À Donnery, dans le Loiret, la pharmacie risque de fermer définitivement. La pharmacienne, Véronique Boidin, part en retraite le 31 décembre et n'a toujours pas trouvé de repreneur. Alors pour ne pas laisser les habitants de sa commune sans officine, elle vend son fonds de commerce pour un euro symbolique.
"Je pars dans deux semaines et demie, et je n'ai toujours personne pour reprendre la pharmacie", se désole Véronique Boidin. La pharmacienne de Donnery, dans le Loiret, part en retraite le 31 décembre. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Véronique Boidin a mis son officine en vente depuis un an et demi dans quatre agences immobilières différentes, sur les réseaux sociaux ou encore dans la presse, en vain. Récemment, elle a même fait baisser le prix du fonds de commerce à 1 euro symbolique. "Il n'y a aucun repreneur sérieux, constate-t-elle, désolée. Les seuls qui voulaient me racheter la pharmacie n'étaient pas pharmaciens."
"Les gens ne veulent plus travailler seuls, comme je le fais"
Installée depuis 2000 à Donnery, Véronique Boidin a du mal à comprendre pourquoi sa pharmacie n'attire pas : "Il y a un cabinet médical juste à côté avec plusieurs médecins et la pharmacie tourne bien !" Toutefois, aucun acheteur ne s'est présenté depuis que la pharmacienne a commencé à chercher quelqu'un pour la remplacer. "Je suis pourtant rentable et au cœur du joli village de Donnery", assure-t-elle.
En novembre, à quelques semaines de sa retraite, Véronique Boidin s'est même décidé à baisser le prix de son fonds de commerce à 1 euro symbolique. Mais depuis, il n'y a pas plus d'offres qu'avant. La pharmacienne met en avant la baisse du nombre de pharmaciens en France, mais pas seulement. Selon elle, beaucoup se tournent vers l'industrie pharmaceutique tandis que les autres s'orientent vers des "grosses pharmacies". En mai 2024, un rapport de la Cour des comptes allait dans ce sens. Il pointait notamment la baisse de 10,5 % du nombre de pharmaciens libéraux entre 2012 et 2022, tandis que la profession en général a vu ses effectifs progresser de 1,3 %.
"Le problème qu'on m'évoque, c'est que les gens ne veulent plus travailler seuls, comme je le fais, ce n'est plus du tout d'actualité, pointe-t-elle. Les pharmaciens veulent être plusieurs pour avoir du repos. Seuls, ils se sentent pieds et poings liés."
J'ai contacté le Conseil de l'Ordre des pharmaciens et ils n'ont pas l'air affolés. Ils m'ont dit : "Vous serez simplement la prochaine à fermer !"
Véronique Boidin, pharmacienne à Donnery, dans le Loiret
Car si sa pharmacie est rentable, elle ne le sera certainement plus avec un deuxième pharmacien, selon elle. "C'est possible en embauchant un préparateur, mais ce n'est pas ce que les gens cherchent", constate Véronique Boidin.
Une situation qui ne serait pas isolée. L'an dernier déjà, en Indre-et-Loire, une autre pharmacienne avait aussi dû se résoudre à fixer le prix de vente de son fonds de commerce à un euro. "Beaucoup de pharmacies ferment. J'ai contacté le Conseil de l'Ordre des pharmaciens et ils n'ont pas l'air affolés. Ils m'ont dit : "Vous serez simplement la prochaine à fermer !"", raconte la pharmacienne de Donnery. Face à ces nombreux obstacles, elle avoue avoir accepté la situation : "Maintenant, ça ne m'inquiète plus trop". Une situation qui inquiète les pharmaciens qui ont manifesté, en mai dernier, pour alerter sur les dangers de "déserts pharmaceutiques".
Bientôt, Véronique Boidin craint cependant que les 2 700 habitants de Donnery, privés de leur pharmacie, ne doivent faire de la route pour aller aux pharmacies des communes voisines. "Ce n'est pas toujours simple, il faut prendre la voiture et certains ne peuvent pas se déplacer", observe-t-elle.
À présent, la pharmacienne a quelque peu abandonné l'idée de trouver un acheteur. Seule la mairie est toujours en quête de quelqu'un pour reprendre le flambeau. "Si quelqu'un vient me faire une offre le 25 décembre, je suis prête à rester un petit peu pour assurer la transition", promet-elle. Mais pour cela, il faudrait que s'opère la magie de Noël.