Le ministère de l'Éducation nationale a annoncé ce vendredi 28 janvier le report de mars à mai des épreuves de spécialité du bac, réclamé par plusieurs syndicats d'enseignants.
La revendication était de longue date, sa résolution est arrivée ce vendredi 28 janvier. Par communiqué, le ministère de l'Éducation nationale a annoncé le report des épreuves de spécialité du bac de la mi-mars à la mi-mai. Deux mois de plus pour permettre de "préserver l’égalité de traitement entre les candidats et de permettre à chacun de préparer sereinement ces épreuves", explique le ministère.
Car, depuis déjà deux semaines, des discussions avec les représentants syndicaux d'enseignants, de parents d'élèves et avec des élus lycéens du Conseil national de la vie lycéenne se déroulaient pour trouver une issue à un problème tout simple : "La plupart des remontées de la part des professeurs nous expliquent que les élèves ne sont pas près", explique Olivier Lelarge, secrétaire du Snes-FSU pour l'académie d'Orléans-Tours. Un problème qui a, selon lui, deux origines combinées :
Il y a un problème de fond. Les programmes sont plus chargés depuis la réforme du bac. Avec des épreuves de spécialité en mars, c'est déjà extrêmement difficile d'enseigner le programme dans des conditions normales. Mais en plus, on a la crise sanitaire.
Olivier Lelarge, secrétaire
"Une vraie cata"
Et les effets de la crise sanitaire sur les lycéens sont bien connus. "Les gamins qui passent le bac ont été en demi-jauges l'année dernière", ce qui complique déjà l'enseignement selon Olivier Lelarge, lui-même conseiller principal d'orientation dans un lycée de Montargis, dans le Loiret. Mais en plus, "cette année est une vraie cata" : "Les collègues passent une semaine avec huit élèves dans leur classe, la semaine d'après ils sont onze, ça change tous les jours, détaille-t-il. C'est impossible de préparer les élèves correctement."
Avec les annonces du ministère, les professeurs gagnent donc deux mois de cours. "Sinon, on faisait partir les lycéens au combat avec la moitié des munitions", insiste Olivier Lelarge. Conscient que deux mois ne suffiront pas partout, le ministère affirme que "tous les sujets seront aménagés de façon à ce que chacun, selon sa spécialité, puisse disposer d’un choix de questions ou d’exercices". Le programme à réviser reste, lui, inchangé. À l'exception notable du nombre de textes à présenter pour l'oral de français, qui passe à seize en général et neuf en technologique.
Selon Olivier Lelarge, les lycéens, eux, étaient partagés entre "ceux qui voulaient passer les épreuves vite pour être débarrassés, ceux qui voulaient carrément repoussé en juin, et d'autres qui voulaient entre les deux". Au final, le report du ministère laisse du temps ensuite pour le reste des épreuves, avec la philosophie le 15 juin et le grand oral à partir du 21 juin.
C'est au pied du mur qu'on voit le ministre
Alors forcément, le secrétaire académique Snes-FSU se dit "plutôt content que les annonces soient faites", tout en regrettant "qu'elles soient faites si tard" :
On demande ça depuis des mois, mais il faut attendre qu'on fasse descendre des centaines de milliers de personnes dans la rue [lors de la grève du 13 janvier, ndlr] pour que le ministre nous écoute. Surtout quand il parle de dialogue social. Jean-Michel Blanquer a enfin pris la bonne décision, mais il a été contraint de le faire.
Olivier Lelarge, secrétaire académique Snes-FSU
Un ministre mis au pied du mur et qui "a dû prendre comme un désaveu personnel de devoir repousser des épreuves, alors que ce n'est pas du tout comme ça qu'il avait prévu les choses avec sa réforme".
Les syndicats gardent maintenant un œil sur les modalités d'application de cette décision, et espèrent que la situation sanitaire s'améliorera après "quatre semaines infernales". Les premières épreuves sont désormais prévues pour le 11 mai.