Diffusé par le syndicat Sud Santé, une lettre de l’hôpital d’Orléans a suscité beaucoup de réactions, jusqu’à faire douter de sa véracité. La direction a confirmé que ce courrier type est bien réel, mais elle a précisé qu’il fait suite à des difficultés rencontrées avec un patient véhément. Elle reconnaît néanmoins une formulation très maladroite et va la corriger.
L'initiative a choqué et a créé une polémique. Dans cette lettre signée du directeur général adjoint du centre hospitalier régional d'Orléans (CHRO), certains patients ont pu lire ces lignes :
Le médecin qui s’occupe de vous pense que vous pouvez être admis dans un autre établissement du territoire faute de lits au chr. Je vous serais donc obligé de bien vouloir prendre vos dispositions de sorte de libérer votre chambre maintenant aussitôt que possible. Un nouveau patient en a besoin.
Direction de l'hôpital d'OrléansPubliée par Sud Santé
Visiblement le courrier est destiné aux patients hospitalisés aux urgences, il a été envoyé à plusieurs médias orléanais par Sud Santé.
Une version destinée aux femmes admises à la maternité et quasiment identique a également été publiée sur la page Facebook du syndicat :
Vrai ou fake ?
La première réaction, au sein de la rédaction de France 3 Centre-Val de Loire, a été de s’interroger sur la véracité de ces courriers. Un simple "Monsieur" ou "Madame", pas d’adresse, pas de justification expliquant cette demande, et des formules incorrectes comme "maintenant aussitôt que possible".
Interrogée sur ce point, Lucie Corneat, déléguée syndicale Sud Santé au CHRO explique qu’elle et ses collègues ont "été alertés par plusieurs agents", dont certains à qui "il a été demandé de faire des photocopies. Quand ils ont vu la teneur du courrier, ils n’ont pas compris."
Face à cette situation inédite, le syndicat a contacté des médecins : "Certains étaient au courant mais pour ceux qu’on a pu avoir, ils n’étaient pas d’accord pour diffuser ce courrier-là car cela les met en cause." Elle fait référence ici à la phrase : "Le médecin qui s’occupe de vous pense que vous pouvez être admis dans un autre établissement du territoire faute de lits au chr."
Un patient "très véhément"
Ce qui incite le syndicat à dire que ce document est vrai est aussi le post-scriptum inscrit en bas de page : "le code de la santé publique dispose que c’est le directeur de l’hôpital qui décide, sur propositions des médecins, de l’admission et de la sortie des patients hospitalisés".
"Il y a eu une situation récente avec un homme qui a été très véhément avec une équipe, se souvient la déléguée syndicale. Le directeur général nous avait sorti le post-scriptum pour des patients qui ne seraient pas corrects avec des professionnels de santé, il nous avait expliqué que le directeur pouvait ordonner la sortie du patient."
C’est justement ce cas précis qui a incité la direction générale à écrire ce courrier.
Il y a eu une crise lundi où on n’avait pas de lit, et il fallait absolument qu’on adresse des patients à d’autres établissements,
confirme Olivier Boyer le directeur général du CHRO.
"Il y avait dans les services en difficulté des patients qui refusaient d’aller dans les établissements où on pouvait les accueillir."
A la suite de cette journée "compliquée" et très tendue, la direction a donc réfléchi à un courrier type "avec les médecins que ce soit les urgentistes ou les gynécologues qui sont confrontés à la même difficulté".
"Courrier très violent"
Problème : si l'esprit de cette lettre type, d'après la direction, est d'éviter que ce genre de situations ne se représente et que des patients ne s'en prennent aux professionnels de santé, la formulation est choquante pour les représentants syndicaux.
"Je trouve ce courrier très violent, pointe Lucie Corneat. Si la personne vient aux urgences ou à la maternité, elle ne prend pas la place de quelqu’un d’autre, très souvent il y a une justification de l’hospitalisation."
Elle a par ailleurs "l’impression que c’est à la personne d’organiser son séjour dans l’autre hôpital, alors que normalement c’est à l’hôpital d’organiser tout ça". Le syndicat a donc décidé de le publier "pour éviter que ce ne soit distribué aux patients". A sa connaissance, aucun patient n'a reçu cette lettre.
"On est désolés"
"Ce courrier a été fait sans doute dans la précipitation", poursuit le directeur qui ne l'a pas rédigé mais reconnaît des propos maladroits. "J’ai demandé qu’on revoie la formulation dans un mode empathique", assure-t-il.
Il conclut en précisant que c’est évidemment à l’hôpital d’organiser le transfert d’un patient et son séjour dans un autre établissement. "Il n’est pas question de mettre des patients à contribution, c’est nous qui voyons où ils peuvent être adressés et où ils vont. On est tout à fait désolés vis-à-vis de nos patients."