Orléans : la canicule sur le marché de La Source, une "catastrophe" pour les commerçants

La canicule a provoqué de terribles pertes pour les commerçants. Au marché de La Source jeudi à Orléans, les vendeurs de fruits et légumes ont tenté de limiter la casse.

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"C'est la fournaise !"  Yasmina, protégée du soleil par une djellaba verte, ne cache pas son dépit. Sa petite production de légumes de saison à Saint-Jean-de-la-Ruelle (Loiret) n'a pas été épargnée par la canicule. Résultat : sur le marché de La Source, à Orléans jeudi, elle ne peut proposer à ses clients ce qu'elle voudrait. "Les tomates ont mûri beaucoup trop vite." A côté, les poivrons font pâle figure et la coriandre a été laissée de côté. "La chaleur me l'a tuée, on ne l'a même pas sorti", explique la maraîchère à une cliente, qui a acquis un bouquet pour une somme dérisoire.

Sur le marché, place Albert-Camus, les deux poissonniers avaient déjà plié bagage à 10h30 pour conserver leurs produits, le vendeur de gâteaux sous emballage les voyait fondre sous ses yeux, impuissant. Et les vendeurs de fruits et légumes ne vendaient pas autant que d'habitude. La faute, entre autres, à la canicule - le mercure flirtait avec les 40 degrés - qui a refroidi bon nombre d'Orléanais.


50 % de chiffre d'affaires en moins 

Yasmina le sait, elle vend à perte ce jeudi. "C'est la cata, il n'y a personne sur le marché. Déjà que le jeudi en été, il n'y a pas grand monde alors avec cette chaleur..." Aucun stock n'est possible, moins de production est mise en vente et les prix sont anormalement très bas - compter 1,50 € le kilo pour des concombres produits dans le Loiret. "On est obligés de baisser nos prix, sinon on ne vend pas." Elle estime ses pertes à 50 % sur de telles journées. "Comme fin juin..." Le premier épisode de canicule de l'année  avait déjà amoindri son exploitation familiale. Accompagnée de ses deux fils, elle semblerait presque s'ennuyer. 


Vendre ou jeter

Le forage qu'elle a mis en place a sauvé une partie de ses productions. "Les tomates, les courgettes ont besoin d'eau. Comme il n'a pas plu depuis un moment..." explique t-elle, tout en jetant des concombres dans une benne en fin de matinée. C'est pourtant le légume qu'elle a le plus vendu ce jeudi.
 
Cette semaine, il n'y a pas que la température qui pose problème. Sa chambre froide l'a une nouvelle fois lâchée. "J'en ai encore pour plus de 1 000 euros de réparation, peste t-elle. Et tout s'âbime." Très difficile dès lors de faire rentrer des marchandises déjà sorties pour un marché. Le défi est simple : vendre ou jeter. 

A 50 centimes, je préfère ne rien vendre

A quelques mètres de là, le détaillant l'a bien compris. L'homme au t-shirt Sergio Tacchini, s’agite, crie pour rameuter des clients et brade ses poires - 50 centimes le kilo. Il est à peine midi. "Normalement à midi, il y a un monde ! explique Yasmina, qui a fixé son prix à 2 euros. A 50 centimes, je préfère ne rien vendre." Elle finit par baisser le prix de ses concombres, à 1 euro le kilo, et à faire des ristournes à certains de ses habitués.

Les prix bas avancés par son homologue au stand trois fois plus imposant, Yasmina les comprend : "Il y a une dizaine d’employés à y travailler." De celui qui va changer les palettes à celui aux caisses ou encore l'homme chargé de jeter les emballages... Pas de concurrence possible avec le fonctionnement de Yasmina. "Ca n’a rien à voir, je gère de mon côté une exploitation familiale." Le détaillant, lui, récupère sa marchandise au Maroc ou depuis le marché de Rungis. Personne n’est épargné : ni le petit producteur ni l’antenne de région parisienne.


Marchandises bradées

Beaucoup plient bagage à midi, à une heure de la fin du marché. Le même gérant de stand continue de se démener au point de tout brader. Après les poires, suivent les melons et la plupart de ses fruits – abricot, prune, raisin, nectarine – à 1 euro le kilo. Le genre d’annonce à réveiller un marché trop calme. A la caisse, la queue s’allonge doucement. Pas de quoi vider pour autant l'intégralité des stocks. Mais le détaillant a limité la casse, au moins au niveau de sa marchandise. 

Lorsqu'un client a annoncé à Yasmina qu'il pleuvrait jeudi soir et d'ici la fin de semaine, elle a retrouvé le temps de quelques secondes son sourire. "Ça fera du bien à mes productions." Son mois d'août sera compliqué, comme chaque année. Mais elle sait à quel point les fortes chaleurs ralentissent son activité. Elle n'espère maintenant qu'une chose : que la canicule ne surgisse pas de nouveau cet été.
 

 
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