Faculté de médecine à Orléans : une "décision historique" après une réunion entre le gouvernement et des élus de la région

Une délégation d'élus et de membres de la société civile du Centre-Val de Loire était reçue en fin de matinée ce 22 février par le Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement.

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C'est officiel : un "pôle de formation universitaire" de médecins viendra bien s'installer à Orléans, reste à savoir quand, et dans quelles conditions.

Dans une conférence de presse donnée depuis le véhicule qui le ramenait de Paris ce 22 février, le président de la région Centre-Val de Loire François Bonneau (PS) a annoncé cette "décision historique" prise par le gouvernement en fin de matinée. Une délégation d'élus "de toutes sensibilités" a en effet été reçue par le Premier ministre Jean Castex, le ministre de la Santé Olivier Véran, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal et le ministre des relations avec le Parlement Marc Fesneau.

"Aucune équivoque" sur le constat

Cette réunion a permis dans un premier temps pour les élus du Centre-Val de Loire de "rappeler, avec force, les chiffres qui font de notre région la plus sinistrée sur la présence de médecins généralistes et de médecins hospitaliers", a rapporté le président du conseil régional.

Ces chiffres pointent vers un grave déficit de médecins en Centre-Val de Loire, qui occupe la place de dernière région métropolitaine en termes de densité médicale avec un ratio de "349 médecins pour 100 000 habitants" en moyenne régionale, et qui descend à "270 médecins dans l'Indre". La moyenne nationale est de 453 médecins pour 100 000 habitants. Un diagnostic sur lequel la délégation centraise a fourni un front uni, et sur lequel le premier ministre l'a rejointe "sans aucune équivoque".

François Bonneau a salué à ce titre "la poussée collective, à la hauteur de la situation particulière de la région", de la part des élus de tous bords, qu'il s'agisse des députés Philippe Vigier (UDI), Stéphanie Rist (LREM), du sénateur PS Jean-Pierre Sueur ou encore du maire d'Orléans et président de la Métropole Serge Grouard (LR). "Nous jouons collectif et c'est ce qui nous permet, je crois, d'être complétement entendus."

"C'était impressionnant à voir", abonde le président du Conseil économique, social et environnemental régional (CESER) Éric Chevée, également présent à la réunion, notant l'entente entre "les élus et les représentants de la société civile".

Des réponses avant l'élection présidentielle

Concrètement, le Premier ministre a "pris en compte l'objectif" de former 500 étudiants en médecine par an, un chiffre demandé par une pétition circulant depuis novembre et signée par plus de 15 000 personnes, dont une trentaine d'élus. Actuellement, la fac de médecine de Tours doit en former 300 en 2022.

Pour accomplir cet objectif, il faudra donc "universitariser" le Centre régional hospitalier d'Orléans (CHRO). La seule question en suspens est de savoir s'il faut ouvrir une nouvelle fac de médecine dans la cité johannique, ou une simple "antenne" pilotée par une autre faculté, probablement celle de Tours. Et de savoir quels moyens seront nécessaires pour mettre tout cela en place.

Pour répondre à ces interrogations, une "mission de préfiguration" a été demandée par Jean Castex à l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Son rôle est d'estimer le coût et les modalité de la mise en œuvre de ces objectifs d'ici au 31 mars. "Le Premier ministre a été très clair sur sa volonté d'être en situation d'acter avant la fin de la mandature" et l'élection présidentielle, a indiqué François Bonneau.

Parmi ces moyens il faudra notamment anticiper la création de postes d'enseignants supplémentaires. Le doyen de la fac de médecine de Tours, le professeur Patrice Diot, estime qu'il manque déjà "102 postes" pour encadrer correctement les étudiants. La création, annoncée par Olivier Véran de "200 postes hospitalo-universitaires supplémentaires" à court terme sera, selon François Bonneau, un "premier élément" pour résorber ce manque de moyen.

Quelles pistes à court et moyen terme ?

En revanche, cela peut mettre de dix à quinze ans pour former un médecin, et tous les acteurs s'accordent à dire que la situation actuelle est déjà une urgence grave. A court et moyen terme, le ministre de la Santé a prévu d'autres mesures. Par exemple, la formation "d'infirmiers en pratique avancée" (IPA), dont le rôle est de suppléer en partie au travail des médecins.

Le nombre de places en formation pour ces IPA en Centre-Val de Loire, actuellement à 19, sera porté à 35 à la rentrée 2022 et à 50 en 2023. Quant aux internes en médecine, le nombre de places sera porté de 250 à 300 à la rentrée prochaine, et 350 en 2023.

Le gouvernement a également validé les "expérimentations", notamment sur la facilitation de la Validation des acquis d'expérience (VAE) pour que les aides-soignants puissent devenir infirmiers sans devoir repasser par un cursus de formation trop long.

Quant à la décision de la mairie d'Orléans de mettre en place une antenne de l'université de Zagreb pour former des médecins, le maire Serge Grouard "n'a pas évoqué le fait de renoncer", présentant son projet comme "complémentaire", rapporte le président de région. Le projet du maire d'Orléans, développé sans concertation, a suscité de vives inquiétudes fin janvier, notamment à cause des droits d'inscriptions à l'université de Zagreb, de l'ordre de 12 000 euros par an et par étudiant.

Les conclusions de la réunion seront présentées au conseil régional lors de sa prochaine session plénière, à partir du 24 février.

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