La Maison des Adieux accompagnera les clients qui ont perdu un proche, tout en revalorisant les pratiques propres au deuil et levera les tabous autour de la mort.
Le principe de coopérative funéraire est né au Québec, mais est déjà implanté en France depuis quelques années : on en trouve à Bordeaux, Nantes, Rennes et depuis peu à Dijon. Dans la métropole Orléanaise, le projet de la Maison des Adieux est soutenu par l'Incubateur d'innovation sociale de la région Centre-Val de Loire et devrait voir le jour d'ici novembre 2021.
Nathalie Grenon, la présidente de l'association Pour une alternative funéraire, a eu l'idée de monter ce projet, car plusieurs de ses proches lui racontaient les obsèques qu'ils ont organisées ou auxquelles ils ont participés : "Peut-être parce que pour moi la mort n'est pas un tabou mais fait partie du cycle de la vie. Sans incriminer les pompes funèbres, je voyais que quelque chose n'allait pas dans leurs récits. Ces personnes ressentaient comme un sentiment d'inachevé." admet-elle.
Redonner au deuil son aspect collectif
Près d'une trentaine de bénévoles déterminent dans un premier temps tous les services qui peuvent être assurés par le collectif : "L'idée c'est d'avoir des gens très différents pour que chacun puisse apporter une expertise autre que financière". Par exemple, ils peuvent conseiller le choix d'un matériau pour le cercueil pour valoriser les circuits courts et limiter son empreinte écologique. La coopérative se veut donc être non seulement écoresponsable mais aussi transparente, éthique et solidaire et souhaite faciliter l'organisation d'obsèques pour les rendre les plus simples possible pour les clients."On souhaite aussi requestionner la place de la mort dans notre société. Il y a quelques années, on organisait des repas après la mort d'un proche, c'était un moment partagé. Aujourd'hui on meurt davantage à l'hôpital ou dans les EHPAD, on enterre à la va-vite et chacun repart d'où il vient. Ce n'est pas faire son deuil." raconte Nathalie Grenon. Elle aimerait mettre des salles à disposition pour que ces familles puissent se réunir après les cérémonies. Des équipes de salariés et bénévoles pourront également entourer la personne, si elle le souhaite, pour la soutenir et pour que le deuil redevienne une pratique collective.
La présidente de l'association désire aussi apporter une aide financière à ceux qui sont dans le besoin :"On s'est rendus compte que certaines familles s'endettent pour enterrer les leurs. Elles souscrivent à des crédits à la consommation qu'elles vont rembourser pendant des années". Avec l'aide des travailleurs sociaux, des associations caricatives, des élus ou anciens élus, Pour une alternative funéraire étudie comment aider les plus précaires à organiser des obsèques dignes, à moindre coût.
Lever le tabou autour de la mort
Enfin, la coopérative permettrait d'organiser des rencontres culturelles traitant de la mort : "Comment ça se passe dans les autres pays par exemple ? Entre Madagascar et le Japon en passant par le Mexique, on ne célèbre pas les morts de la même façon", nous raconte-elle. Des conférences sociologiques, psychologiques ou encore littéraires seront organisées pour alimenter les conversations : "C'est un sujet intéressant, parce qu'on peut l'interroger par plusieurs domaines différents". L'association et la coopérative aimerait aussi organiser des projections de films. Sa présidente nous citait l'exemple du film d'animation Coco, qui permettrait même d'aborder le sujet avec un public plus jeune.Aujourd'hui, l'association ne dispose pas de local pour l'exercice de son activité. Sa présidente, Nathalie Grenon, lance un appel aux collectivités pour mettre en place ce projet.
Si vous souhaitez vous investir dans cette coopérative, vous pouvez contacter l'association à : pour-une-alternative-funéraire-orleans@orange.fr