Manon Apithy-Brunet : Derrière le masque dévoile le côté pile et le côté face de cette championne atypique. Portrait d'une hypersensible sportive de haut niveau, en duel contre elle-même pour gagner la partie. Numéro 1 mondiale de sabre, la première médaillée française dans l'histoire de sa discipline touche son public en plein cœur.
Ce documentaire, écrit par Sylvain Loscos, Jordan Nourry et Quentin Sorbier, dévoile la personnalité de Manon Apithy-Brunet. Derrière le masque de la championne se cache une femme dotée d'une très grande sensibilité, qui doit lutter au quotidien pour apprivoiser cette faille qui fait aussi sa force. Sans filtre, la jeune femme ouvre l'espace de son intimité en partageant l'accueil, la rencontre et la maîtrise de ses émotions.
Le film revient sur son parcours et la suit tout au long de l'année 2023 alors qu'elle se prépare pour Paris 2024 au CEO, Cercle d'Escrime Orléanais. Une invitation privilégiée au plus près de ce combat intérieur qui se joue au-delà des apparences.
La petite Manon
Manon est née le 7 février 1996 dans une famille de sportifs. Son papa, Philippe Brunet, est un ancien joueur de football formé à l'Olympique Lyonnais, et Sandrine Brunet, sa maman, a été championne de France de barque.
Manon s'essaie au taekwondo et à la danse, puis rencontre le sport de sa vie. Elle a 7 ans quand elle pousse les portes du club d'escrime "Le Sabre au clair", à Rillieux-la-Pape, sa ville natale.
C'est une copine qui m'a proposé de faire de l'escrime. Quand j'ai mis le masque, je suis tombée amoureuse de la tenue.
Manon Apithy-Brunet
Petite fille très timide, Manon s'imagine en superhéroïne, sabre en main. Derrière son masque, elle vit tout à fond, cache toutes ses peurs. À chaque entraînement et à chaque compétition, elle s'amuse, prend du plaisir, et trouve la liberté de devenir qui elle veut. L'escrime l'aide à prendre confiance en elle et à canaliser ses émotions.
Aujourd'hui, Manon fait briller les yeux des enfants qu'elle rencontre dans les classes. Une transmission qui fera peut-être naître des passions et sourire des visages derrière le masque.
Là où tout a commencé
Ses parents retournent sur les pas de l'enfance de Manon, à Rillieux-la-Pape, là où tout a commencé. Les souvenirs affluent, les images d'hier reprennent vie. Son père se revoit, derrière la vitre, avec d'autres adultes, observant leurs enfants à l'entraînement, au milieu de la salle.
Sa maman retrouve sa petite Manon en larmes. Une petite fille si sensible et empathique que l'échec des autres faisait pleurer.
Manon avait toujours peur de ne pas être à la hauteur quand elle faisait quelque chose.
Sandrine, sa maman
Éclater en sanglots lui permettait d’évacuer ses émotions et de relâcher la pression avant de passer à l’étape suivante. Ce besoin d’évoluer dans un environnement où tout le monde se sent bien est toujours présent aujourd’hui. Manon grandit, et sa passion pour l’escrime évolue avec elle.
L'escrime, ça fait de moi qui je suis.
Manon Apithy-Brunet
Elle travaille dur, et ses efforts soutenus sont récompensés. Elle est détectée par le Pôle espoir d'Orléans.
Manon vole de ses propres ailes
À quinze ans, Manon se sent prête à franchir une nouvelle étape pour poursuivre la voie qu'elle a choisie. Cette décision implique de quitter sa maison, ses amis et sa famille. Sa maman se souvient encore du jour où elle l’a accompagnée à Orléans.
La détermination de Manon convainc sa maman de la laisser partir pour poursuivre ses rêves. Elle entre en sport études escrime au lycée Charles Péguy à Orléans. Manon prend son envol, rejoint l’équipe de France junior et peut compter sur le soutien indéfectible de sa famille. Ses parents sont ses premiers fans et constituent un socle solide sur lequel elle peut s’appuyer.
