Avec la reprise épidémique, les urgences de l'hôpital d'Orléans ont la tête sous l'eau. Les patients Covid, de plus en plus nombreux, viennent empirer une situation de crise qui dure depuis des mois. Le plan blanc y a été activé pour répondre à l'urgence, mais les solutions pérennes tardent à montrer leurs effets.
Le pic épidémique aurait-il été atteint en Centre-Val de Loire ? Selon le dernier bulletin de l'agence régionale de santé, le taux d'incidence est en baisse dans la région, passant de 578 à 531 cas pour 100 000 habitants entre le 10 et le 17 novembre. Une potentielle bonne nouvelle pour les urgences du centre hospitalier régional d'Orléans (CHRO), où le plan blanc a été déclenché par la direction ce lundi 19 décembre.
Une réponse d'urgence à une situation critique : "On a de plus en plus de patients Covid, et il nous manque toujours des lits pour assurer le fonctionnement habituel du service", explique Alice*, infirmière aux urgences du CHRO. Car, depuis au moins le mois de mars, le service est au bord de l'effondrement.
Entre manque de personnels, manque de lits, et difficulté à faire monter les patients dans les étages de l'hôpital. Résultat : l'accueil des urgences n'accepte pas d'arrivée directe et demande aux patients de passer par un appel au 15, les soignants alignent les arrêts de travail pour épuisement, et les personnels ont déposé pas moins de huit droits de retrait cette année. Le dernier datant d'à peine une semaine.
Renforts exceptionnels
Dans de telles conditions, le Covid vient faire déborder un vase déjà plein à ras bord. "Il y avait déjà 105 patients entre les boxes et la salle d'attente quand j'ai pris mon service aujourd'hui", raconte une infirmière, dans un service qui n'a une capacité habituelle que de 45.
Avec le plan blanc, 12 places de plus y ont été débloquées, grâce à "des personnels en plus venus des autres services", et "une pression mise pour hospitaliser les patients plus vite après leur venue aux urgences", détaille Alice*.
De plus, les secteurs du service ont été réorganisés. Des patients "qui viennent pour des douleurs thoraciques par exemple" sont réorientés vers le circuit court -dédié normalement à la traumatologie, mais fermé depuis quelques temps. La place libérée est entièrement dédiée aux patients Covid, placés à l'isolement.
Une solution d'urgence, donc, mais pas une solution miracle. "Ceux qu'on envoie sur le circuit court, on n'a pas le temps de les surveiller", regrette Alice*. Pour faire face à la crise sur le long terme, le CHRO a notamment "mis en œuvre l'ensemble des dispositions du rapport Borne", expliquait le 17 août le directeur adjoint de l'hôpital Jean-Robert Chevallier. En l'occurence, la mission flash du début d'été qui recommandait notamment le retour de médecins retraités. Des solutions qui ont aidé l'hôpital orléanais, mais n'ont "pas révolutionné" l'organisation des services. Car l'hôpital reste dans une incapacité chronique à recruter.
* Le nom marqué d'un astérisque a été modifié pour préserver l'anonymat