“Je suis un lanceur d’alerte” : à Orléans, l’ancien élu Tahar Ben Chaabane lance une procédure contre Serge Grouard

L’ancien élu et candidat centriste Tahar Ben Chaabane a signalé auprès du procureur de la République d'Orléans et de la Commission nationale des comptes de campagne l'affaire des masques distribués par Serge Grouard et son équipe pendant l'entre-deux tours.

“J’estime que ceux qui aspirent à des fonctions électives doivent être exemplaires.” Tahar Ben Chaabane est en colère. L’ancien élu et candidat centriste aux élections municipales d’Orléans a signalé au parquet d’Orléans et à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) l’affaire des masques distribués par le candidat Serge Grouard dans l’entre-deux tours. Une information révélée par nos confrères de Magcentre le 1er juillet.

L'affaire des masques avait fait beaucoup de bruit avant le second tour des municipales du 28 juin. Serge Grouard, alors candidat LR, s'était procuré un stock de 80 000 masques chirurgicaux grâce à des dons d’entreprises via l'Association des maires du Loiret (AML).
 

Doutes sur le financement de la campagne

C'est la régularité du financement de l’opération qui pose problème à Tahar Ben Chaabane, ancien conseiller municipal d'Olivier Carré. Si l’affaire date de plusieurs semaines, Tahar Ben Chaabane a souhaité attendre “les résultats pour savoir si M. Grouard était élu”. Il évoque une forte présomption de financement illégal de campagne électorale par Serge Grouard, élu depuis maire d'Orléans.
 

Je souhaite attirer l’attention des autorités sur cette affaire. Je suis un lanceur d’alerte. Je demande simplement l’application du droit. 

Tahar Ben Chaabane, ancien élu et candidat centriste aux municipales d'Orléans


Achetés par l’AML dans l’entre-deux tours, ces masques ont été financés par des entreprises locales, dont Serge Grouard ne souhaite pas révéler l’identité. Ce que lui reproche Tahar Ben Chaabane.

“M. Grouard a grillé deux feux rouges : non seulement il a fait financer ces masques en recevant les subsides de deux personnes morales dont il ne veut pas donner le nom, mais il passe aussi par le truchement d’une autre personne morale qui est l’Association des maires du Loiret !", s'emporte l'élu, avant d'ajouter : “Mais mon opinion ne compte pas. Je n’ai aucune autorité pour décider. Ce qui compte, c’est ce que la justice dira et ce que la commission des comptes de campagne décidera.”

 

"J’ai essayé de faire dans le sens de l’intérêt général !"

Contacté par France 3 Centre-Val de Loire, Serge Grouard n'a pas donné suite à nos demandes d'interview. Le maire d'Orléans s'était cependant défendu de toute manipulation en amont du second tour, lors d'une conférence de presse le 18 juin et du débat organisé sur le plateau de France 3 le 24 juin avec ses deux concurrents, Jean-Philippe Grand et Olivier Carré.

"Dès le 31 mars, je lui ai proposé de nous concerter", assurait Serge Grouard à propos du maire sortant lors de sa conférence de presse. "Il fallait passer au-dessus des petites querelles politiques et des compétitions électorales. J’ai essayé de faire dans le sens de l’intérêt général !" La proposition est déclinée par la municipalité, qui assure avoir fait les achats nécessaires. Elle refusera également une seconde offre, mais invitera Serge Grouard à déposer les masques à la pharmacie du Centre hospitalier régional afin de subvenir aux besoin des professionnels de santé.

Le 10 avril, l'AML effectue finalement la commande pour 80 000 masques. "La trésorerie de l'AML a reçu des dons des entreprises qui ont souhaité rester anonymes", indique Serge Grouard. "C'est avec le montant exact des dons que l'AML a pu se procurer des masques." Dès le début du mois de mai, le candidat et son équipe lancent la distribution et relaient leurs actions sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Mis en cause par une enquête de la cellule investigation de Radio France et France Bleu Orléans, Serge Grouard disait assumer "totalement sur le plan moral et juridique" la distribution des masques et la campagne de communication l'entourant.

 


“Il n’y a jamais eu d’invalidation d’élection en jeu”

Florent Montillot, conseiller régional UDI et désormais premier adjoint d’Orléans, a réagi à cette procédure au micro de France 3 Centre-Val de Loire, balayant tout risque d'inéligibilité. “Le juge administratif n’invalide pas une élection même s’il y avait rejet du compte”, assure l’élu. “Sauf dans un cas très précis : il faut qu’il y ait un écart de voix très faible entre la liste arrivée en tête et l’autre. À Orléans, c’est exactement l’inverse !”
 

Dimanche 28 juin, Serge Grouard a remporté le second tour avec 40,29 % des suffrages exprimés, par un écart de 1 935 voix avec le candidat de l’union de la gauche Jean-Philippe Grand (31,72 %). “Il n’y a jamais eu d’invalidation d’élection en jeu”, conclut Florent Montillot.
 
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