Elle poursuit ensuite son parcours à l’INSEP à Paris, où elle est entraînée par Jean-Philippe Daurelle, son coach et maître d’armes, qui la suit pendant plus de huit ans. Il la voit évoluer non seulement en tant qu’athlète, mais aussi en tant que femme, devenant un personnage pivot dans sa vie.
En équipe nationale, Manon décroche ses premières médailles mondiales et européennes chez les "grands". En 2014, alors remplaçante de l’équipe de France, elle marque le dernier point décisif en quart de finale face à une adversaire russe. À la fin de cette compétition, les Françaises sont vice-championnes du monde de sabre.
C'était trop fort. J'ai ressenti trop d'émotions, j'ai pris trop de plaisir, je me suis dit : je veux faire ça toute ma vie. J'avais 18 ans.
Manon Apithy-Brunet
Deux ans plus tard, aux Jeux Olympiques de Rio, Manon "sent l'escrime" et "se sent hyper-forte". Face à la Russe S. Velikaya, elle mène le match et la victoire semble à portée de sabre. À 14-13, elle marque le point décisif. Pour elle, c'est sûr, la touche est bonne et elle est en finale. Mais l'arbitre, M. Milenchev, intervient, et sa décision tombe comme un couperet : le point n'est pas validé. Le combat reprend, et pour Manon, tout s'arrête.
Je me suis peut-être fait voler une médaille, mais finalement, je me suis rendu compte ce jour-là, que je pouvais être très forte.
Manon Apithy-Brunet
Les compétitions s'enchaînent à travers le monde, et Manon accumule les victoires.
En 2022, elle rejoint l'académie de Christian Bauer à Orléans, l'entraîneur d'escrime le plus titré au monde, connu pour décrocher des médailles partout où il enseigne. La méthode Bauer est unique, avec une charge de travail deux à trois fois supérieure à celle de l'INSEP. Manon passe ainsi de trois entraînements par semaine à des sessions quotidiennes.
Face à la blessure
Deux ans après sa médaille olympique à Tokyo, Manon atteint pour la première fois de sa carrière la première place mondiale. Au sommet de son art, elle se luxe l’épaule pour la quatrième fois, une blessure de trop. L’opération est incontournable.
Manon reprend l’entraînement à l’académie de Christian Bauer à Orléans, se lançant dans une intense préparation physique pour retrouver son niveau d’athlète de haut niveau. Son objectif est clair : regagner sa place au classement mondial, obtenir une qualification pour les Jeux de Paris 2024 et décrocher l’or. Cette médaille rejoindra le magnifique trio qu’elle pourra faire admirer aux enfants des écoles, les yeux brillants de bonheur et d’admiration.
Pour atteindre cet objectif, à huit mois des Jeux, elle participe à la Coupe du Monde de sabre à Orléans. Cette compétition constitue une étape qualificative pour Paris 2024 et une véritable répétition générale face aux meilleures sabreuses du monde. C’est une saison particulière, marquée par un défi à domicile qui lui met la pression. Manon, vainqueur pour la troisième fois devant son public, est accompagnée sur le podium par Sara Balzer et Cécilia Berder.
La préparation mentale de Manon
"La santé mentale en escrime, c'est un point qui est hyper-important, ça se joue souvent dans la tête. Le sport de haut niveau maltraite l'esprit, il faut réussir à gérer les défaites et les victoires. Ce sont des montagnes russes d'émotion." Boladé Apithy, sabreur professionnel, mari de Manon.
Pour retrouver son meilleur niveau, Manon fait appel à son préparateur mental, Stéphane Limouzin. Leur relation, basée sur la confiance et l’échange, lui permet d’aborder les défis sous de nouveaux angles et de penser différemment pour accéder à d’autres solutions.
Cette démarche crée de nouveaux schémas de pensée dans le cerveau. Une boîte à outils individuelle qui développe des compétences mentales, prêtes à être utilisées sur le terrain au moment opportun.
