Deux étudiants en commerce ont créé le mouvement "Uyghurs Lives Matter", en soutien à cette minorité turcophone de confession musulmane, persécutée par les autorités chinoises.
Attachés, les yeux bandés, ils attendent d'être chargés dans des trains, vers un sort que l'on sait terrible. Ces images, qui résonnent avec les heures les plus sombres de notre histoire, montrent le sort réservé aux Ouïghours, une minorité turcophone musulmane qui vit à l'Ouest de la Chine.
"Quand cette vidéo est sortie, il y a un an, c'est là que j'ai réalisé qu'il se passait des horreurs en Chine" atteste Soukayna*. "On est amenés aujourd'hui, au XXIème siècle, à parler de génocide. On a déjà vécu ça, on pensait avoir compris la leçon, et l'humanité commet la même erreur. Alors qu'on est encore en train de juger les coupables du génocide de la Seconde Guerre Mondiale ! C'est une atrocité, c'est impardonnable" s'émeut Ilias*.
*A leur demande et dans un souci de les préserver, le nom complet des interviewés ne sera pas diffusé.
Enfermement, travail forcé, tortures, viols, stérilisations contraintes, annihilation de leurs croyances et traditions... Entre discrimination ethnique et répression des vélléités indépendantistes, la Chine perpétue à l'encontre du peuple Ouïghour un véritable génocide.Cette vidéo de Ouïghours mains attachées et yeux bandés vient d'être montrée à l'ambassadeur de Chine en Grande-Bretagne.
— Loopsider (@Loopsidernews) July 21, 2020
Embarrassé, il a tenté de la discréditer, mais on sait d'où elle vient... pic.twitter.com/IvCAT0653E
"On ne peut pas inventer de telles choses : c'est réel"
Ces deux étudiants en commerce à Orléans ont fondé il y a peu le collectif "Uyghurs Lives Matter" ("La vie des Ouïghours compte", référence au mouvement Black Lives Matters). "Les états les plus puissants commencent à réagir, comme les Etats-Unis ou la France, mais il n'y a pas de sanctions. Ce n'est pas assez, et trop tardif, comparé à ce qu'il se passe là-bas. On ne s'attaque pas à la Chine, parce que c'est la Chine" juge Soukayna. La répression a pourtant commencé à prendre de l'ampleur dès l'année 2015. [Témoignage] La vie de Qelbinur Sidik Beg, professeure des écoles, a basculé lorsqu’elle a été recrutée comme enseignante dans un camp de «rééducation politique», au début de la campagne d’enfermement de masse des Ouïghours menée par Pékin https://t.co/om6cCJJu3e
— Libération (@libe) July 20, 2020
"Tout cela est resté confidentiel jusqu'aux révélations du New York Times. La Chine nie en bloc, mais il y a des preuves, on ne peut pas inventer de telles choses : c'est réel, abonde Ilias. Demander des comptes à la Chine, ce serait la moindre des choses. On a des organisations internationales, il serait temps de se mettre autour d'une table, et de mettre la Chine face à ses responsabilités. Mais ce n'est pas fait, et je ne sais pas pourquoi."
Sur la situation des #Ouighours, “Nous nous sommes exprimés à de nombreuses reprises avec nos partenaires européens. Nous avons marqué nos graves préoccupations à l'égard en particulier des camps d'internement dont nous avons demandé la fermeture.” - @JY_LeDrian #QAG pic.twitter.com/xcAwTtXLrO
— Sénat (@Senat) July 22, 2020
Un rassemblement de soutien le 8 août
Eux ont décidé d'agir. "Notre objectif est de faire les choses dans l'ordre : d'abord sensibiliser l'opinion, ensuite médiatiser le sujet, puis amener les responsables politiques à s'en emparer" détaille Ilias. Le samedi 8 août, un rassemblement sera organisé sur la place du Martroi, à 16h30. "200 personnes ont liké cette publication sur Instagram, environ 500 personnes en parlent sur Twitter... Je ne veux pas m'avancer, mais je pense que pas mal de personnes sont intéressées par ce mouvement."Ce rassemblement sera strictement pacifique, "c'est très important" confirme Soukayna. "On sait qu'en termes de rassemblement, ça va à l'encontre des consignes de l'état, mais on fera au mieux pour respecter les règles sanitaires. Il n'est pas possible de rester sans rien faire" conclut Ilias.