Alors que le recrutement de soignants est à la peine, le CHR d'Orléans a misé sur une campagne d'affichage dans le métro parisien en deux actes pour moderniser l'image de l'hôpital et booster son attractivité. Les syndicats sont sceptiques sur les solutions proposées pour pallier le manque de personnel.
"Pour un plateau technique de pointe", "pour un hôpital entièrement neuf", "pour oser la belle vie", "dans un cadre d'exception" ... "rejoignez-nous". Le centre hospitalier régional d'Orléans déploie ses meilleurs atouts dans les couloirs du métro parisien. Le message est clair : quittez la grisaille parisienne pour un hôpital de province à moins d'une heure!
Alors que l'hôpital orléanais peine à recruter, la cellule de communication a construit une campagne en deux temps pour aller chercher le personnel parisien "en quête d’une nouvelle vie post crise sanitaire Covid", explique le CHRO. En mars, les trois affiches louent la modernité de l'hôpital et sa proximité avec la capitale.
Durant les deux semaines de campagne fin mai, les affiches du CHRO promeuvent la transformation du centre régional (CHR) en centre universitaire (CHU) et vantent les plaisirs de la vie orléanaise. Sur toutes les affiches, un QR code permettait de se connecter directement sur le site de recrutement de l'hôpital.
La campagne de communication a coûté 18 000 euros
Alors que le budget des hôpitaux publics en France font la moue, le coût de ces campagnes de publicité ont interrogé les syndicats. La première campagne a coûté 8 000 euros et la deuxième 10 000 euros toutes taxes comprises, selon la direction de l'hôpital qui précise que ce prix correspond à l'impression des affiches, aux emplacements et à l'affichage par Média transport "qui a consenti des remises importantes". La conception, elle, a été réalisée intégralement en interne.
"Je ne vois pas quels bienfaits a eu cette campagne, ça ne va pas mieux à l'hôpital"
Dorine Lemasson, CGT CHRO
Outre le montant dévolu à cette publicité, Dorine Lemasson, déléguée CGT au CHRO, s'interroge sur la pertinence et se demande où sont les résultats. "Cela fait des mois qu'il manque une centaine d'infirmières au CHR. Je ne vois pas quels bienfaits a eu cette campagne, ça ne va pas mieux à l'hôpital."
Il est encore trop tôt pour connaître les résultats statistiques de la dernière campagne, qui a pris fin il y a tout juste 3 jours, le 31 mai. La direction de l'hôpital tient à nuancer le discours et rappeler que c'était avant tout une "campagne d’image et de notoriété". "Malgré les 8 millions de vues potentielles offertes par les emplacements dans le métro, nous ne nous attendons pas, compte tenu du contexte difficile des recrutements soignants sur le plan national, à des recrutements massifs générés par ces deux campagnes".
Pour recruter, la solution devra passer par une revalorisation de salaire, selon les syndicats
Grégory Quiney, délégué syndical Sud du CHRO, reste sceptique sur l'utilisation de campagnes d'affichage pour recruter du personnel. Pour lui, l'hôpital public ne trouvera pas plus de candidats s'il ne revalorise pas les salaires. "Nous sommes le 26e pays de l'Union européenne en terme de salaires pour les soignants, c'est un scandale." Selon lui, les demandes de départs continuent à affluer, tandis que les volontaires pour reprendre le flambeau ne se pressent pas au portillon.
Le représentant syndical Sud fustige également une des propositions de l'ARS pour rendre les espaces médicaux de la région attractifs : une prime de 3 000 euros pour les nouvelles aides-soignantes et de 5 000 euros pour les nouvelles infirmières, répartis sur la première année qu'ils s'engagent à faire. Pour l'ARS, qui prend en charge la moitié de cette prime (les établissements s'occupent du reste), il s'agit de renforcer l'attractivité et de capter les nouveaux diplômés de l'été des instituts de formation.
Une prime qui divise
Si, avec cette prime, l'ARS entend "épauler et soulager" le personnel soignant, notamment pour l'été qui s'annonce chaud, Grégory Quiney, du syndicat Sud craint une inégalité entre soignants. "Cette proposition va creuser davantage le fossé entre les nouveaux et les anciens, assure le représentant syndical. Bien sûr, on a besoin de recruter des nouveaux, mais comment justifier cette différence auprès de celles et ceux qui restent et tentent de faire survivre le navire depuis des années ?"