Exclusif : Orléans, 150 personnes salariées de l'Etat ont été potentiellement exposées à l'amiante sur un chantier

Ahurissant ce qui se passe à la D.R.A.A.F et à la DIRECCTE à Orléans. Les salariés des deux organismes sont au chômage technique depuis le 22 novembre 2018. 150 personnes tout de même. La raison ? Leur bâtiment, en travaux, contient de l'amiante et n'a pas été confiné ! Ils ont donc été exposés.

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Les travaux, prévus depuis longtemps, devaient consister à changer les sols d'un couloir dans les bureaux de la D.R.A.A.F, la Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt du Centre-Val de Loire, situés dans le quartier de Coligny à Orléans. Dans le bâtiment, travaillent 150 fonctionnaires de l'Etat, répartis dans deux entités, la D.R.A.A.F et la DIRECCTE, la direction régionale des entreprises, de la concurrence de la consommation, du travail et de l'emploi en Centre-Val de Loire. 

Le maître d'ouvrage, la D.R.A.A.F,  a confié ces travaux importants à une société de l'agglomération orléanaise.
 

150 personnes évacuées en catastrophe

Le jeudi 22 novembre, c'est le premier coup de marteau. Toute la matinée, les ouvriers ont décollé les sols. Les salariés, situés à côté du chantier, s'accommodent du bruit des travaux et de l'empoussièrement important.

Dans l'après-midi, l'un d'eux s'interroge et part discuter avec les ouvriers. "Au fait, cela n'a rien donné le diagnostic amiante ? Pour un bâtiment si vieux ?". Là, silence des ouvriers qui se regardent. Ils ne savent pas. Le salarié s'adresse au maître de chantier, lui non plus n'a pas la réponse. Il décide de se renseigner plus avant et c'est la stupéfaction. "Il n'y a pas eu de repérage amiante avant les travaux ! C'est hallucinant !" nous raconte un.e salarié.e présent.e ce jour-là. Immédiatement, les 150 salariés qui travaillent dans le bâtiment sont invités à quitter les lieux en attendant les résultats d'un diagnostic amiante qui est commandé en catastrophe.

Les résultats ne tardent pas à tomber. Le mardi suivant, les 150 salariés apprennent qu'ils ont été exposés à des poussières d'amiante. En effet, selon l'expertise menée par une entreprise indépendante, de l'amiante est bien présente dans la colle des sols. 

Nous avons contacté la direction de la DRAAF pour qu'elle puisse s'expliquer. La préfecture du Loiret a décidé de répondre à nos questions par la voix du secrétaire général, Stéphane Brunot. Ce dernier se défend sur le diagnostic amiante qui "aurait bien été réalisé", mais "qui n'a pas démontré la présence d'amiante" selon lui. "Je vous aurai bien montré les documents mais l'évacuation s'est faite très rapidement. Tous les documents sont dans le bâtiment désormais confiné." Rapidement, c'est le terme, dans la précipitation, les gens ont même laissé leurs clés de voitures sur place ! "La dangerosité de l'amiante c'est quand l'exposition est longue, nous dit-il, là nous avons réagi rapidement", explique Stéphane Brunot.

Quand on interroge le secrétaire général de la préfecture du Loiret sur comment une telle situation a pu se produire, celui-ci réaffirme que les diagnostics amiante n'avaient pas démontré la présence de cette substance cancérigène à cet endroit-là. "L'important, je pense, c'est que nous ayons immédiatement réagi en évacuant les personnels et que le bâtiment a été confiné."

"La difficulté que nous rencontrons actuellement c'est de permettre la continuité des services, poursuit-il, car dans ce bâtiment, il y a des services de l'inspection du travail, des services de la direction de l'agriculture, qui sont en train de payer un certain nombre de subventions ou de factures. Nous avons fait un relogement provisoire pour l'instant. Et nous attendons les résultats pour savoir quelles parties du bâtiment peuvent être réintégrées, évidemment avec toutes les conditions de sécurité possibles pour les agents", explique Stéphane Brunot. 

Pour l'heure, une analyse est effectivement en cours pour déterminer le niveau de pollution du bâtiment. Les résultats devraient être connus la semaine prochaine. 


Chômage technique pour 150 salariés très inquiets 

Depuis le 22 novembre, les salariés de la D.R.A.A.F et la Direccte sont invités à faire du télé-travail pour certains, pour d'autres, les directions essayent de leur trouver un lieu de travail. La médecine du travail a été chargée de faire remplir aux salariés une "fiche d'exposition à l'amiante". Si dans quelques années les salariés développaient un cancer, grâce à cette fiche, ils pourraient se retourner contre l'Etat. En attendant, ils sont inquiets. "Pour les salariés inquiets, il y a un médecin de prévention, je les invite à le consulter" nous a confié le secrétaire général de la préfecture, bien embarrassé par la situation. 

Il faut dire que l'amiante est très volatile et les effets sur la santé des personnes exposées peuvent être catastrophiques. L'expertise collective de l'INSERM de 1996 a réaffirmé que toutes les variétés d'amiante sont cancérigènes. Mais l'inhalation de fibres d'amiante peut aussi entraîner d'autres pathologies comme l'asbestose ou les plaques pleurales.

Un CHSCT est convoqué la semaine prochaine pour tenir les salariés informés. 
 
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