Procès des meurtres de l'infirmière et de son patient : Messaoud Megchiche reconnaît "une complicité active" et charge sa sœur

Accusé du double meurtre de Jacques Samson et Karine Foucher, Messaoud Megchiche a tenu la même ligne que sur la fin de l'instruction. Interrogé aux assises du Loiret ce 4 juin, il a remis la responsabilité des deux meurtres sur sa sœur Fazia, tout en reconnaissant n'avoir rien fait pour l'arrêter.

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"Pourquoi tu dis pas la vérité ?" En pleurs, Fazia Megchiche crie dans le box des accusés, retenu par deux gardiens pénitentiaires. Son frère, Messaoud, la toise avec dédain, l'insulte, la pointe. Bref, il l'accuse. Le président la fait sortir. Mais toute la salle l'entend encore crier derrière la porte. "C'est que du cinéma", souffle le frère.

Les deux sont toujours accusés du double meurtre de l'infirmière Karine Foucher et de son patient Jacques Samson, à Châlette-sur-Loing en 2019. À l’issue du troisième jour de procès, après de multiples témoignages, analyses et expertises, la cour a finalement donné la parole à Messaoud Megchiche, interrogé pendant plus de deux heures.

Théâtre glauque

Pour l'accusé, léthargique pendant la majorité du procès, l'interrogatoire s'est apparenté à une performance théâtrale. Il mime son attitude dans la maison de Jacques Samson et les coups de poing que sa sœur aurait asséné à la victime, il reproduit le cri qu'aurait poussé Karine Foucher. Et agrémente sa description d'un vocabulaire fleuri voire choquant, sans pincettes, d'une voix qui, sans avoir besoin de passer par le micro, recouvre toute la salle d'audience.

Pendant l'entièreté de son récit, il s'en tient impeccablement à la version qu'il a décidé d'exhiber depuis 2023. Les meurtres, c'est sa sœur. La complicité active, c'est lui. "Elle a tué Jacques Samson, elle a tué Karine Foucher de sang-froid, lance-t-il. Et elle a pas pleuré pour elle."

Il raconte sa version des faits. La nuit des meurtres, pas habitué à boire de l'alcool, il prétend être "éclaté" après avoir bu quelques bières, amenées par Mehmet Sari, un "ami" de sa sœur. Il dit se coucher à 4h du matin, laissant Fazia et Mehmet. "J'ai dû comater 5 minutes, et Fazia me réveille, elle me dit : "Viens on va chez un vieux, il me doit de l'argent." Je ne le connaissais pas moi !"

Chez Jacques Samson

Messaoud Megchiche affirme simplement "accompagner" sa sœur, "j'envisageais pas un cambriolage". Aucun des deux ne prend de gants, assure-t-il. Ils seraient alors rentrés dans la maison de Jacques Samson, qui se serait levé en les entendant arriver. Messaoud accuse alors sa sœur d'avoir "massacré" l'octogénaire à coups de poing. Elle l'aurait alors "saucissonné" sur le lit, lui liant les mains, les pieds, s'asseyant sur lui pour l'étouffer avec une ceinture de peignoir autour du cou. Ceinture qui n'a jamais été retrouvée lors des recherches.

Fazia lui aurait alors demandé de fouiller la maison. Il revient vers la chambre de l'octogénaire.

Jacques Samson, il était mort". "J'ai dit, "Fazia pourquoi t'as fait ça ?" Je me suis dit, on est partis pour 30 ans de perpète.

Messaoud Megchiche

Il poursuit son monologue très théâtral, des soupirs de lassitude s'échappent du public. "Miskine, le pauvre le vieux." 20 minutes de fouille de la maison plus tard, Karine Foucher arrive. Selon lui, Fazia se serait jetée sur elle, et Karine Foucher aurait alors crié. Il imite le cri, l'assistance de la salle d'audience souffle de plus en plus fort.

Étape suivante : le trajet en voiture. L'infirmière serait alors menacée d'un couteau, pris dans la cuisine de Jacques Samson, par Fazia. Karine Foucher leur aurait proposé de l'argent, mais il fallait aller le retirer à la banque. "Elle l’a mise à l’arrière entre les sièges, et elle était assise à côté. Je monte dans le véhicule, je démarre. Je voulais vite rentrer." L'argent est retiré, et le conducteur se dirige vers le stade de Pannes. "On voulait la déposer et la ligoter à un arbre, pour pas qu'elle ne prévienne la police pendant qu'on nettoyait la voiture et la maison."

"C'est Fazia qui aurait décidé de couper les mains de Jacques Samson"

Sauf que le trajet en voiture tourne au tragique. Selon Messaoud, sa sœur lui aurait demandé d'arrêter le véhicule au milieu de la route. "Elle est sortie, elle a fait le tour de la voiture, et elle lui a planté je sais pas combien de coups de couteau", raconte-t-il. Il poursuit le récit, très graphique, souvent grossier. Les proches des victimes tentent de rester stoïques. Mais la lassitude laisse petit à petit place au dégoût, et les rangs du public se vident petit à petit. Fazia, elle, revenue dans la salle après quelques minutes, porte à intervalles irréguliers son mouchoir à son nez, tout en fixant le vide. "Wallah tu vas prendre la peine", l'apostrophe son frère.

C'est toujours Fazia qui aurait décidé de couper les mains de Jacques Samson, qui l'aurait griffée pour se défendre, dans la thèse de l'accusé. Il confirme ensuite tout le reste : il a enterré les mains, jeté les couteaux, ramené la voiture de Karine Foucher là où elle a été retrouvée, nettoyé le tableau de bord avec du dissolvant, s'est débarrassé des téléphones. Il tente d'effacer les traces "avec les deux neurones qui [lui] restent".

"J'ai été dépassé par ma propre lâcheté

Pendant tout ce temps, il se dit "dominé" par Fazia. "C'est la grande sœur, je voulais juste rentrer. Si je ne l'accompagne pas dans la voiture avec Karine Foucher, je sais pas ce qu'elle va faire, c'est un diable en furie." Il ne fait pourtant rien pour s'interposer. "J'ai été dépassé par ma propre lâcheté, chaque minute j'étais plus lâche."

"Pourquoi n'avoir rien dit à la police après les faits, puisque vous parlez d'un crime si abominable", l'interroge Jean-Cédric Gaux, procureur de Montargis et avocat général du procès. "Même le plus pourri de la Terre, je ne le dénonce pas, c'est pas mon truc. Alors un frère ou une sœur, encore plus."

Il reconnaît finalement sa "participation" et sa "complicité actives" aux faits, mais assure n'avoir "jamais touché" les deux victimes. "Le temps des regrets est fini, maintenant il faut assumer, je suis là pour apporter des réponses aux familles." Quand son avocate lui demande ce qu'il veut dire aux parties civiles, il demande "que justice soit faite". Mais n'ira pas jusqu'à formuler des excuses.

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