Quatre mois après avoir interpellé Gérald Darmanin sur le manque criant de policiers nationaux dans sa ville, le maire de Montargis récidive, et tance vertement le ministre de l’intérieur, qu’il accuse de se comporter en technocrate.
Benoît Digeon, le maire Les Républicains de Montargis, ne décolère pas : "si nous avions eu ne serait-ce que 30 policiers de plus, nous aurions pu éviter la destruction de la pharmacie et des deux commerces contigus pendant les deux nuits d’émeutes du 28 au 29 et du 29 au 30 juin !". C’est vrai que la ville de Montargis a été particulièrement touchée durant ces événements. Et cela fait longtemps que le maire dénonce la situation de crise que connaît de façon récurrente le commissariat de police nationale de sa commune.
Le 22 mars dernier, le maire de Montargis était déjà co-signataire avec son prédécesseur et député du Loiret Jean-Pierre Door d’un courrier adressé au ministre de l’Intérieur pour attirer son attention sur le manque criant d’effectifs. En vain. Le courrier resté sans réponse.
De 122 agents en 2017, le commissariat de Montargis n’en compte plus aujourd’hui que 90. À l’origine de cette crise, la lente érosion des effectifs due aux départs en retraite ou pour cause de mutation, sans que les recrutements suivent.
"Nous perdons une dizaine d’agents chaque année. Il nous manque aujourd’hui 7 officiers de police judiciaire, environ 18 agents en tenue et 6 ou 7 personnels administratifs. Une situation d’autant plus intolérable que le commissariat de Montargis est un commissariat isolé, parce que situé à une heure d’Orléans. En cas de problème grave, il ne peut compter que sur lui-même" estime Benoît Digeon.
"Certains soirs, le commissariat ne dispose ainsi que de 5 à 6 agents soit une seule patrouille et deux personnes au commissariat. Est-ce acceptable pour une zone de police de 47 000 habitants ? Assurément non !"
Benoît Digeon, maire de Montargis
Ce que dénonce le maire de Montargis, c’est l’impossibilité de remonter la pente avec les moyens mis en œuvre actuellement. Pour lui, la petite dizaine de nouveaux effectifs promis pour la rentrée de septembre 2023 (9 dont 3 adjoints de sécurité) est nettement insuffisante : "cela compensera à peine l’érosion que nous subissons pour cette seule année" assure-t-il. D’autant que ces nouvelles recrues sortent de formation et ne remplaceront pas les OPJ, seuls capables de finaliser les procédures.
Une prime de fidélisation aussi à Montargis ?
Quant à la prime de fidélisation accordée aux policiers exerçant dans certaines zones difficiles (comme à Dreux, Vitrolles, Marseille ou en région parisienne), Benoît Digeon estime qu’il s’agit d’un bon outil parce qu’il permet de fixer les agents sur le territoire. Il verrait d’un bon œil que le ministre mette cette prime en place dans sa commune.
"Vous ne pouvez pas nous répondre que les effectifs sont satisfaisants ou que la mairie devrait être plus accueillante", lance le maire de Montargis avant de poursuivre : "une réponse technocratique n’est pas acceptable en l’état, c’est une réponse politique qu’il nous faut."
