Le street artiste Stéphane Opéra a remporté l'appel à projet de la fresque murale du complexe du Baron le samedi 20 mars dernier. Une proposition abstraite, haute en couleur et qui fait écho à son lieu d'exposition, en centre-ville d'Orléans.
"Je ne m'attendais vraiment pas à remporter ce concours." Ces mots, ce sont ceux de Stéphane Opéra. L'artiste de street art parisien a remporté ce samedi 20 mars le projet de fresque murale du complexe du Baron, où se situe notamment la patinoire d'Orléans et l'Astrolabe. Le concours était organisé par la mairie d'Orléans et l'association Sacre Bleu du 8 au 20 mars dernier.
L'artiste travaille depuis 1998 dans le milieu du graphisme. Il a disputé la finale du concours face à l'Outsider, un autre grand nom du milieu, qui "a su faire le pont entre l'art contemporain et le street art". "Pour moi, c'était assez flateur de me retrouver contre lui et j'en suis très content" nous explique le gagnant. Il a su se démarquer face à des candidats venus des quatre coins de la France et même de l'étranger, puisque deux participants viennent du Portugal et du Mexique.
Il s'agit de la première fresque artistique pérenne d'Orléans. Elle fera 11 mètres de hauteur sur 7 mètres de largeur et sera exposée sur la façade sud, rue Albert Lejeune. "C'est une façade que l'on demande depuis longtemps. On a porté le projet en internet et on a fait une sélection de dix artistes, reconnus dans ce milieu pour cette première édition", explique le directeur artistique du projet et membre de l'association Sacre Bleu, Jean Michel Ouvry.
Quand l'art abstrait devient accessible
L'artiste a choisi une oeuvre abstraite. Il est conscient que ce registre n'est pas le plus accessible au grand public. "Je ne voulais pas que ça paraisse trop facile non plus. C'est pour cela que j'ai constitué un dossier destiné à la mairie pour expliquer ma démarche. Au-délà d'une image abstraite, j'ai essayé de traduire ce qu'il se passe dans le batiment avec mes élements à moi".
Par exemple, le piano et le grand A vert désignent la scène de musique de l'Astrolabe, qui a une charte... verte. Le cercle, associé à un palet, et les filets sont des élements que l'on associe au hockey sur glace, l'un des sports pratiqués sur la patinoire. Les couleurs rouge et jaune sont d'ailleurs un clin d'oeil à l'équipe des Renards d'Orléans.
Pour dessiner à grande échelle, l'artiste explique devoir travailler à l'aide d'un quadrillage. "Sur des projets aussi grands, je n'ai pas le recul nécessaire, comme on pourrait l'avoir en peignant une toile classique. C'est en fonction des styles de chacun". En général, c'est un travail qu'il fait seul, mais il envisage de prendre un (ou des) assistant(s). Après le quadrillage, il aura besoin de faire une sous-couche, car "la façade n'a pas été ravalé depuis des années".
"Le street art c'est plus les conneries illégales d'adolescents"
Stéphane Opéra voit dans ses centaines de fresques murales un "vrai ciment social", un art de plus en plus prisé en France. Avec ses confrères, ils se sont battus pendant des années pour faire valoir leur savoir-faire et leur professionnalisation au grand public. "Le street art, c'est plus les conneries illégales d'adolescents. De plus en plus de marques font appel à nous. Par exemple, la SNCF nous a demandé de peindre un train entier l'année dernière", se réjouit-il.
Leurs oeuvres sont un véritable atout pour les centre-villes qui en bénéficient. "On crée des balades avec des lieux à voir, les élèves des écoles environnantes viennent travailler sur ce qu'ils voient sur les murs, puis les gens ont envie d'échanger, pour les bonnes et les mauvaises raisons".
Les travaux dureront entre cinq et huit jours. Ils débuteront à la mi-mai pour que la fresque soit visible par le grand public à la fin du mois, histoire de redonner un peu de vie à un centre-ville vide de ses bars et ses restaurants.