Kévin Coutant, producteur de Sainte Maure de Touraine, est confronté à de grandes difficultés financières. Après deux tentatives de suicide, il tente de remonter la pente. Sa production de lait est à l'arrêt en raison d'une maladie qui a infecté son cheptel.
Il n'y a pas de mots pour décrire le désarroi de Kévin Coutant. L'éleveur, installé à Bossay-sur-Claise (37), dans le Sud Touraine, a fait deux tentatives de suicide ces derniers mois. Depuis trois semaines, il ne produit plus de fromages car son cheptel, composé de 120 chèvres et 20 brebis, est atteint d'une maladie, la listeria. Conséquence immédiate : il a été obligé de mettre au chômage technique ses trois salariés.
Face à la crise, son banquier ne répond pas présent
Joint par téléphone, Kévin Coutant n'est pas fataliste mais résigné : "Je ne rentre pas d'argent et je dois payer les salaires de mes employés" Avant d'ajouter : "Tout a flambé, sauf le prix du fromage. Aujourd'hui, on travaille d'arrache-pied pour tenter de sauver la ferme, mais on ne sait pas ce qu'il en sera demain".
Lors d'une réunion de crise avec les interlocuteurs de la filière, seul son banquier n'a pas répondu présent. Il ajoute avec un brin d'optimisme : "Encore je suis bien assuré, mais le temps que tout se mette en place, je n'aurai pas tout de suite une indemnisation".
Ministre, député... et même Emmanuel Macron contactés
Face à cette situation, l'entourage de Kévin Coutant ne baisse pas les bras. Avec sa conjointe, le producteur de Sainte Maure de Touraine a écrit au président de la République Emmanuel Macron, qui a répondu en courrier retour être très "attentif aux préoccupations exprimées". Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, qui affirme défendre la souveraineté alimentaire, a également été informé de la situation. Enfin, des parlementaires d'Indre-et-Loire, le sénateur Vincent Louault et le député Henri Alfandari, ont aussi été contactés.
Pour sauver la ferme, tous les moyens sont employés. Une cagnotte a été lancée par sa compagne pour l'aider à payer ses factures, dont la plus importante, celle de l'électricité. Au 3 avril, celle-ci s'élève à 7 292 euros. La cagnotte a permis de la régler. Mais Kévin Coutant n'est pas encore sorti du tunnel. Il faut attendre les derniers résultats d'analyses pour savoir si son cheptel n'est plus concerné par la listériose : une maladie qui se traduit par une infection du sang (septicémie).
Des fromagers inquiets pour lui
Aux halles de Tours, les fromagers qui lui sont fidèles sont très inquiets pour lui. C'est le cas de Hans et Adeline Krischer de chez "France Fromages". La gérante est très préoccupée : "Ses fromages sont excellents, il a 9 formes de fromages de chèvres dont la fameuse bûchette AOP Sainte-Maure. C'est très difficile de le savoir dans la difficulté. Nous étions toujours très satisfaits de ses produits et encore plus nos clients. Il faut l'aider et trouver des solutions. Ce sont ces éleveurs modestes qui font le fromage en France. On ne sait pas si dans vingt ans nous aurons encore des fermes à taille humaine."