Face à une forte baisse des recettes des chambres des métiers et de l'artisanat, celle du Centre-Val de Loire a décidé d'un plan de restructuration ambitieux, aux conséquences bien réelles : 80 emplois vont être supprimés avant la fin de l'année. Avec, selon les syndicats, un risque au niveau de l'accompagnement des artisans.
Cette fois, c'est acté : les élus de la Chambre des métiers et de l'artisanat (CMA) du Centre-Val de Loire ont voté, ce lundi 13 mai, un très important plan d'économies. 35 élus sur les 93 de la chambre - ils sont chefs d’entreprise, artisans ou salariés d’une TPE - avaient fait le déplacement pour ce vote crucial. Le plan ambitionne de dégager, en 2025, un excédent budgétaire de 2,5 millions d'euros. Le prix à payer : une très grande "restructuration", et la suppression de 80 emplois avant la fin de l'année.
La faute à une forte baisse des rentrées fiscales des chambres des métiers, partout en France. Comme beaucoup d'autres secteurs, les CMA ont été ciblées par les derniers plans d'économie du gouvernement. Résultat, fin 2023, la chambre du Centre-Val de Loire s'est retrouvée dans le rouge de 3,5 millions d'euros. Objectif du plan : finir 2024 à - 285 000 euros, et 2025 à + 2,5 millions.
Le conseil en entreprise affecté ?
80 emplois devraient être supprimés (28 départs, 13 départs en retraite non remplacés, et 39 CDD non reconduits). Ce plan de départs devrait concerner, particulièrement, des conseillers auprès des artisans. Ce qui ne plaît pas aux syndicats qui défendent les salariés de la structure. Ce lundi, alors que se déroulait la réunion, quelques syndiqués manifestaient devant le siège de la chambre à Orléans.
Thomas Rapin, délégué CFDT de la Chambre des métiers et de l'artisanat du Centre-Val de Loire, redoute des "conséquences importantes" pour les artisans de la région. Notamment dans l'accompagnement fourni à ceux qui entreprennent des démarches via le guichet unique numérique INPI. Guichet qui, selon lui, "pose énormément de problématiques" :
Les artisans ont besoin de soutien, ils n'ont pas forcément le temps de faire ces démarches administratives et juridiques très complexes, ils ont besoin de conseil. Le plan de restructuration de la chambre va particulièrement impacter le conseil en entreprise.
Thomas Rapin, délégué CDFT Chambre des métiers et de l'artisanat CVDL
D'autant que, selon lui, les salariés de la chambre ont été contraints d'accepter le plan, "couteau sous la gorge", après "une parodie de dialogue social". "Nous sommes d'accord avec le diagnostic avec la baisse des recettes jusqu'à la fin du quinquennat", poursuit le syndicaliste. Il considère cependant que, "eu égard aux capacités de la Chambre des métiers du Centre-Val de Loire, qui dispose de quatre CFA, une capacité de 7 500 apprentis, une telle cure d'austérité est incompréhensible".
Un esprit de "responsabilité"
Du côté des instances de la chambre, on vante un esprit de "responsabilité", pour atteindre "une capacité d'autofinancement en 2025". Aline Meriau, la présidente, vante le guichet unique. "Vous pouvez créer votre entreprise à n'importe quelle heure, à n'importe quel jour, on n'a plus cette fonction, donc il faut se séparer de ces emplois-là", affirme-t-elle.
La présidente de la chambre assure, cependant, que des "redéploiements des personnels détachés pour ces missions" devraient permettre de poursuivre l'accompagnement des 64 000 entreprises artisanales de la région. "On va travailler différemment, on va aller dans les maisons France service, il y en a entre 10 et 20 par département, on va être encore plus proches des artisans", promet-elle.
En plus des effectifs supprimés, la Chambre des métiers et de l'artisanat du Centre-Val de Loire compte revendre plusieurs bâtiments, dont celui de la métropole de Chartres.