Menacés par un plan social, les salariés de Servier dans le Loiret font grève

Près de 150 emplois loirétains du groupe pharmaceutique Servier sont concernés par un regroupement des services de recherche et développement en région parisienne. Les grévistes dénoncent une stratégie de pourrissement de la part de la direction, et redoutent le plan social.

"Ce n'est pas dans l'ADN de Servier de faire grève." Et pourtant, 50 salariés du groupe ont arrêté le travail ce mardi 8 mars, sur le site du groupe pharmaceutique situé à Gidy, dans le Loiret. Sous le coup d'un plan social, les grévistes dénoncent les propositions faites par la direction.

Le groupe Servier prévoit en effet de regrouper toutes ses branches chargées de la recherche et du développement sur le plateau de Saclay, au sud de Paris. Une stratégie "qu'on comprend et qu'on soutient", assure Guy Vermeil de Conchard, salarié à Gidy depuis 35 ans. Pour lui, ce plan est "nécessaire pour le groupe". En revanche, "ce qu'on ne comprend pas, ce sont les mesures indignes" proposées par la direction, assène Marie-Pierre Renaud, cadre à Servier Biologie depuis 35 ans, pour qui cette grève est "une grande première". 

Amplitude horaire de 12 heures

À Gidy, 67 emplois en recherche et développement sont concernés par le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), en plus des 80 collaborateurs du site d'Orléans. À en croire Eric Martinez, délégué syndical CFDT et administrateur de données à Gidy depuis 1986, ce que la direction a mis sur la table lors des négociations "n'est pas à la hauteur des enjeux" : 

Ce sont des conditions de départ qualifiées par nos experts de "dégueulasses". On demande que la direction permette aux collaborateurs une période d'adaptation pour la mobilité. Ça fait une amplitude horaire de 12 heure d'aller à Saclay, de travailler à Saclay, de revenir de Saclay. Sur les plans personnel, familial, personnel, ça serait compliqué.

Eric Martinez, délégué CFDT Servier Biologie

Clémence Roblin est technicienne de laboratoire depuis 16 ans à Gidy. Chaque jour, elle fait déjà 150 km. "Avec Saclay, je passerais à 5 heures de route... Comme je ne peux pas déménager, je n'ai pas le choix", explique-t-elle. Aujourd'hui, elle dit connaître son avenir, "et il ne sera pas chez Servier malheureusement". 

De façon générale, Guy Vermeil de Conchard regrette que "les personnes qui vont migrer ne sachent pas dans quelles conditions elles vont le faire", tandis que ceux qui ne peuvent pas accepter la mobilité "vont être mis dehors dans des conditions indignes". 

Jouer la montre

Le groupe Servier informe de son côté que "des mesures d'aide à la mobilité sont en cours de discussion", assurant avoir "toujours privilégié le dialogue social avec ses représentants du personnel". La direction dit avoir "bien conscience que cette période [...] peut être source d'émotion pour certains collaborateurs", mais affirme que sa "priorité" réside dans l'accompagnement des salariés concernés par "des mesures appropriées". 

Des éléments de langage que réfutent les grévistes. "Le groupe Servier ne récompense pas ses fidèles salariés", juge Guy Vermeil de Conchard. Selon lui, la moitié des effectifs de Gidy ont 30 ans d'ancienneté. Lui-même "voudrai[t] arrêter [sa] carrière maintenant" et dit attendre "que la direction face un effort pour l'ensemble des salariés de plus de 55 ans". Décidée à quitter Servier, Clémence Roblin, elle, demande "un accompagnement digne du travail que j'ai accompli pendant toutes ces années". 

Les grévistes dénoncent une stratégie du "pourrissement" des négociations de la part de la direction de Servier. "On sent bien qu'ils ne nous donnent plus d'informations pour nous étrangler à la fin", estime Marie-Pierre Renaud. Il reste deux semaines et demi aux salariés pour tenter de faire entendre leur voix, après plus de trois mois de négociations, entamées fin novembre.

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