Coupe du Monde 2022 : pour ou contre le boycott du "mondial de la honte" ?

Boycottera, boycottera pas la Coupe du monde 2022 au Qatar ? Parmi les passionnés et les professionnels du sport, difficile de s'accorder sur ce Mondial controversé, qui débute ce 20 novembre.

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Attribuée en 2010 par la FIFA, la Coupe du monde de football au Qatar ne cesse de faire polémique. En cause, des conditions d'attribution controversées, des atteintes aux droits humains et de nombreux morts sur les chantiers des stades à ciel ouvert.

"Ça fait dix ans que la Coupe du monde est attribuée, dix ans qu'on ne dit rien"

Face à ces nombreuses critiques, boycott ou pas boycott ? Antonio Teixeira, le président de la ligue Centre-Val de Loire de football ne compte pas boycotter cette Coupe du monde au Qatar : "comme tout footballeur, je vais la regarder, regarder notre Équipe de France et certains matchs qui m'intéresseront".

Il insiste sur l'importance de détacher l'aspect politique et sportif : "ça fait 10 ans que la Coupe du Monde est attribuée, 10 ans que l'on ne dit rien" avant d'ajouter "on attend trois mois avant que la Coupe du Monde arrive pour que tout le monde se réveille et critique"

Un organisateur habitué des grandes compétitions internationales

Le grand public l'a peut-être oublié mais le Qatar a organisé quelques compétitions sportives majeures ces dernières années. Le championnat du monde de handball en 2015 où l'Equipe de France de Nikola Karabatic avait été titrée, les championnats du monde d'athlétisme en 2019 ou encore un grand prix de Formule 1 en 2021. 

D'ailleurs comme le fait remarquer Antonio Teixeira, le titre des handballeurs français n'avait pas fait scandale à l'époque. "Est ce que l'on a critiqué leur titre? Est ce que l'on a dit que les joueurs ne devaient pas se rendre au Qatar ?", interroge-t-il. " On profite du football pour mettre un tas de choses en avant, c'est surtout le football qui fait émerger ces nombreux débats." 

"Ce n'est plus un mondial, c'est Squid Game"

Pour Arnaud Ziomek, le président des Drouguis, un groupe de supporters de l'US Orléans, les derniers jours avant la Coupe du monde sont passés dans une ambiance morose. "D'un point de vue supporter, j'ai du mal à m'enthousiasmer autour de ce mondial, je ne réalise pas que ça commence dimanche".

En particulier, les propos du président de la Fédération française de football (FFF) au sujet des conditions de vie " pas insolubles" des travailleurs migrants dans les chantiers du Qatar ont choqué le supporter orléanais.

Dans un numéro de Complément d'Enquête, le président de la FFF ne s'est guère montré ému devant le sort du personnel de sécurité de l'hôtel où il a lui-même été accueilli, et où réside l'équipe de France, l'hôtel cinq étoiles Al-Messila.

Ces propos ne sont pas à la hauteur du drame humain qu'est ce mondial, des 6500 morts sur les chantiers. Ce n'est plus un Mondial, c'est Squid Game

Arnaud Ziomek, président d'un groupe de supporters d'Orléans

Mais, dans le même temps, l'appel au boycott "est trop tardif", estime Arnaud Ziomek . "S'il y avait eu un boycott il y a six mois ou an, j'y aurais participé. D'ailleurs, quelques personnes de l'association ne regarderont pas du tout la Coupe du monde".

Boycotter, à quoi ça sert ? 

Alain Schoeny, enseignant-chercheur à l'université d'Orléans observe que le point de vue de la société sur le boycott a évolué. "Jusqu'à présent, c'était des équipes, sportifs qui boycottaient les évènements", note-t-il, avant d'ajouter "le mouvement de contestation vient de la société civile, des regroupements d'opinion posent la question, interrogent les politiques, les institutions sportives sur ce type de choix", en parlant du choix de la FIFA d'organiser cette Coupe du Monde au Qatar. "Se poser ces questions est signe d'une bonne santé pour les sociétés et c'est assez récent." 

Quant à l'efficacité d'un boycott, Antonio Teixeira a de sérieux doutes. "Ça va changer quoi ? l'Equipe de France sera regardée et les équipes préférées de chacun aussi. Il n'y aura pas de boycott dans les foyers."

Pas d'écrans géants dans les villes, une bonne excuse face à l'inflation

Il rebondit aussi sur les villes ayant annoncé ne pas installer d'écran géant pour suivre les performances de l'équipe nationale. "Je demande à voir, j'attends que notre équipe de France arrive en quart ou en demi-finale et de voir si ces villes là changeront d'avis ou non", lance le président de la Ligue du Centre. 

La décision, soulève-t-il, a d'ailleurs pu être influencée par la crise de l'énergie. "Peut-être que financièrement ça arrange, peut-être que les villes sont plus attentives à leurs dépenses, c'est peut-être une bonne excuse. Je suis assez attentif, j'espère ne pas me tromper, que l'Equipe de France fasse une bonne campagne et que des fans zones se fassent dans les villes"

En première ligne, c'est aussi aux joueurs français eux-même d'élever leurs voix selon Arnaud Ziomek. "Le foot reste un sport populaire avec des joueurs venant de milieux populaires pour la plupart. Maintenant, on ne peut compter que sur eux pour apporter une voix discordante."

"On ne comprendrait pas que les joueurs boycottent alors que les politiques ne le boycottent pas non plus."

Antonio Teixeira

Au contraire, Antonio Teixeira ne voit pas pourquoi ce serait aux Mbappé, Benzema ou Varane de boycotter. "Ils travaillent toute une saison pour aller au mondial et défendre leur titre. Il ne faut pas tout mélanger".

Un mouvement de contestation difficile à mettre en place 

Néanmoins, Alain Schoeny tempère. L'universitaire explique que ce n'est pas aux joueurs non plus d'endosser cette responsabilité. "Faire porter ce fardeau là aux joueurs pour leur demander de s'exprimer, ce n'est pas leur rôle." Le boycott, un mouvement difficile à mettre en place selon l'enseignant-chercheur. "C'est un mouvement de fond qui interpelle, mobilise mais où l'on voit aussi la difficulté à opérationnaliser tout ça, c'est difficile à mettre en place". 

Enfin, est-ce que les Français vont regarder la Coupe du Monde ? Arnaud Ziomek a un avis bien tranché sur la question. "Les gens n'éteindront pas leur télé parce que le match se joue au Qatar. Il y a eu le mondial en Russie, les gens ont regardé", observe t-il. "Les résultats de l'Équipe de France ne feront pas oublier les drames humains survenus au Qatar." 

Cette Coupe du monde au Qatar, la première de l'histoire en plein automne et dans le monde arabe, débute ce dimanche 20 novembre avec Qatar-Équateur à 17h00. L'Équipe de France entrera en lice face à l'Australie le mardi 22 novembre à 20h00. 

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