devient de plus en plus difficile. C'est le cas par exemple pour le paracétamol, antidouleur omniprésent dans les armoires à pharmacie, et l’amoxicilline, l’antibiotique le plus prescrit en France, principalement utilisé pour traiter les angines et les otites chez les enfants.
Une pénurie de paracétamol et d’amoxicilline
"C’est une pénurie qui est assez inédite par son ampleur et par la diversité de molécules qui sont touchées. Des antibiotiques, des Doliprane pour la fièvre et la douleur, des sirops antitussifs pour les enfants. On a eu aussi les insulines en manque, dont il a fallu gérer beaucoup de difficultés" affirme Philippe Denry, co-président du syndicat des pharmaciens FSFF de Meurthe-et-Moselle.
Des ruptures de stock qui concernent surtout les comprimés ou sirops adaptés aux enfants. Une situation compliquée à gérer pour les pharmaciens, alors que les virus hivernaux tels que la grippe et la bronchiolite se multiplient.
"Dans certaines pharmacies, ça peut être très tendu. Il faut expliquer aux parents qu’on ne peut pas les fournir. Souvent, ils ne sont pas contents et ça retombe sur les pharmaciens. C’est une période compliqué", explique Philippe Denry.
Réduire les dosages pour éviter la rupture de stock
Pour éviter de faire face à ce type de situation, les pharmaciens tentent donc tant bien que mal depuis des semaines de faire durer les stocks, en limitant la vente de paracétamol sans ordonnance à deux boites maximum par client. "Pour les ordonnances, on essaye de respecter les dosages, mais parfois, ce n’est pas possible donc on donne une seule boite et on conseille aux parents de retenter leur chance un peu plus tard", explique Philippe Denry qui aimerait que la vente en ligne soit soumise à la même obligation.
Les professionnels appellent les consommateurs à ne pas faire de stock, car la pénurie devrait durer encore quelques semaines.
De multiples facteurs
"On sort de deux années de Covid, où on avait moins de pathologies parce qu’on avait le masque et les gestes barrières. Donc il y a eu beaucoup de moins de pathologies qu’actuellement. Et la reprise n’a pas forcément été bien anticipée par les fabricants. On est aussi sur un marché globalisé où les fabricants vont choisir de vendre aux pays les plus offrants certaines molécules, donc on n’est pas forcément les mieux servi. Et on ne produit pas assez en France des antibiotiques de bases comme l’amoxicilline, le paracétamol, on dépend d’autres pays" explique Philippe Denry.
En France, près de 2.500 risques de rupture de stocks ou de pénuries avérées, ont été signalés en 2020 à l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Aujourd’hui, la France ne dispose plus de plan de gestion des pénuries de médicaments. Le dernier élaboré par Agnès Buzyn pour la période 2019-2022 ayant été largement enterré par la pandémie.
Le gouvernement a déjà pris des mesures d’incitation financière pour "rapatrier toutes ces industries qui produisent ces médicaments essentiels", rappelait récemment le ministre de la Santé, François Braun.