Municipales 2020 : Orléans s'affirme comme un bastion de la droite

Olivier Carré aurait-il perdu pour un crime de lèse-majesté ? S'éloigner de la droite, coeur de l'électorat orléanais, n'aura en tout cas pas payé. 

Orléans, décidement, ne fera jamais rien comme tout le monde. Le résultat du second tour, qui a sacré le candidat LR Serge Grouard, a déjoué les mécaniques qui ont fait recette au niveau national.
 

Grouard balaie les pronostics nationaux

L'ancien maire revenu sur le devant de la scène aura déjoué la lassitude du public pour les querelles politiciennes qui ont largement émaillé la campagne. Une fois n'est pas coutume, le combat électoral ne s'est pas déroulé dans le calme habituel. "Le degré de violence, aujourd’hui, c’est du jamais vu. On est au milieu d’un combat de coqs où tous les coups sont permis" confiait le quatrième homme, Baptiste Chapuis, à Libération. Le sens de la mesure n'a pas payé. Oubliée aussi, la "prime au sortant", le petit bonus confiance dont bénéficie souvent le maire qui se présente pour garder la mairie. En relégant Olivier Carré à la troisième place du scrutin, Serge Grouard s'affranchit d'un mécanisme grâce auquel son parti conserve d'importantes mairies, comme Troyes ou Toulon

L'union de la gauche, qui a par exemple pris le dessus à Fleury-les-Aubrais, où Carole Canette a chassé du siège la maire sortante divers-centre, n'a pas non plus fait recette. L'entente formée par le candidat écologiste Jean-Philippe Grand, et le candidat DVG Baptiste Chapuis n'a pu que se classer deuxième du scrutin, avec un score très honorable de 31,72%. 

Quand Orléans est devenue un bastion de la droite

Au fond, si Serge Grouard a gagné, c'est peut-être tout simplement parce qu'Orléans est une ville de droite. En 2001, Grouard, alors encarté RPR, arrache la ville des mains du socialiste Jean-Pierre Sueur, "victime de son obstination à refuser (...) à l'extrême gauche une place dans la majorité municipale" estime Libération. Une défaite surprise qui ouvre une nouvelle ère. Le bilan, pourtant, n'était pas trop mauvais. Grands chantiers dans les quartiers comme l'Argonne ou La Source, création de la première ligne de tram, du Zénith ou encore du pont de l'Europe... Mais la défaite suprise de Sueur ouvre une nouvelle ère, où la droite récupère un alléchant chantier. 

La République du Centre a fait les comptes, en 2018. "La droite, avec un maire encarté et actif au sein de son parti, a régné sur la politique orléanaise pendant 26 ans, sur les 38 dernières années". Une hégémonie qui n'aura été que brièvement interrompue, par Olivier Carré. Placé par Serge Grouard en 2015, le "poulain" s'éloigne ensuite à bonne vitesse du parti LR : il met définitivement les voiles en juin 2017. A l'époque, le choix - ou la stratégie - d'Olivier Carré de se rapprocher d'Emmanuel Macron semble judicieux. La droite est ressortie essorée de la présidentielle et des affaires Fillon, le temps est au dégagisme.

Le pardon pour Fillon, la sanction pour Carré

Bien malin qui aurait pu prévoir, en trois ans, une telle débâcle du parti présidentiel. Lorsque la campagne des municipales arrive, l'étiquette LREM commence à gratter ceux qui la portent. C'est vrai, les révélations du Canard Enchaîné l'accusant d'avoir voyagé grand train aux frais du contribuable n'ont pas dû aider Olivier Carré, depuis blanchi par la justice.
 
Mais l'électorat de droite a déjà montré qu'il pouvait en partie s'accomoder de ces affaires d'argent. En 2017, François Fillon, accusé de détournements de fonds publics via un mécanisme d'emploi fictif, termine troisième de la course à la présidentielle, avec la confiance de 20% des électeurs. "Selon un sondage mené par l’Ifop en août 2018, les sympathisants Les Républicains sont avant tout préoccupés par "la sécurité et la lutte contre le terrorisme", "la lutte contre l’immigration clandestine" et "la lutte contre la délinquance". On retrouve donc cette priorité absolue donnée au régalien" analyse pour Atlantico David Nguyen, de l'Institut IFOP. 

Au cours de la campagne des municipales, le thème de la sécurité est resté l'un des étendards de Serge Grouard. Au cours des débats, l'ancien maire avait notamment avancé sa motivation à négocier une augmentation des effectifs policiers. Olivier Carré, défendant son bilan, était resté plus mesuré.  La recette de Serge Grouard comportait au moins ces deux ingrédients : les bases de la vieille garde, et un renouvellement de l'effectif. "73% des 55 candidats de liste n'ont jamais été élu et on compte 40 nouveaux visages" revendiquait le candidat
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