Aux urgences de l'hôpital d'Orléans, 9 soignants sur 10 en arrêt pour cause d'épuisement selon les syndicats

Une partie de l'équipe paramédicale des urgences du CHRO a exercé son droit de retrait ce lundi 28 mars, pour manifester leur fatigue chronique face à un manque perpétuel de moyens et de personnels. Depuis, les urgences fonctionnent au strict minimum.

55 arrêts maladie déposés, et une prévision de 90% des effectifs paramédicaux concernés : voilà le bilan revendiqué par les syndicats après le droit de retrait exercé par les personnels des urgences de l'hôpital d'Orléans ce lundi 28 mars.

Ces derniers ne peuvent "plus travailler sans mettre en danger les patients et leurs diplôme", écrit dans un communiqué Gregory Quinet, secrétaire de section Sud santé sociaux au CHRO. Toujours selon le texte, "le personnel paramédical est à bout de souffle et épuise, sans aucune ressource pour continuer à travailler". 

Rencontré par France 3 au CHRO, le syndicaliste enfonce le clou :

Le problème des urgences est réel depuis longtemps. Les fermetures de lits, les départs d'infirmières... [...] Il va falloir se poser la question sur pourquoi les infirmières partent. Nous on le sait. La direction dit que c'est le conjoint, un déménagement, mais ce sont des causes mineures.

Gregory Quinet, SUD santé sociaux CHRO

100 postes d'infirmières vacants

Des difficultés structurelles que reconnaît le directeur de l'hôpital, Olivier Boyer. Selon lui, dans tout l'établissement, "il n'y a pas assez de personnels, pas que pour les urgences". Il évoque notamment la vacance de 90 à 100 postes d'infirmières, non-pourvus par la promotion sortie d'école en 2021, "qui nous a obligés à fermer environ 150 lits". Conséquences : "les urgentistes n'arrivent pas à faire monter leurs patients dans les services de soins" et "au lieu d'avoir 8 ou 10 patients par secteur aux urgences, il peut y en avoir 20 ou 25", explique le directeur.

Sauf que, selon les syndicats, ces manques d'effectifs sont compensés par une sur-sollicitation des personnels. "On les appelle le week-end, on leur demande de faire des heures supplémentaires, assure Cédric Montagne, secrétaire général CGT CHRO. Ils restent humain, donc il y a un épuisement total." Selon lui, "si on a un pic d'activité, on explose", évoquant un "effet boule de neige" si la situation ne s'améliore pas. "Les autres services craquent aussi, les urgences c'est que le début", prophétise Gregory Quinet.

Les deux syndicalistes dénoncent une rupture du dialogue social avec la direction. Selon Sud, "notre directeur interprète l'arrêt des personnels comme une revendication, alors qu'il est le résultat d'une vraie souffrance". Les organisations syndicales regrettent ainsi de ne pas être associées aux réunions de crise menées ces derniers jours par la direction. Olivier Boyer, lui, assure "dialoguer tous les jours avec les personnels". 

L'hôpital fait appel à la Protection civile du Loiret

Le directeur dit avoir enchaîné quatre réunions de crise ce mardi, alors que le nombre d'arrêts aux urgences empêche de faire fonctionner le service à son plein potentiel. Pour y faire face, "on a demandé l'aide des médecins de ville, de SOS Médecins, de cliniques pour prendre en charge les patients, et pour que n'aillent au CHRO que les urgences vitales", explique-t-il.

L'hôpital a aussi fait appel à la Protection civile du Loiret, qui annonce vouloir mobiliser entre deux et quatre bénévoles 24 heures sur 24 aux urgences dès la fin de la semaine. Ces bénévoles sont habilités à "la désinfection des lits, tout ce qui est hygiène et asepsie, le transfert de malade d'un service à l'autre, la mise à disposition du matériel... tout ce qui est en amont du purement médical", liste Bettina Malet, directrice générale de la Protection civile du Loiret.

Quant aux solutions apportées aux manques chroniques d'effectifs et à l'épuisement des soignants, le directeur, Olivier Boyer promet l'ouverture d'un secteur "d'où les patients pourront monter directement aux urgences" après avoir vu un médecin urgentiste. Histoire d'éviter une accumulation des brancards dans les couloirs.

Le directeur le sait : cette initiative est transitoire, en attendant que de nouvelles infirmières regonflent les rangs de l'hôpital. Ces dernières pourraient arriver sur le terrain d'ici trois ans, la région ayant décidé d'augmenter les quotas de formation d'infirmiers sur le territoire. Une nouvelle réunion doit réunir la direction, des médecins hospitaliers et l'ARS ce mercredi soir. 

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