Hélène Mouchard-Zay était présente ce vendredi 10 novembre à l'inauguration d'un monument en hommage à son père, Jean Zay, assassiné par la police de Vichy. Grande voix de la mémoire de la Shoah, elle alerte sur le retour de la haine antisémite.
"Pour ma génération, voir ce qu'il se passe, on n'aurait jamais pensé ça possible." Les mots sont forts, à la hauteur de l'inquiétude. Ce vendredi 10 novembre, Hélène Mouchard-Zay était présente à l'inauguration à Orléans d'un monument en hommage à son père, Jean Zay. Ministre du Front populaire, juif, il est assassiné par la Milice de Vichy en 1944.
Près de 80 ans plus tard, le combat continue. Engagée au sein de l'équipe municipale orléanaise lorsqu'elle était à gauche, Hélène Mouchard-Zay est surtout l'une des grandes voix de la mémoire de la Shoah et des Juifs de France. Pendant 25 ans, elle est présidente du Cercil, le musée mémorial des enfants du Vel' d'Hiv', situé à Orléans.
L'antisémitisme "n'a jamais disparu"
Au micro de France 3, elle confie son inquiétude face à "cette haine antisémite, qui n'a jamais disparu". Une haine "très ancienne, qui se réveille et se nourrit d'un certain nombre de crises, et on est dans cette crise-là" aujourd'hui, considère-t-elle. Selon Hélène Mouchard-Zay, née pendant la Seconde Guerre mondiale, sa génération "n'aurait jamais pensé ça possible".
Hélène Mouchard-Zay, fille de Jean Zay, était présente vendredi soir à l’inauguration du Mémorial Jean Zay à Orléans et s’est exprimée sur la montée de l’antisémitisme en France : « pour ma génération, voir ce qui se passe, on aurait jamais pensé ça possible » pic.twitter.com/z7yPIPfCcZ
— France 3 Centre-Val de Loire (@F3Centre) November 11, 2023
Car, selon le ministère de l'Intérieur, 1 040 actes antisémites ont été recensés, en un mois, en France depuis l'attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre, et le début des bombardements israéliens à Gaza. "Mon père a été poursuivi par cette haine antisémite, accompagnée d'une haine de la République, l'une se nourrissant de l'autre, ajoute Hélène Mouchard-Zay. C'est une haine meurtrière. Il a été dénoncé comme juif toute sa carrière, et ils l'ont assassiné." Elle rappelle aussi les attentats de 2012 perpétrés par Mohammed Merah, lors desquels "des enfants juifs sont assassinés à bout portant dans une cour d'école".
"De l'éducation, encore de l'éducation, toujours de l'éducation"
Pour elle, il est nécessaire de "comprendre la nature spécifique" de l'antisémitisme. "Sinon, on ne saura pas comment la combattre." Elle estime en effet que "les gens ne connaissent pas l'Histoire", et que, après la répression des actes antisémites, vient le temps de l'éducation. "Il faut de l'éducation, encore de l'éducation, toujours de l'éducation."
Hélène Mouchard-Zay sera "bien sûr" présente dans un des cortèges rassemblés contre l'antisémitisme ce dimanche 12 novembre, un peu partout en France (y compris en Centre-Val de Loire). Elle espère "une manifestation qui unit tous ceux qui sont vraiment engagés dans la lutte contre l'antisémitisme".