Le chef du service des maladies infectieuses et tropicales au centre hospitalier régional d'Orléans juge nécessaire l'étalement dans le temps de l'épidémie. D'une part pour limiter la surcharge des hôpitaux, et pour permettre à la recherche de gagner du temps.
Le confinement ? C'est une bonne idée pour Thierry Prazuck, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au centre hospitalier régional d'Orléans. Alors qu'Emmanuel Macron doit prendre la parole à 20h, le médecin dit estimer nécessaire de prendre des mesures drastiques pour limiter la propagation du coronavirus dans le pays.
"La population n'est pas du tout immunisée, avance-t-il. Donc si on continue comme ça, on peut avoir 10 millions de cas en quelques semaines, et on sera en totale incapacité de prendre en charge tous les patients en réanimation."
Point positif pour la région malgré tout, "on se prépare à un afflux parce qu'on a eu la chance, en Centre-Val de Loire, d'arriver plus tard que les autres dans l'épidémie, explique-t-il. On a l'expérience du reste de la France, dont certains hôpitaux ont été rapidement débordés."
"L'épidémie avance vite, mais la recherche aussi avance vite"
La seule solution pour ne pas surcharger les services d'urgence : "Etaler l'épidémie dans le temps". Ce que le confinement devrait permettre, sinon aider, à réaliser selon le corps médical.
Thierry Prazuck se veut malgré tout rassurant sur ce que devrait être le confinement : "Il faudra aller faire les courses, prendre l'air. C'est plus difficile quand on habite dans un HLM que quand on habite dans un pavillon mais il faut bien aérer les lieux. Même si vous vous promenez un peu, il n'y a pas de danger pour les autres si vous rester à distance."
Et même si le coronavirus est plus contagieux que la grippe, avec une moyenne de deux à trois contaminés par personne, il l'est bien moins "que la rougeole ou la varicelle, où le rapport est de 6 voire 12".
Enfin, l'étalement de l'épidémie pourrait permettre de gagner du temps pendant que des traitements, et même dans plusieurs mois un vaccin, voient le jour. "La recherche avance vite, rassure Thierry Prazuck. Demain seront présentés les premiers résultats d'un essai clinique à Marseille d'un médicament très prometteur."