Fac de médecine à Orléans : des réactions entre doutes et soulagements

Étudiants et internes en médecine gardent des réserves suite à l'annonce tonitruante d'un "pôle de formation universitaire" de médecins à Orléans. Au-delà des effets d'annonce, ils espèrent de vrais engagements des politiques.

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Le Centre hospitalier régional d'Orléans sera bientôt un centre hospitalier universitaire. C'est ce qu'a annoncé François Bonneau, le président de la région Centre-Val de Loire, ce 22 février, après une réunion entre des élus régionaux et le gouvernement. A terme, 500 médecins seraient formés chaque année dans la région, contre les 300 prévus pour 2022.

Pour les premiers concernés, les étudiants déjà formés à la fac de Tours, c'est une bonne nouvelle, en particulier ceux qui viennent du nord ou de l'est de la région et se retrouveront moins loin de leur famille. Pour autant, loin de se laisser bercer par l'effet d'annonce, ils attendent des engagements concrets des responsables politiques.

"Si c'est pour qu'ils soient mal formés, ça ne présente aucun intérêt !"

William, externe en 5e année de médecine, attend en particulier que "les modalités soient plus précises et qu'elles permettent de conserver la qualité de l'enseignement à Tours. Si c'est pour former 200 médecins de plus mais qu'ils sont mal formés parce qu'on n'a pas de places en stage, ça ne présente aucun intérêt !"

De fait, il ne suffit pas de poser 200 chaises dans une salle vide pour en faire une fac de médecine, comme le rappelle le docteur Stéphane Bathellier, praticien hospitalier du SAMU au CHRO et représentant du collectif 200 médecins. La décision du Premier ministre est "courageuse" et "on va la suivre avec attention", avance-t-il. "Plein de gens sont déçus de la politique, mais voir des politiques s'emparer d'un mouvement citoyen et le porter en faisant front commun, je trouve ça beau !"

Pour autant, il ne cache pas une certaine inquiétude. "Ça reste un problème de moyens", raisonne-t-il. Et au-delà des promesses, il faudra que les pouvoirs publics s'engagent sur de réels investissements dans l'immédiat.

Nous, on considère que c'est une chance pour le CHRO et on reste campés sur notre demande de 200 médecins supplémentaires tout de suite. Toute solution moindre ne serait pas à la hauteur de la situation actuelle.

Stéphane Bathellier, responsable du SAMU d'Orléans

"Il faut le faire tout de suite, parce qu'on va descendre beaucoup plus bas" en terme de démographie médicale, poursuit le médecin, rappelant que "30% des médecins actuels seront partis en retraite d'ici cinq ans. C'est important de ne pas rater le coche dès maintenant !"

Même satisfaction et même inquiétude du côté des internes en médecine, comme l'explique Morgan Caillaut, médecin à Chartres et président du Groupe représentatif autonome en région Centre des internes en médecine générale (GRACE-IMG). Si ces derniers saluent le geste politique, ils craignent de voir l'initiative en rester au stade du coup de communication. "Ce qui est dommage, c'est que dans ces négociations entre politiques aucun syndicat représentatif des étudiants n'ai été consulté par le ministère de l'Enseignement supérieur."

Davantage d'enseignants, plus de logements, plus de transports

Le médecin chartrain cite l'exemple des maîtres de stages, dont le nombre est bien insuffisant à l'heure actuelle pour former 200 étudiants de plus par an. "En 4e année, les externes doivent faire des stages en médecine générale, de trois à six semaines", explique-t-il. Or, "pour l'instant, on n'a déjà pas suffisamment de maîtres de stages universitaires !" De plus, les départements dont dépendrait le futur pôle universitaire, à savoir le Loiret, l'Eure-et-Loir et le Cher, sont déjà les moins bien pourvus. Le risque, au bout du compte, serait de se retrouver avec une offre de formation largement dégradée.

Concernant l'enseignement théorique, à la fac de médecine de Tours on a deux professeurs universitaires pour 300 étudiants. En comparaison, à Paris, on compte 15 professeurs pour 900 étudiants. Et outre les professeurs universitaires il y a encore beaucoup d'autres enseignants, dont il faudra augmenter drastiquement le nombre de postes.

Morgan Caillault, président du GRACE-IMG

Et même si de nouveaux postes étaient créés dans les établissements de santé, il reste encore de nombreuses problématiques, comme celle des transports, des Hébergements territoriaux des étudiants de santé (HTES), là encore déjà insuffisants pour les étudiants actuels, en particulier dans les territoires ruraux.

"C'est toujours le même souci, on aura 200 médecins, mais il faut les former !", lâche Morgan Caillault. Et les former suppose encore une fois d'y mettre des moyens conséquents. Les internes espèrent aussi voir le conseil régional "continuer sur sa bonne lancée" avec l'augmentation du salariat et une meilleure formation à l'installation pour encourager les jeunes médecins à aller travailler en zone sous-dense.

Pour évaluer les coûts et les modalités de mise en place de ce nouveau "pôle de formation" orléanais, une "mission de préfiguration" a été ordonnée par le Premier ministre Jean Castex et devrait rendre ses conclusions le 31 mars. Reste à voir si le projet survivra à l'élection présidentielle d'avril et aux législatives.

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