Après l'importante mobilisation de jeudi dernier, les personnels de l'Éducation nationale remettent le couvert ce jeudi 20 décembre. Les syndicats jugent les annonces du ministère trop timides, et attendent des purificateurs d'air et des capteurs de CO2 dans les classes.
La mobilisation avait été très forte. Jeudi 13 janvier, après une rentrée jugée chaotique par les syndicats, les personnels de l'Éducation nationale s'étaient mis en grève. L'objectif : protester contre la gestion de la crise sanitaire par le ministère, et réclamer plus de moyens et d'effectifs, notamment enseignants.
Une semaine, quelques annonces et une polémique plus tard, l'intersyndicale remet le couvert. La FSU, la CGT Educ'action, FO et SUD Education, ainsi que la FCPE, organisation de parents d'élèves, et les mouvements lycéens FIDL, MNL et La Voix lycéenne appellent à une nouvelle journée de mobilisation ce jeudi 20 janvier. Des manifestations sont annoncées un peu partout dans la région, dont Orléans et Châteauroux, mais aussi à Tours dès ce mercredi 19 janvier.
Promesses en attente
Le secrétaire départemental de la FSU-SNUipp d'Indre-et-Loire Paul Agard estime ainsi qu'il "reste tout à demander au ministère". La semaine dernière, forcé par la mobilisation nationale, le ministre Jean-Michel Blanquer avait annoncé le déploiement de 5 millions de masques FFP2 pour les personnels de l'Éducation national, le recrutement de 3 300 contractuels, ainsi que le recours aux listes complémentaires -soit les candidats refoulés de peu au concours.
Prenant exemple de ces avancées, la CGT Educ'action et la FSU de l'Indre affirment que "la grève des personnels et de l’ensemble des acteurs de la communauté éducative a un impact fort, et que nous pouvons obtenir satisfaction sur nos revendications". Seulement, ces promesses, "on attend qu'elles soient confirmées, explique de son côté Paul Agard. Les masques, on ne les a pas vus, les recrutements, on ne les a pas vus." Il reconnaît en revanche que "recourir aux listes complémentaires est une bonne idée, et casse un dogme ministériel".
"On travaille avec le covid dans nos classes"
Professeur des écoles à Joué-lès-Tours, il dit continuer à "ne pas être en sécurité sanitaire quand on vient en classe" :
Tous les jours, on a un élève dans notre classe ou dans une autre qui est positif. Je suis pas épidémiologiste, mais on sait qu'on travaille avec le Covid dans nos classes. Ce qui engendre des situations importantes de stress.
Paul Agard, professeur des écoles et secrétaire FSU-SNUipp 37
Ainsi, selon l'académie d'Orléans-Tours, 2 832 élèves et 325 personnels étaient positifs dans la région vendredi 14 janvier, pour un total de 476 classes fermées.
D'où la nécessité, selon le syndicaliste, de continuer le mouvement de contestation pour réclamer d'autres avancées. Notamment des détecteurs de CO2 -dont sont équipées de nombreuses classes en Allemagne par exemple- et des purificateurs d'air. "Parce que, à la rigueur, on aurait pu entendre qu'ils n'étaient pas prêts il y a 20 mois, mais la crise dure depuis presque deux ans..."
Un communiqué commun CGT-FSU de l'Indre réclame aussi, entre autres, de "reporter les épreuves de spécialités de mars et les organiser plus tard" d'"annuler les évaluations de mi-CP, [de] créer tous les postes nécessaires pour assurer les remplacements [et de] doter les écoles et établissements en matériel de protection en nombre suffisant, bien au-delà des volumes annoncés et y compris pour les élèves".
Casseroles ministérielles
La mobilisation semble également attisée par les maladresses de Jean-Michel Blanquer. Déjà, la semaine dernière, un professeur gréviste critiquait la manière dont le ministère avait publié le protocole de la rentrée : "La veille au soir dans un journal, avant même de l'envoyer aux enseignants". Une organisation "qui donne une impression de bazar et de confusion, et qui a certainement contribué au désordre qu'a été la rentrée", ajoutait-il.
Entre temps, Mediapart a révélé que le ministre avait donné l'interview en question au Parisien depuis Ibiza. Pour Paul Agard, "ça porte un coup à la profession". Il se souvient que, le 3 janvier, "tout le monde craignait la rentrée, parce qu'on voyait les taux d'incidence augmenter partout. Et on a un ministre de l'Éducation qui annonce depuis Ibiza la veille ce qu'on va devoir faire. C'est inimaginable, si on le lisait dans un roman on n'y croirait pas", ironise-t-il, amer, dénonçant "un mépris extrême".
La première semaine de la rentrée, le protocole sanitaire a été renvoyé deux fois aux personnels après des modifications. Un "chaos", estiment la FSU et la CGT de l'Indre. Paul Agard se dit déjà "heureux qu'on n'en ait pas eu de nouveau depuis le 13". En revanche, "il reste toujours aussi compliqué".
À Tours, un rassemblement s'est tenu ce mercredi à 17h, devant la préfecture d'Indre-et-Loire.