A Orléans, Jocelene proteste contre l’interdiction faite aux esthéticiennes de pratiquer des épilations alors que les barbiers, sont eux, autorisés à tailler les barbes. Une discrimination parfaitement sexiste selon elle, et qui porte préjudice aux femmes.
Dans son petit institut, rue du Poirier Rond, à l’écart du centre-ville d’Orléans, Jocelene ne décolère pas.
Depuis le début de ce reconfinement qui peine à dire son nom, elle a l’interdiction d’exercer et donc de réaliser les épilations qui représentent 60 pour cent de son chiffre d’affaires, loin devant les soins du visage et les manucures. Dans le même temps, coiffeurs et surtout barbiers ont eu le droit de continuer à s’occuper de nos cheveux et autres poils…
Je respectais toutes les consignes depuis le début : gestes barrières, masques et désinfection des mains et du matériel. Les clients des barbiers, eux, retirent leur masque pour se faire raser !
C’est sexiste ! Alors, pour protester et faire entendre sa voix, Jocelene a décoré sa vitrine d’affiches qui expriment son désaccord.
"Respect des préconisations, à nouveau la punition" peut-on lire et plus récemment, "les hommes peuvent aller chez le barbier, les femmes ne peuvent pas se faire épiler."
C’est Charlie, 12 ans, le petit-fils de Jocelene, qui a donné à sa grand-mère une autre raison d’être mécontente.
C’est sexiste, mamie !
Le poil masculin aurait droit à toutes les attentions, mais pas le féminin… Selon Jocelene, encore un cas de figure où les femmes sont "déconsidérées".
"Pour une brune, c’est un véritable handicap. Et si elle se rase ou se met de la mousse dépilatoire, elle renforce le poil et aggrave le problème. On ne prend pas le bien être des femmes en considération".
Pourtant Jocelene récuse le terme de "féministe".
Moi, j’aime l’équité, je ne suis pas une révolutionnaire. Nous avons tous nos essentiels, nos besoins peuvent être communs, mais aussi différents.
N’empêche, après 40 ans de métier dans ce quartier Saint-Vincent d’où elle n’a jamais bougé, Jocelene revendique le droit à la parole. Plus qu’une esthéticienne de quartier, elle est devenue au fil du temps une oreille attentive au malheur des autres, aux petites histoires qui tissent le quotidien et embellissent aussi la vie. Elle partage la vie de ses clientes qui depuis 40 ans sont devenues pour certaines ses amies. Alors, les voisins déposent des petits mots dans la boite aux lettres pour exprimer leur soutien. Et çà fait chaud au cœur.
"Et j’ai aussi plein de jeunes qui viennent après avoir lu les avis sur Google". Car Jocelene ne fait pas de publicité, n’est pas présente sur les réseaux sociaux. La qualité des relations qu’elle entretient avec ses clientes l’a amené à différer son départ en retraite. A 67 ans, elle travaille toujours.
Elle commencé a remboursé le prêt de 5000 euros garanti par l’Etat et contracté en novembre.
"Mais la crise, çà enlève du lien social". Jocelene se console avec le click and collect qui ne représente que 10% de son chiffre d’affaires.