VIDÉO. "On travaille à l'arrache" : magistrats, greffiers et avocats dans la rue contre une justice soumise aux coupes budgétaires

durée de la vidéo : 00h01mn43s
Greffiers, magistrats et personnels du tribunal de Montargis ont manifesté mardi 22 novembre.
Manifestation devant le tribunal de Montargis, mardi 22 novembre 2022. ©Karim Baila/Arthur Nys/Marianne Leroux

Un an après une tribune dirigée contre les manques de moyens dans les tribunaux, le monde de la justice était à nouveau dans la rue ce mardi 22 novembre. Objectif : dénoncer des conditions de travail intenables, qui dégradent la qualité de la justice rendue.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Un an après, la colère et la fatigue sont toujours là. Le 23 novembre 2021, un collectif de magistrats et de greffiers signaient une tribune dévastatrice dans Le Monde, pour dénoncer "une justice qui n'écoute pas et qui chronomètre tout". Ce mardi 22 novembre 2023, la justice était de nouveau dans la rue, pour réclamer plus de moyens, un peu partout en France.

Machine grippée

Et notamment devant le tribunal judiciaire de Montargis, où "il faudrait huit à neuf fonctionnaires greffiers en plus pour pouvoir tourner", estime Bruno Nottin, greffier et représentant syndical CGT. Également élu communiste à la mairie de Montargis, il estime que "la justice n'est pas rendue dans des conditions acceptables au tribunal" de la ville :

Depuis un an, rien n'a changé dans le bon sens, et la situation s'est même largement aggravée. Les effectifs de fonctionnaires tournent avec 25% de moins que l'effectif théorique, les délais s'allongent, les stocks grossissent, il y a une insécurité dans le travail parce que les collègues tournent sur de nombreux contentieux dont il n'ont pas l'habitude.

Bruno Nottin, greffier, représentant syndical CGT

Un constat partagé par le reste des professions du monde de la justice. Violette Fourgoux, agente administrative du tribunal de Montargis, explique être "sollicitée de toutes parts parce que mes collègues ne sont pas assez nombreux dans les services".

Mission de service public

Résultat selon elle, "on travaille à l'arrache". Magistrate, Marielle Faucheur explique de son côté vouloir "défendre notre mission et garantir une justice de qualité pour les justiciables" :

On le fera quoi qu'il en coûte. On peut travailler sur nos jours de congé, les greffiers restent souvent tard le soir. On peut le faire, mais jusqu'à quand ? Si on s'arrête parce qu'on est malade, qu'est-ce qui se passe pour le justiciable ? On devra renvoyer nos audiences, proroger nos jugements. On aura une justice de piètre qualité.

Marielle Faucheur, magistrate au tribunal judiciaire de Montargis

"Ce qu'on avait dénoncé il y a un an, le constat est le même aujourd'hui", lance Léa Clouteau, magistrate au parquet de Tours, membre du syndicat de la magistrature et signataire de la tribune de novembre 2021. Elle-même se dit témoin de "juges des affaires familiales qui prononcent des divorces en 15 minutes", et de "substituts du procureur qui rendent des décisions juste sur des comptes-rendus téléphoniques, sans avoir le temps de lire les dossiers". 

Et ce n'est pas la hausse, annoncée pour 2023, de 8% du budget du ministère de la Justice qui contentera les manifestants. Le gouvernement promet ainsi l'embauche de 1 500 magistrats et greffiers d'ici à 2027. "C'est loin de ce dont on a besoin en juridiction", assure Léa Clouteau, depuis Tours. Car les présidents de tribunaux estiment, après un décompte précis, qu'il manque 1 500 juges pour faire fonctionner la justice en France, et pas moins de 4 000 fonctionnaires de justice. En attendant, autant dire que le compte n'y est pas, et n'est pas prêt d'y être.

Durant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis 8 500 postes supplémentaires en 2027. 

Avec Karim Baila et Arthur Nys.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information