Ce lundi, le personnel soignant du pôle cardiologie du CHRU de Tours était appelé à se mettre en grève pour une durée illimitée. Après l'hôpital pour enfants Clocheville, les équipes de nuit, les urgences et le pôle de chirurgie digestive, un nouveau service rejoint le mouvement pour demander des moyens humains. Entretien avec Sébastien Hameau, représentant syndical sud santé sociaux au CHRU de Tours.
"La cardiologie est en souffrance depuis quatre ans. Il y avait déjà eu des alertes sur les changements de planning et les rappels à domicile. Là, l'élastique a craqué. La direction a trop tiré dessus", constate Sébastien Hameau, représentant syndical sud santé sociaux au CHRU de Tours.
Alors que les Urgences du CHRU de Tours sont en grève depuis 2019 et que 18 des 20 services de l'hôpital pour enfants Clocheville sont mobilisés depuis début octobre, le pôle cardiologie du CHRU de Tours rejoint le mouvement à compter de ce lundi 27 novembre. "Les déclencheurs, ce sont les rappels à domicile incessants et les autoremplacements. On doit revenir le samedi et le dimanche et on nous fait culpabiliser pour que nous revenions sur nos jours de repos", explique l'élu sud santé sociaux. "Les soignants sont épuisés. Ils ne savent plus comment se faire entendre. La passion s'en va".
Plus on doit s'autoremplacer, plus on est épuisé et plus l'absentéisme augmente
Sébastien Hameau, responsable syndical Sud Santé Sociaux CHRU de ToursFrance 3 Centre-Val de Loire
Et d'alerter : "Le nouveau Centre hospitalier (NHT) va ouvrir dans six ans. ll y aura des locaux tous neufs mais il n'y aura plus personne à mettre dedans. L'hôpital brûle de l'intérieur. Il s'autoconsume".
À l’origine de l'épuisement des soignants, l'intersyndicale CGT Sud Santé socia ux pointe le manque de personnel chronique accentué par un taux d'absentéisme croissant. "Plus on doit s'autoremplacer, plus on est épuisé et plus l'absentéisme augmente", constate Sébastien Hameau. "La faute n'est pas celle des absents. Si la direction créait des postes fixes dans les spécialités et respectait les congés et le temps de repos sans nous rappeler à domicile, il y aurait moins d'absentéisme."
Des annonces de création de postes par la direction du CHRU
Début octobre, lors du début du mouvement de grève à l'hôpital Clocheville, Samuel Rouget, directeur des ressources humaines du CHRU de Tours expliquait " qu'une équipe de suppléants existait mais qu'elle était insuffisante quand le taux d'absentéisme dépassait les 7-8%". Là, le taux d'absentéisme est en moyenne de 11 % et atteint jusqu'à 14 % au pôle Tête et cou et Mère-enfant. Il s'engageait alors à renforcer l'équipe de suppléants. "Ces postes seront financés sur les ressources du Ségur de la Santé. Nous espérons que cela permettra d'améliorer la situation".
Apparemment, près de deux mois plus tard, la situation ne s'est pas arrangée à Clocheville malgré l'annonce par la direction de la création de "neuf postes auxquels s’ajoutent les quinze de la seconde équipe de renforts saisonniers". La grève perdure à Clocheville et de nouveaux services se mettent en grève au CHRU de Tours en cette fin novembre comme la cardiologie et la chirurgie digestive.
Une grève en manque de visibilité
La grève des soignants est peu visible puisque la plupart du personnel est assigné. "On a l'obligation de se déclarer gréviste deux jours avant. Ensuite, l'encadrement regarde s'il y a assez d'effectifs pour que certains puissent cesser le travail. Mais vu le manque de personnel, c'est très rare", ironise Sébastien Hameau.
Pour alerter les usagers et les médias, les services de chirurgie digestive et du pôle de cardiologie organisent un rassemblement ce mardi 28 novembre à l'hôpital Trousseau à Chambray-lès-Tours.