Ils devaient inventer le "train du futur" entre Paris et Orléans, mais des affaires de salaires impayés et des obstacles administratifs ont mis des bâtons dans les roues de Spacetrain. L'entreprise pourrait se retrouver en cessation de paiement.
Roulera ? Roulera pas ? L'année 2020 commence mal pour la start-up Spacetrain, dont le projet de train sur coussins d'air devrait révolutionner le transport ferroviaire. Côté face, les objectifs technologiques de la start-up sont atteints, comme en atteste Emeuric Gleizes, son fondateur. Flottant sur coussin d'air et propoulsé à l'aide d'une pile à hydrogène, le spacetrain pourrait théoriquement relier Orléans et Paris en un petit quart d'heure, cinquante ans après le rêve d'aérotrain de Jean Bertin.
Terminus pour le spacetrain ?
Côté pile, cependant, les difficultés s'accumulent. Il y a d'abord les obstacles administratifs. Pour ses premiers tests, Spacetrain a émis le souhait d'utiliser les voies de l'aérotrain, construits en 1969. "Il y a un blocage depuis quelque temps sur l'utilisation de cette ligne", reconnaît Emeuric Gleizes, "et le blocage vient de Bercy."La Direction de l'immobilier de l'État, à qui appartiennent les voies, a en effet retoqué le projet. Dans la région, pourtant, la société ne manque pas de soutien parmi les élus, et "les autorités locales ont donné un avis favorable sur l'utilisation de ce rail", poursuit le fondateur. D'après les prévisions de Spacetrain, un premier démonstrateur à l'échelle 1:3 devrait être mis sur les rails au cours du deuxième semestre 2020 afin d'ouvrir la voie à la version grandeur nature à partir de 2021.
Plusieurs procédures aux prud'hommes
En plus du volet administratif, les procédures entamées aux prud'hommes par plusieurs salariés font planer le doute sur la santé financière de Spacetrain. Comme le révèle la République du Centre le 7 février, un couple d'ingénieurs a saisi les prud'hommes pour obtenir le versement de salaires impayés depuis le mois d'août, soit près de 20 000 euros. Fin 2019, deux autres anciens salariés avaient reçu respectivement 7000 et 4000 euros d'indemnisations de la part de la start-up.La décision du conseil des prud'hommes est attendue le 14 février. A l'issue de cette dernière, le parquet d'Orléans pourrait saisir le tribunal de commerce de Paris, dont dépend la société Spacetrain, pour déclarer la cessation de paiements et ouvrir une procédure collective.