Les quatre individus qui comparaissent depuis ce lundi sur le banc des accusés doivent répondre du meurtre de Karim Khemali, un habitant de Limoges âgé de 32 ans dont le corps calciné a été retrouvé non loin des bords de Loire sur la commune de la Chapelle-St-Mesmin près d’Orléans en mars 2015.
Amir J. 24 ans, Mohamed C. 32 ans et Ali B. 26 ans doivent répondre d’enlèvement, séquestration en bande organisée, vol aggravé, tentative d’extorsion avec violences ayant entraîné la mort.
Hier jeudi, l’avocat général Franck Didier a requis à l’encontre de Mohamed C. 25 ans de réclusion assortis d’une peine de sûreté des deux tiers. Contre Amir J., il a demandé une peine d’emprisonnement de 22 ans assortie d’une peine de sûreté de la moitié. Il a requis contre Ali B. 20 ans de réclusion avec une peine de sûreté des deux tiers. L’avocat général a requis une peine de dix-huit mois de prison contre le 4ème protagoniste de ce procès, Rémi C, jugé pour de recel de cadavre.
Plaidoiries des quatre avocats de la défense
Cette journée de vendredi a été consacrée aux plaidoiries de la défense et c’est Maître Verdier qui a débuté la séance avec un peu de pédagogie. L’avocat de Rémi C. a insisté sur le fait que son client est jugé pour un délit connexe. Il n’a pas commis un crime mais un délit habituellement jugé par le tribunal correctionnel. Elle a demandé aux jurés d’analyser les faits en leur âme et conscience et de juger son client avec leur intime conviction. Elle va rappeler, que Rémi C. a prêté sa voiture aux autres accusés qu’il connait depuis longtemps mais il n’a rien à voir avec les faits qui se sont déroulés à Limoges et qui ont entraînés la mort de Karim Khemali.Pour lui, ses amis ont besoin d’une voiture mais c'est pour mener à bien leur trafic de stupéfiants. Ce soir-là, il a beaucoup bu, beaucoup fumé. D'un naturel nonchalant, il n’a pas posé de questions. C’est un faible, il est immature dira-t-elle pour expliquer et justifier sa passivité. Il ne savait pas qu’un cadavre gisait dans la voiture ni que ce corps avait été homicidé.Il n’a pas vu, pas su et pas voulu savoir.
Ensuite, c’est Maître Rizkallah, l’avocate de Ali B. qui a pris la parole pendant 40 minutes pour défendre son client. Pour elle, les réquisitions de l’Avocat Général sont évidemment disproportionnées au regard de l’implication de son client. L’Avocat Général estime que les accusés ont agi en bande organisée. L’avocate va tenter de minimiser la responsabilité de son cliente arguant que ce n’est pas à Ali B. mais à l’accusation de prouver qu’il n’a rien fait. Dans le dossier, estime-t-elle, il n’y a rien.
Maître Wedrychowski a ensuite pris la parole pendant 1h45 pour la défense de son client Amir J.Son client n’est pas un saint homme , il a varié dans ses déclarations, menti mais c’est cela ne fait pas de lui un criminel. Il aurait dû être jugé pour recel de cadavre, c’est tout, c’était son rôle.
Amir J. n’est pas un assassin, Amir J. n’est pas un criminel, Amir J. n’est pas un tortionnaire, Amir J. n’est pas un barbare. Il n’a jamais eu l’intention de tuer, il voulait juste récupérer son argent.
Rien n’a été prémédité, rien n’a été organisé. Son client reconnaît la violence des faits, une violence expliquée par la drogue et l’alcool ingurgitée en grosse quantité le soir du drame. Il n’a pas pris la mesure de la gravité des blessures de la victime, il a été entraîné par Mohamed C., meneur car à la tête du trafic de drogue.
L’avocat termine sa plaidoirie en remettant à la Présidente de la cour d ‘Assises, l’avenir d’Amir J. et en demandant aux jurés une juste peine pour celui qui en prison, a beaucoup réfléchi.L’avocat de Mohamed C., Maître Thomas Pigasse, a pris la suite dans une plaidoirie très technique, reprenant précisément les faits, les expertises médicales, les coups portés et leurs conséquences sur le décès de la victime dans le but de démontrer que son client n’est pas coupable des coups mortels, que c’est bien Amir J. qui a porté les coups fatals. Et que c’est bien Amir J. le meneur de la troupe et pas con client.
Pour Maître Pigasse, Amir J. a beaucoup menti durant l’instruction et durant ces cinq jours d’audience. C’est à lui d’assumer son véritable rôle dans ce drame.
"Messieurs et Mesdames les jurés, je vous demande de ne pas céder à la facilité proposée par l’Avocat Général et je vous demande une peine très significativement inférieure à celle requise par l’Avocat Général.
Avant de se retirer dans la salle des délibérations, la présidente de la Cour d’Assises, Aude Cristau, a donné la parole aux accusés :
Amir J. «Je me réfère à ce qu’a dit mon avocat »
Mohamed C. « Mon avocat a tout dit, je m’excuse et je demande pardon à la famille
Ali B. « Je m’excuse pour ce qu’il s’est passé, je ne l’ai pas tué »
Rémi C. « Je n’ai rien à ajouter » »
Le verdict est attendu dans la soirée.