La précarité alimentaire n’a jamais été aussi forte chez les étudiants depuis la fin de la pandémie de Covid

L'inflation frappe durement les étudiants, certains n'arrivent pas à manger à leur faim. À Orléans, la situation est saisissante. 45% des étudiants de l'Université d'Orléans sautent des repas ou doivent réduire les portions. Alors pour leur venir en aide, des étudiants se sont organisés. L'association Cop1 (à prononcer cop-ain) vient d'ouvrir sa 19e épicerie solidaire en France.

Des paniers distribués gratuitement aux étudiants et jeunes de moins de 26 ans, sans condition de revenu, avec produits frais, conserves et produits hygiéniques, c'est le pari de l'association nationale Cop1 qui a ouvert sa dix-neuvième antenne à Orléans le 26 mars 2024.

Pour l'ouverture de cette nouvelle épicerie sociale et solidaire, quinze bénévoles s'affairent. Il faut réceptionner les denrées apportées par les producteurs locaux du Loiret qui ont accepté de jouer le jeu, comme la ferme bio Zou la Galinette, qui est venue avec son utilitaire chargé d’oignons, de pommes de terre et de carottes. "Je trouve ça bien de pouvoir proposer nos légumes aux étudiants. On donne aussi beaucoup à la banque alimentaire nos petits calibres et tout ce qui n’est pas vendable plutôt que de jeter ", explique Vincent Dumuis, producteur à la ferme Zou la Galinette à Saint-Cyr-en-Val.

Juliette Laissais-Benyettou, membre de l’association COP1 remonte ses manches et aide au déchargement des caisses apportées par le producteur. "On a commandé des pommes de terre grenailles, des carottes et des oignons. Le producteur nous a proposé des prix un peu en dessous de ces prix habituels. Les pommes de terre grenaille étaient particulièrement avantageuses, à 70 centimes d’euros le kilo". En milieu d’après-midi, tout est fin prêt pour accueillir les 200 inscrits qui viendront récupérer un panier de près de 10 kilos. Et le tout, gratuitement. Dès 17h, les étudiants affluent. Une aide plus que bienvenue pour Annouck, étudiante en école d’infirmière à Orléans.

Je dispose de 700€ par mois et je viens ici car j’ai mon loyer à payer les frais de la voiture, l’essence… les fins de mois sont compliqués.

Annouck, étudiante en école d’infirmière à Orléans

Elisa, elle aussi étudiante en école d’infirmière a le même revenu. "J’ai un petit travail à côté d’environ 12 heures par semaine pour avoir un complément de revenu car ma bourse est quand même assez basse. Venir ici ça m’aide énormément car ça me permet d’avoir de quoi tenir la semaine. On nous donne des compotes, des pommes de terre… Tout ce qu’il faut pour avoir un panier moyen". La jeune femme conseille à tous les étudiants de se renseigner sur les structures similaires. "C‘est dommage que ce ne soit pas reproduit dans toutes les villes parce qu’on en a vraiment besoin. Ça devrait être mis plus en avant dans toutes les écoles".

Un étudiant sur deux saute des repas par manque d'argent

J.R A'Weng, Président national de l'association Cop1 voit les demandes des étudiants de plus en plus touchés par la précarité s'accumuler. "On est de plus en plus sollicités, depuis qu’on a débuté nos actions, on reçoit beaucoup de messages, beaucoup de mails pour nous demander quand est-ce qu’on arrivera dans telle ville pour ouvrir une nouvelle épicerie solidaire, quand est-ce qu’on peut vous aider à organiser une ouverture comme ici à Orléans… " Car le concept de Cop1 repose sur l'auto-organisation des étudiants qui viennent en aide à ceux qui ont moins de moyens. "Ils peuvent les accueillir ici dans un lieu où on peut briser les barrières, où ce sont des jeunes qui connaissent les problèmes et peuvent plus facilement en parler. Il y a une précarité de plus en plus grande et une crise de plus en plus large sur la jeunesse. Les jeunes sont en galères, en situation de précarité, les petits jobs rapportent de moins en moins, les loyers sont de plus en plus chers, c’est difficile de se loger actuellement dans une ville étudiante, de faire ses courses, de manger des fruits et légumes et c’est pour ça qu’on en distribue ici".

C’est difficile de se loger actuellement dans une ville étudiante, de faire ses courses, de manger des fruits et légumes et c’est pour ça qu’on en distribue ici.

J.R A'Weng, Président national de l'association Cop1

Selon une étude Ifop commandée par Cop1, association créée en 2020 au moment du Covid, 46% des étudiants auraient déjà supprimé certains repas (petits-déjeuners, goûter, dîner) à cause de l'inflation (contre 28% pour l'ensemble des Français. Par impossibilité de s'offrir de la viande, 21% des étudiants auraient adopté un régime végétarien. 8% des étudiants précisent dans cette étude être très souvent à découvert, 12% souvent. Une fois leur loyer payé, il reste 50€ sur le compte bancaire de près d'un quart des étudiants.

49% des étudiants réduisent les portions de leur repas à cause de l'inflation.

selon une étude de l'IFOP

Appel aux dons

Pour continuer les distributions gratuites et les ouvertures de nouvelles épiceries, l'association Cop1 lance un appel aux dons. "N’importe qui peut faire un don sur le site internet de Cop1", souligne J.R A'Weng qui précise : "On a des besoins de bénévoles, d’engagement des jeunes". Pour la nouvelle épicerie d'Orléans, l'association Cop1 espère que 50 à 100 jeunes bénévoles pourront les rejoindre et ainsi développer de nouvelles actions comme des petits-déjeuners dans les halls de l'université ou encore dans les bibliothèques universitaires.

L’épicerie sociale et solidaire Cop1 sera ouverte une fois par semaine et s’adresse à tous les jeunes de moins de 26 ans ainsi qu’à tous les étudiants sans conditions de ressources.

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