Je crois qu'elle a une capacité de rebond, et même dans la difficulté, elle est capable de mobiliser des capacités de ressources et de l'énergie.
Stéphane Limouzin, coach mental
Le corps et le mental forment un duo indispensable pour les sportifs. La préparation mentale aide à structurer le potentiel de l’athlète, lui permettant de découvrir qu’il peut accomplir bien plus que ce qu’il imaginait. C’est un état d’esprit qui favorise la confiance en soi et permet de réaliser ses ambitions.
Il y a toujours ce paradoxe entre, ce que toi, tu veux et que tu sais que tu peux faire dans l'absolu, mais aussi un côté, un peu bien-pensant.
Stéphane Limouzin, coach mental
La petite Manon, qui pleurait lorsque les autres perdaient, doit maintenant se concentrer exclusivement sur elle-même.
"Devenir une véritable bête de combat, sans considération ni empathie pour l'adversaire", est un défi considérable. Même en étant très forte, il n’est pas toujours facile de surmonter une sensibilité qui a souvent le dernier mot.
Manon et Boladé Apithy
À l'automne 2021, au retour du Japon, Manon épouse le sabreur Boladé Apithy. Quand ils parlent l'un de l'autre, leurs regards pétillent et leurs voix caressent les mots.
C'est le premier à qui je donne mes larmes. C'est lui qui les essuie.
Manon Aptihy-Brunet
"Il a vraiment toujours eu ce rôle un peu protecteur, mais aussi, il a tellement un regard expert sur l'escrime que dès que je m'éparpille un peu, que ce soit dans la vie ou dans l'escrime, il me remet un peu sur la ligne droite. "Il me prend la main, il me guide assez souvent. Toute ma carrière est avec lui, Je ne sais pas si j'aurais réussi à faire tout cela sans lui, c'est grâce à lui, si j'évolue comme je suis."
Une osmose, une relation fusionnelle, un lien indéfectible, qui touche et transperce l'écran.
Du bronze, de l'argent et de l'or
Un Palmarès impressionnant aux Jeux Olympiques, aux Championnats du monde et aux Championnats d'Europe, aussi bien en individuel qu'en équipe.
⇒ Sabre
Palmarès individuel
- Championne Olympique 2024
- Championne d'Europe 2023
- Médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de Tokyo 2021
- Vice-championne d'Europe 2019
Palmarès par équipes
- Championne d'Europe 2023 et 2024
- Vice-championne olympique à Tokyo 2021
- Championne du monde 2018
- Vice-championne du monde 2014, 2019, 2023
- Médaillée de bronze au championnat du monde 2017
- Médaillée de bronze au championnat d'Europe 2015
- 3X Médaillée d'argent au championnat d'Europe
- 3X Médaillée de bronze au championnat d'Europe
- (Source Fédération Française d'Escrime
Paris 2024, l'apothéose
Pour la première fois dans l'histoire des Jeux, deux Françaises s'affrontent pour la médaille d'or. Face à Sarah Balzer, devant neuf mille spectateurs et le monde entier, Manon est à quinze touches de réaliser son rêve olympique.
Manon a surmonté toutes les étapes ; son sabre, son corps et son mental ont triomphé de tous les démons. La petite Manon peut être fière de celle qu'elle est devenue. Dans sa tenue de super-héros, elle n'est pas déguisée : elle est une championne olympique couronnée d'or et une femme épanouie. Sa sensibilité et sa fragilité, loin d'être des faiblesses, sont les qualités qui enrichissent sa grandeur et sa véritable force.
Le documentaire Manon Apithy Brunet réalisé par Sylvain Loscos, écrit par Sylvain Loscos, Jordan Nourry et Quentin Sorbier produit par Escale Productions et France 3 Centre-Val de Loire sera diffusé le jeudi 12 septembre à 23.05 sur France 3 Centre-Val de Loire, disponible en avant-première et en replay sur france.tv.