Le contrôle du pass sanitaire d'étudiants précaires lors d'une distribution alimentaire à l'université d'Orléans choque les bénévoles

Lors d'une distribution alimentaire d'urgence ce samedi 11 décembre, un arrêté de la présidence de l'université a obligé les organisateurs à contrôler les pass sanitaires. Le président regrette une "confusion".

La polémique a enflé rapidement sur les réseaux sociaux ce week-end. Lors d'une distribution alimentaire d'urgence, organisée à l'université d'Orléans, les responsables ont dû contrôler les pass sanitaires des quelque 300 étudiants précaires venus y chercher des denrées de première nécessité. 

Ces distributions, régulières depuis le début de la crise sanitaire, se tiennent dans une allée en extérieure sur le campus de La Source, et sont coordonnées par l'association "Orléans soutient les étudiant·e·s du monde" (O'sem). Des évènements tenus jusqu'à présent sans présentation de pass sanitaire, "la distribution gratuite de repas" étant exclue de la liste des lieux où le pass doit être contrôlé, selon un décret gouvernementale de juin.

Double peine

Mais un arrêté, pris par la présidence de l'université mardi 7 décembre, a jeté un froid. "La présentation du pass sanitaire est requise pour tous les participants, personnels, usagers et personnes extérieures [...] lors de toute réunion accueillant des personnes extérieures", peut-on y lire.

Selon la présidente d'O'sem Lucile Mollet, l'association s'est vu notifier son obligation de contrôler les pass des étudiants lors de la distribution par le directeur de cabinet de la présidence. "On était outrés", assure-t-elle devant ce qu'elle considère être "une injustice, une double peine" pour des étudiants pauvres. "On a appelé la préfecture, qui nous a expliqué que l'arrêté était valable", ajoute-t-elle.

Contactés par France 3 Centre-Val de Loire, des personnels de la préfecture ont en effet expliqué que "le président a l'autorité judiciaire sur l'université", lui octroyant la possibilité de procéder comme tel. "En extérieur, on contrôle le pass, et on ne le contrôlera pas la semaine prochaine pour les examens en intérieur, c'est illogique", s'indigne Lucile Mollet. 

Une astuce pour contourner le contrôle

Éric Blond, le président de l'université, assure de son côté avoir été "averti ce week-end que ça chauffait sur les réseaux sociaux" sans avoir réalisé le problème en amont. Il plaide une "confusion" :

On a eu un arrêté préfectoral qui impose le port du masque dans les files d'attente, et d'autres qui demandent le pass sanitaire pour les personnes extérieures. On a fait une confusion, sans tenir compte de la dérogation pour les distributions alimentaires.

Éric Blond, président de l'université d'Orléans

À l'en croire, "ça ne devrait pas se reproduire" dans les semaines à venir, la situation devant être mise au clair très prochainement. 

En revanche, même si le pass sanitaire ne sera plus contrôlé, Éric Blond souhaite "tirer du positif" de l'événement. Car, pour contourner l'arrêté, les bénévoles de l'association avaient préparé des paniers, qu'ils distribuaient à ceux qui n'avaient pas de pass. Selon Lucile Mollet, seule une vingtaine étaient concernée. "On avait décidé de ne pas les prévenir en amont, pour ne pas les décourager de venir." Revers de la médaille : certains habitués munis d'un pass sous forme papier ne l'avaient pas pris avec eux. 

Ces "solutions alternatives" décrites par la présidente d'O'sem, Éric Blond les salue a posteriori. "Ils ont super bien réagi en préparant ces paniers, estime-t-il. Ça interroge sur ce qui pourrait être fait pour réduire les files d'attente" et par la même "les risques de contamination". Reste à savoir si le contact sera rétabli entre l'association et la présidence, dont les relations pourraient s'être fortement refroidies.

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