A l'hôpital d'Orléans, la situation est très tendue entre Olivier Boyer, directeur général du CHU et ses salariés. Selon les syndicats, la direction de l'hôpital aurait laissé croire aux salariés qu'ils ne seraient pas payés sur certains mois de l'année.
La direction et plusieurs salariés sont-ils arrivés au point de non-retour ? Depuis plusieurs semaines les méthodes employées et les décisions prises par Olivier Boyer, le directeur général du CHU, ne semblent plus du tout comprises par une partie du personnel.
Dans les faits, la direction doit absolument réaliser des économies, avec un déficit de près de 50 millions d'euros sur l'année 2024, et de 200 millions en cumulé. Or, ce qui interroge les syndicats, c'est notamment l'absence d'Olivier Boyer, qui ne s'était pas présenté au CSE de la semaine passée, après avoir annoncé vouloir "trouver des mesures pour attirer du personnel, en faisant notamment un effort sur le temps de travail", dans la République du Centre.
Un plan de redressement soumis aux instances en début d'année 2025
"On s'attendait à ce que le directeur vienne nous fournir des explications sur ses propos (à la presse régionale). Il ne s'est pas présenté donc on a refusé de siéger parce que ce genre de position et d'attitude n'étaient pas acceptables", explique Isabelle Riva, secrétaire adjointe de section CFDT.
De son côté, joint par France 3, Olivier Boyer indique qu'une "situation de tension de la trésorerie a donné lieu à des fuites dans la presse et m'a valu d'être interrogé". La question devait être posée lors du Comité social et économique reporté ce lundi 17 décembre, mais "qui ne s'est pas tenu non plus, car il a annoncé un plan de redressement", en janvier prochain, s'agace Isabelle Riva.
Un plan de redressement visant à réduire le déficit de l'hôpital tout en soutenant l'activité. Soit "travailler plus sans être payé plus et en étant moins nombreux", résume Grégory Quinet, membre du syndicat Sud santé sociaux du CHU d'Orléans. Selon le syndicaliste, "certains chefs de service ont dit à certains personnels qu'il fallait sacrifier sa vie privée pour sauver l'hôpital".
Il va y avoir un plan de redressement pour rétablir progressivement l'équilibre budgétaire. Pas seulement avec des économies, mais aussi avec un développement d'activité. Ce plan va être construit à partir du début d'année prochaine avec les instances de l'établissement.
Olivier Boyer, directeur du CHU d'Orléans.
Olivier Boyer rétorque : "cette situation financière provient d'un déficit budgétaire qui s'explique pour plusieurs raisons, notamment la sortie du Covid", dont l'hôpital subit encore les conséquences. "L'activité n'est pas repartie aussi vite que ce qu'elle aurait dû, ce qui explique le déficit dans lequel on est."
"Des menaces perpétuelles sur les agents"
Des salariés qui ont l'impression de devoir boucler le trou financier de l'hôpital "sauf que ce n'est pas de leur responsabilité". Pour répondre aux exigences de la direction, certains services de l'hôpital pourraient passer à des journées de 12h de travail.
"Six à dix mois après qu'un service passe en 12h, il y a un renouvellement de 60% des effectifs", estime le syndicaliste, sceptique sur ce mode d'organisation du travail. "Il y aura des réorganisations et des changements d'horaires. Ce sont des menaces perpétuelles sur les agents", estime Dorine Lemasson, élue CGT du CHU.
Le directeur de l'hôpital d'Orléans, assure, de son côté, "être souvent en face de personnels qui veulent travailler 12h par service, notamment les jeunes. Comme cela, ils viennent moins souvent à l'hôpital", explique-t-il.
Après le covid, l'hôpital a aussi connu des tensions sur les métiers d'infirmiers. "On en formait moins que les autres départements de la région. Un des efforts que l'on a faits avec le Conseil régional, c'est que l'on s'est mis à former davantage d'infirmières. C'est l'une des difficultés de l'hôpital d'Orléans et on a dû fermer des lits. Aujourd'hui, on cherche encore à embaucher des infirmières, et fréquemment, ils nous disent qu'elles souhaitent travailler en 12h", poursuit Olivier Boyer.
Une grande partie du personnel commence à se rebeller. Dans leurs valeurs, ils auront toujours l'objectif de soigner les gens. Mais on ne pourra plus continuer à soigner si l'on est malades.
Grégory Quinet, Sud santé sociaux.
Les services de réanimation, les sages-femmes sont par exemple effectivement passés à 12h de travail par jour. Le personnel du bloc opératoire ne passera, lui, pas à ces nouveaux horaires. Selon nos informations, certains salariés auraient même craint de ne pas être payés en janvier 2025 avant que la direction, par un courriel, n'affirme que les prochaines paies seraient bien assurées. Néanmoins, pour les primes de fin d'année, "nous n'avons pas été informés de quoi que ce soit", conclut Dorine Lemasson.
Un préavis de grève du 24 au 31 décembre a donc été déposé par les syndicats de la CGT et de SUD. La CFDT pourrait suivre dans les prochains jours, mais la décision n'est pas encore prise.