Suite au passage en état d'urgence sanitaire national, le préfet a annoncé la fermeture des bars à 22 heures dans la métropole d'Orléans dès le lundi 19 octobre, et pas de distribution d'alcool dans les restaurants après 22 heures. Les gérants de bars et restaurants sont inquiets et en colère.
Dès l’annonce des nouvelles mesures prises par la préfecture pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, les professionnels de l’hôtellerie du Loiret et de l’orléanais, pancartes et banderoles sous le bras, se sont rendus place du Martroi à Orléans ce vendredi 16 octobre "pour mobiliser les pouvoirs publics, pour qu’ils se rendent compte de la catastrophe économique que l’on vit et fassent le maximum pour nous aider", explique Thierry Deraime, président de l’UMIH 45 (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie).
Ce gérant de trois établissements à Orléans, un bar de nuit et deux restaurants, mesure les conséquences que ces nouvelles restrictions sanitaires vont avoir sur son activité dès lundi. Depuis le 15 août et le départ des touristes, il déplore une baisse continue de son chiffre-d’affaires pour atteindre - 30% en moyenne au mois de septembre : "Le télétravail joue sans doute, la baisse le midi est très marquée depuis la rentrée", détaille-t-il.
C’est comme toujours, on n’arrive pas vraiment à comprendre pourquoi on stigmatise notre profession dans la mesure où on applique des protocoles sanitaires stricts.
Son bar le Moog, fait la majorité de son chiffre-d’affaires entre 22h et 3h du matin, soit pile à l’heure où la préfecture lui demande désormais de fermer son établissement : "Ca va entrainer la mise au chômage partiel de plusieurs personnes. On a un effectif de 9 personnes ici, plus un dj qui est déjà en chômage partiel puisqu’on ne peut plus faire danser les gens, et un animateur karaoké. Et j’ai deux portiers aussi qui ne pourront plus travailler puisqu’ils commençaient à 22h", déplore le gérant.
Ses deux restaurants, la Cantine et le Barok, ne sont pas épargnés : "Après 22h, on ne peut plus servir d’alcool donc je pense que beaucoup de clients ne voudront pas venir au restaurant sans pouvoir boire de vin". Thierry Deraime et les professionnels de l’hôtellerie ne peuvent désormais qu’inviter leurs clients à modifier leurs habitudes "en se rendant plus tôt dans nos établissements s’ils veulent pouvoir passer un bon moment et essayer de nous faire travailler de 17h à 22h".
Tables de 6 et inscription sur un registre : les clients "ne viennent pas au restaurant pour qu'on les flique".
Sur le Loiret, 1500 établissements devront également respecter la règle des 6. Pas plus de 6 personnes à table, un mètre de distance entre chaque tablée. Pour Sandrine Ferrand, présidente de l’UMIH du Centre-Val de Loire, ce sont les contraintes de trop : "Les 6 par table nous pénalisent clairement. On avait déjà pris des réservations et maintenant on doit rappeler les clients pour leur dire qu’ils doivent s’organiser pour être 6 par table". Même constat pour Thierry Deraime qui enregistre déjà plusieurs annulations : "Les gens qui viennent en groupe veulent manger ensemble, c’est aussi simple que ça."Il faut encore une fois se plier à ce qu’on nous demande de faire donc on va le faire mais clairement, la profession est toujours le bouc-émissaire, on est toujours la variable d’ajustement de cette crise sanitaire et à terme, les dégâts collatéraux.
Dès lundi, les restaurateurs devront également tenir un registre afin de permettre aux autorités sanitaires de tracer la clientèle en cas de Covid-19 : "Pour moi très sincèrement aujourd’hui, ça va limiter les sorties", redoute Sabine Ferrand. "Ce sont des contraintes en plus et je ne suis pas convaincue que ce carnet de rappel soit la solution car les gens en ont marre. Ils ne viennent pas au restaurant pour qu’on les flique". Thierry Deraime n’est pas aussi catégorique. Pour lui cette mesure peut effectivement dissuader certaines personnes de se rendre au restaurant, mais elle peut aussi être facilement contournée et donc devenir inefficace : "On aura des registres avec des faux noms ou des faux numéros car les gens ne voudront pas laisser leurs coordonnées", explique-t-il.
L’UMIH 45 cherche actuellement des solutions et son président n’exclue pas un recours juridique : "A Toulouse ils ont gagné en référé pour rouvrir. Forcément, cette décision va faire boule de neige (…) On aime notre métier et on veut préserver l’emploi de nos collaborateurs. On restera donc mobilisés."