Les pluies du mois de mars ont fait du bien aux sols et aux nappes françaises, dont les niveaux restent pourtant anormalement bas. Une situation qui n'augure rien de bon, alors que la saison de remplissage touche à sa fin.
Il est euphémique de dire que la sécheresse de l'été 2022 a échaudé les esprits, jusqu'à ceux des rares optimistes quant à l'avenir du climat. D'autant que la situation, en ce mois de mars 2023, est déjà plus qu'alarmante. Pour se préparer à de nouveaux épisodes de manque, Emmanuel Macron a présenté un "plan de sobriété" sur l'eau ce jeudi 30 mars.
En déplacement dans les Alpes, le président de la République a notamment annoncé un objectif de 10% de réutilisation des eaux usées d'ici 2030, ainsi qu'une enveloppe annuelle de 180 millions d'euros destinée à lutter contre les fuites d'eau les plus importantes.
Car, en moyenne, le système d'information des services publics d'eau et d'assainissement, environ 20% de l'eau potable est perdue dans les canalisations pour des causes diverses, que ce soit un terrain accidenté ou un manque d'entretien.
180 millions d'euros contre les fuites d'eau
L'Élysée a ainsi identifié 170 collectivités où plus de la moitié de l'eau envoyée dans le réseau de distribution est perdue, et qui toucheront une part de ces millions.
Plusieurs se trouvent en Centre-Val de Loire, à savoir les communes de Veaugues (Cher), Neuvy-Saint-Sépulchre (Indre) et Veilleins (Loir-et-Cher). Sont également concernées en Eure-et-Loir les communes de Fruncé et Anet, ainsi que la Communauté de communes du Bonnevalais, d'après la liste des collectivités fournies par l'Élysée à Franceinfo.
Ces milliers de litres d'eau à économiser pourraient faire défaut si un nouvel épisode sec revient sur la France cet été. Avec à la clé de possibles restrictions d'eau.
Un niveau inférieur à la moyenne dans neuf cas sur dix
Cette hypothèse est d'ailleurs très loin d'être fantaisiste. Après un hiver exceptionnellement sec, les données transmises par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), basé à Orléans, restent peu reluisantes. Ainsi, en Centre-Val de Loire, dans près de neuf points de relevé sur dix, le niveau des nappes phréatiques est inférieur à la moyenne entre 2018 et 2022 à la même date.
Pire : dans un tiers de ces points de mesure, le niveau est même qualifié de "très bas".
Pourtant, le mois de mars a assuré une pluviométrie proche de la normale sur le Centre-Val de Loire d'après Météo France, qui constate un bon niveau d'humidité des sols sur toute la région, à l'exception du Cher. Une bonne nouvelle pour Marie Servière, hydrogéologue au BRGM, car "quand la pluie tombe, l'eau s'infiltre beaucoup mieux dans un sol déjà humide". À l'inverse, sur un sol sec, l'eau ruisselle.
Déjà des restrictions d'eau
Mais si l'indice d'humidité des sols (qui concerne surtout les sols de surface) est important, pourquoi les nappes ne se rechargent-elles pas ? En réalité, même si les nappes sont très basses, leur niveau "est en augmentation par rapport à février dans environ 50% des cas" en Centre-Val de Loire, assure la scientifique. 30% sont en stagnation, et seuls les 20% restants enregistrent une baisse.
Seulement, la période traditionnelle de recharge des nappes phréatiques "prend fin vers la fin mars, début avril", constate Marie Servière. Finies les grosses pluies salvatrices donc, et il faudra donc certainement attaquer l'été avec un déficit hydrique déjà bien acté au niveau des nappes. La scientifique précise cependant que l'eau des sols de surface peut mettre du temps pour atteindre les nappes. Alors même sans pluie nouvelle, le niveau des nappes de la région pourrait encore augmenter grâce aux pluies des derniers jours.
Carte des arrêtés préfectoraux de restriction d'eau au 31 mars 2023 :
À la date du 31 mars, les départements d'Indre-et-Loire et de Loir-et-Cher avaient déjà diffusé des informations à destinations de la population pour encourager des économies d'eau, plaçant leur territoire en vigilance. Des restrictions de consommation de l'eau ont déjà été décidées localement en France, comme dans l'Oise et sur une très grande partie des Pyrénées-Orientales.