"Les étudiants disent tant", un projet photo pour rappeler la nécessité du présentiel, par une Orléanaise

Alexiane Carré, étudiante en lettres à Orléans présentait ce mercredi 17 janvier un projet photographique sur la situation des étudiants pendant la crise sanitaire. 

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Distance. Le mot n’a jamais aussi bien décrit la relation entre les étudiants et leurs enseignants en France. 

Depuis presque un an, beaucoup de ces jeunes poursuivent leurs études en distanciel. Certains n’ont connu que les appels sur Zoom et les murs de leurs chambres en guise d’expérience de la vie étudiante. Pas étonnant alors que ce thème soit retenu par le CROUS pour un concours de photo en 2021.

Parmi les concurrents, Alexiane Carre, étudiante de 22 ans au MEEF d’Orléans, fait déjà parler d’elle. Parce que plutôt qu’un seul cliché a présenter, Alexiane Carré s’est lancée dans une série de photos. Un geste "plus pertinent et percutant" selon l’étudiante. Ce mercredi 17 février, elle ne se présente pas simplement à un concours, elle rend public son projet, réalisé avec l'aide de ses camarades et l'appui de ses professeurs. Ces photos alertent sur la situation des étudiants et sur le lien social essentiel qui a disparu dans les amphithéatres. "Être étudiant(e) en 2021 cela signifie être soumis(e) à une solitude constante. Et c'est ce constat qui m'a inspiré", explique-t-elle sur Twitter.

L’objet est figé, mais le temps passe sur ses photos. Alexiane s’amuse avec le mouvement. L’amphi, déjà désert, se vide encore. Les étudiants sont des fantômes. Peut-être autant que les mesures qui les concernent pendant cette crise. 

Sur cette autre, on comprend alors qu’une étudiante écrit, mange, lit, bref, passe sa journée assise à son bureau dans une chambre étudiante. 

 

"Être étudiante en 2021, cela signifie se lever dans un appartement, aussi modeste soit-il, se préparer brièvement et passer l’entièreté de sa journée devant un écran d’ordinateur, seul(e), sans avoir la possibilité d'entretenir un quelconque lien social."

Alexiane Carré

Quand il s’agit de nommer son projet, l’étudiante en lettres joue avec les mots : "Les étudiants en disent tant". Surtout par leur comportement. Pensées suicidaires, abandon des études, précarité alimentaire, ils sont nombreux à avouer encourir ces peines. Alors ça aussi, la jeune photographe le met en lumière. Le cliché est plus simple - enseignants et étudiants tiennent, dans les couloirs de l'université, une feuille blanche, chacun porte un message différent, en noir et blanc -. C’est le message qui est le plus important. 

 

 

"'380 étudiants étaient présents lors d’une distribution alimentaire', c’est un chiffre choquant" commente Alexiane Carré. Si le projet est d’installer une exposition au sein de l'Université d'Orléans et sur Internet, l’ambition principale est que les photos soient comprises, explique-t-elle. Pour elle, ses camarades et ses professeurs, le retour du présentiel est nécessaire. 

 

“Il est urgent de reconsidérer la situation des étudiants. Ils se sentent délaissés, on a l’impression de ne pas être pris en considération. D’autre part, il s’agit de lutter contre la précarité étudiante. Il va falloir agir assez rapidement parce que je pense que cela peut avoir des conséquences assez dramatiques."

Alexiane Carré

Elle-même touchée, elle se dit pourtant chanceuse. "J'ai été bien entourée". La situation des étudiants de 1re année l’attriste plus. Ceux-là n’ont pas eu le temps de se faire un cercle au sein de leur promo. "Si j’avais été dans ce cas-là, j’aurais arrêté mes études". 

 

Hommage au retour en présentiel


Son nom sera bien inscrit dans les listes de candidats au concours d’enseignement du français. Alexiane souhaite devenir professeure de français. Et déjà, elle se met à leur place dans cette situation de crise. "Si on se dirige vers la voie de l’enseignement, c’est avant tout pour avoir un métier qui fait sens, un métier où on a des échanges en fait. Enseigner sans présentiel, c’est difficile. Il y a tout un langage non-verbal qui ne ressort pas derrière un ordinateur."

"C’est un hommage au retour en présentiel", explique Laélia Véron, enseignante et directrice de master, qui l'a tout de suite encouragé à poursuivre son projet. Grâce à l‘engagement des professeurs pour un retour en présentiel, les étudiants de MEEF ont pu se retrouver ensemble en cours, au moins deux fois par semaine. "C’est en se retrouvant en cours qu’on a pu discuter de ça et qu’elle a pu avoir envie d'élaborer ce projet. C’est important pour tout le monde d’essayer de sortir de ce marasme."

Elle insiste : "mon rôle, c’est de la préparer au concours, mais aussi de suivre en général mes étudiants et étudiantes, s’assurer qu’ils aillent bien. Surtout en ces temps-ci". La directrice de master lui a donc tout de suite montré son soutien et n’a pas caché son enthousiasme sur Twitter.

Même si c’est elle qui signe les photos, Alexiane assure que le projet est collectif, pensé à plusieurs. C'est ce qui lui a permis de créer un lien avec ses camarades et ses professeurs. "C'est important, ça a permis de rétablir le dialogue". Elle ajoute, "A Orléans, ils se sont d'autant plus battu pour que nous puissions reprendre les cours en présentiel". La jeune photographe a également pu bénéficier de l'aide d'un comerçant orléanais, Images Photo Orléans, qui lui a prêté gratuitement du matériel. "Le projet leur plaisait mais c'est surtout car j'avais écrit un beau courrier, sans fautes d'orthographe" confie l'étudiante en lettres. 

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