Même s’il n’est pas dans le cadre légal des soldes, le succès du Black Friday fait pâlir les "soldes classiques"

Incitation à la surconsommation et pollution supplémentaire, opérations commerciales en dehors du cadre légal des soldes et arnaques potentielles... le Black Friday pose question alors même que de nombreux Français entendent profiter de réductions face à un pouvoir d'achat érodé.

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"Jusqu'à 80% de rabais", "Profitez du Black Friday et du Cyber Monday", ... Impossible de passer à côté. Chaque année, fin novembre, le Black Friday s'étale sur les écrans, mais aussi dans nos rues. Populaire dès les années 1990 aux États-Unis, cette pratique commerciale a émigré en France il y a une petite dizaine d'années à l'initiative des géants du numérique comme Amazon. Les enseignes physiques ne voulant pas rester à l'écart ont pris le pli et proposent désormais des réductions à cette date.

+51% de visites en magasin en Centre-Val De Loire pendant le Black Friday

Les consommateurs français aussi sont nombreux à avoir intégré cette période de réduction des prix. Le Centre-Val de Loire ne fait pas exception. Selon l'entreprise Shopfully, le week-end du Black Friday a attiré 51% de visites en plus qu'un week-end "normal" dans la région.

Pour Grégory Caret, directeur de l'Observatoire de la consommation, l'attrait pour cette période de réductions s'explique en partie par un moment d'achat propice. "Avant Noël, il y a une émulation, les gens ont plus envie d'acheter qu'après la période des fêtes par exemple où il y a eu une sursaturation d'achats. D'ailleurs, le relatif succès du Black Friday peut faire pâlir les soldes classiques dont la réussite est de plus en plus mitigée." Selon Shopfully, 13% des Français auraient profité du Black Friday pour réaliser leurs achats de Noël. 

Ceci dit, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Les achats sur internet représentent deux tiers de la consommation à cette période. D'autant que depuis l'année dernière et son lot d'inflation et de pouvoir d'achat érodé, le succès du Black Friday est en demi-teinte. 

Les promotions continuelles du e-commerce atténuent le poids des soldes

Nadia Lorillard-Malbec, co-présidente de la Fédération départementale des unions commerciales de Touraine, est plus que circonspecte sur ce Black Friday. Elle-même commerçante dans le prêt-à-porter à Tours, elle a décidé de ne pas suivre le mouvement cette année. "Il y a suffisamment d'offres toute l'année. On aura bientôt les ventes privées puis les soldes de janvier. Avec toutes ces promotions successives, le consommateur est perdu."

Au-delà même d'être noyé sous les promotions, les associations de consommateurs, elles, appellent à prendre garde. "Il faut faire attention aux arnaques, alerte Françoise Pilard, présidente de l'UFC Que Choisir d'Orléans. Pour être certain que la promotion est intéressante, il faut vérifier le prix de départ et celui proposé en réduction."

Des rabais pas toujours intéressants.. et des pratiques douteuses

Il faut dire que le Black Friday ne rentre pas dans le cadre légal des soldes, il doit respecter les normes habituelles d'opérations commerciales.

Les commerçants ne peuvent pas vendre à perte et le prix affiché doit être le plus bas des trente derniers jours. Et cette règle n'est pas toujours respectée. Parfois même, les enseignes utilisent des subterfuges pour proposer des produits à un prix sans réelle réduction, voire plus chers. "Certains augmentent leurs prix de façon très importante un mois avant, puis les baissent d'un coup, dénonce Grégory Caret de l'UFC Que Choisir. Ça donne l'impression qu'ils font une réduction incroyable alors que vous auriez acheté ce produit au même prix un mois plus tôt."

Depuis 2022, la loi européenne Omnibus a été transposée dans la législation française. Censée réglementer les pratiques commerciales douteuses, la loi se révèle contre-productive par rapport à son objectif. En effet, elle permet au commerçant d'utiliser un "prix de comparaison" pour sa réduction. Concrètement, un commerçant peut décider qu'il affiche un rabais par rapport au prix d'un autre concurrent ou du prix catalogue. "Avant cette loi, il y avait une zone grise, déplore Grégory Canet. Aujourd'hui, on a légalisé une pratique que je qualifierais tout de même de trompeuse pour le consommateur."

Le commerçant est censé indiquer clairement qu'il utilise un prix de comparaison. Mais en pratique, la mention est souvent en petit caractère, et qui va lire le petit astérisque caché dans le bas de la page ? Il arrive même que le commerçant s'en passe totalement explique l'UFC Que Choisir.. et qui pourrait même le vérifier ? "Il n'y a quasiment pas de contrôles, assure Nadia Lorillard-Malbec de la FDUC Touraine. Et certaines enseignes en tort brassent tellement d'argent qu'une petite amende ne les empêchera pas de continuer."

À y regarder de plus près, le Black Friday ne semble pas toujours si avantageux. Selon l'association Consommation Logement Cadre de Vie, 35% des prix des articles sont plus élevés le jour du Black Friday que lors du mois le précédant et en moyenne les réductions ne sont que de 17 % par produit.

Réparer plutôt que consommer ?

Le porte-monnaie n'en sortirait que peu gagnant alors même que le coût environnemental, lui, serait astronomique. "Ces pratiques promotionnelles font croire qu'il y a une urgence à acheter et créent un besoin superflu, analyse Manon Richert de Zero Waste France. Quand on sait que produire une télévision nécessite 2,4 tonnes de matières premières (c'est le poids de deux hippopotames), il faut prendre le temps de réfléchir à l'usage qu'on en fera."

Un sujet qui visiblement fâche toujours. La semaine dernière, une publicité de l'Ademe déconseillant la surconsommation a créé une discorde au sein du gouvernement entre le ministère chargé de l'Écologie et celui de l'Économie. "La campagne de l'Ademe a fait polémique, reconnaît Manon Richert. Le point n'était pas forcément le désachat, mais la mise en valeur des alternatives comme la réparation ou le reconditionnement qui sont invisibilisées par les pratiques promotionnelles comme le Black Friday."

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