Grand débat national. Alain, retraité à Semoy : "Macron est en train de rendre les retraités malheureux"

Alain a 70 ans et touche comme il dit « une bonne retraite ». Mais lorsque qu’il a perdu l’amour de sa vie d’une longue maladie, il a réalisé que son chagrin, aux yeux de l’Etat, valait à peine 8.24 euros, le montant de sa pension de réversion. Et ça, ça ne passe pas !

"J’ai travaillé toute ma vie depuis l’Age de 14 ans", raconte Alain. Ce retraité de 70 ans a cumulé deux emplois. L’un comme fonctionnaire le matin, l’autre comme chauffeur de bus l’après-midi et parfois même, le soir et la nuit. "J’ai fait ça pendant 25 ans pour mettre comme on dit, du beurre dans les épinards" sourit-il.
 
Alain et son épouse ont tous deux travaillé plus pour gagner plus. Toute une vie de labeur pour améliorer la vie de leurs filles, s’offrir une maison et assurer leur retraite. " J’ai moi personnellement j’estime une bonne retraite. Je ne fais pas partie des plus malheureux, il y a pire que moi. J’ai rencontré des gens qui vraiment n’y arrivent pas et gagnent à peine 900 euros par mois."
  

Diminution de la pension de reversion : "Je gagne trop et ça, ça ne passe pas !"

Mais voilà, il y a deux ans, Alain perd son épouse après une longue maladie. Elle était son premier amour. Elle était toute sa vie. Il demande alors à percevoir une pension de réversion, c'est-à-dire une partie de la retraite à laquelle son épouse avait droit : "Je touche maintenant la pension de réversion de mon épouse qui est passée de 1280 euros à 8,24 euros" s’indigne-t-il.

Alain explique, papiers en main, qu’"au premier février 2017 le plafond était de 1680,53 euros. Moi je dépasse légèrement, et voilà pourquoi je touche ces 8,24 euros". A peine plus de 8 euros par mois, pour Alain c’est comme si on lui disait que la mort de son épouse ne valait rien. Comme si toutes ces années passées à travailler n’était pas reconnues. Pire, d’avoir un peu trop gagné, il se retrouve aujourd’hui pénalisé : "Je paye des impôts. Je paye 90 euros sur mes revenus. En bénéfice de tout cela, je n’ai rien ! On avait tout fait pour bien vire à la retraite, on n’a jamais été au chômage ni l’un ni l’autre,  on n’a jamais profité de la société comme on dit. On a travaillé et travaillé. Et puis arrivé au bout, voilà ! Je gagne trop et ça, ça ne passe pas !"

Alain est un révolté. Il le dit lui-même : l’injustice le met en colère. Et s’il reconnaît que malgré tout il touche une bonne retraire,  il ne peut s’empêcher de s’indigner de la situation des autres : ceux qu’il a rencontrés sur les ronds-points de Cellettes et Saran (Loiret) lorsqu’il a décidé de revêtir son gilet jaune. "Je vis bien par rapport à certains mais je suis comme ça, je n’admets pas qu’il y ait des gens qui crèvent, parce qu’il y en a qui crèvent. Même en travaillant."

Alain nous parle d’un couple de jeunes "lui travaille et gagne le smic, ils n’y arrivent plus (...) et combien de personnes sont aussi dans mon cas ? Il y en a plein ! Ils perdent leur conjoint et se retrouvent avec des pensions de réversion de misère."

Alors Alain n’a "plus confiance" en Emmanuel Macron. "Il est en train de rendre les retraités malheureux. Il est en train de nous affaiblir. Ça ne peut plus continuer comme ça." Explique-t-il. "Je voudrais que ce monsieur arrête de mentir. Il avait dit qu’il ne toucherait pas aux retraites. Je voudrais qu’il arrête de prendre les gens pour des imbéciles parce que c’est comme ça qu’on le perçoit sur les ronds-points. Qu’il soit à l’écoute. Et qu’il ait au moins le courage de faire un référendum de sa politique".
 

Alain a complété les cahiers de doléances, mais il n'y croit pas trop

En plus de se rendre sur les ronds-points, Alain a aussi pris part au Grand Débat National, en déposant ses doléances à la mairie de Semoy. Il y a demandé, entre autres, que le montant des retraites soit indexé sur l’inflation "parce que cela fait trois ans que les retraites sont bloquées", déplore-t-il. 

Mais ce Grand débat, il n’y croit pas vraiment. Alors dit-il, il va "faire comme tout le monde et attendre". Attendre de voir ce qu’il en ressort. Attendre, sans convictions, des réformes et un éventuel référendum.

Ce qui est certain en revanche, c’est que le vote d'Alain pour le prochain scrutin présidentiel est déjà arrêté: "Ce sera contre Macron, contre sa politique. Et puis on verra !".

 
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