Depuis le 30 mars, toutes les personnes intéressées par l'escrime peuvent accéder tous les jours à des cours gratuits, dispensés par des maîtres d'armes internationaux. L'initiative a été lancée par Philémon Barruyer, entraîneur du Pôle France Relève de sabre, à Orléans.
Confiné chez lui, en Bretagne, Philémon Barruyer, entraîneur national des équipes de France jeunes de Sabre et du pôle France relève d'Orléans, a commencé à s'ennuyer au bout de quelques jours et a cherché comment occuper "utilement" son temps.
L'entraînement se fait en visioconférence, avec un maître d'armes, différent chaque jour, qui anime la séance, et un ou deux autres, derrière les écrans, qui peuvent corriger et prodiguer des conseils aux participants durant les exercices. Les trois armes, épée, fleuret, et sabre, sont représentées. Pour mener à bien son projet, Philémon Barruyer s'est appuyé sur les cadres de la Fédération Française d'Escrime et les maîtres d'armes de différents clubs français et étrangers. Pour suivre la leçon, tous les jours à 18h, il suffit de s'inscrire sur la page Facebook "Escrime à la maison".J'ai essayé de trouver un moyen pour les jeunes de continuer à s’entraîner, tout en restant dans un esprit club, d'où cette idée de Facebook live.
Jean-Philippe Daurelle, entraîneur des équipes de France de sabre, pour ouvrir le bal
La première leçon a été donnée le 30 mars dernier et c'est Jean-Philippe Daurelle, entraîneur des équipes de France de sabre, qui s'y est collé.Pas de séance type, chaque maître d'armes prépare son cours comme il l'entend avec, bien souvent, une phase d'échauffement, des exercices de déplacement et du renforcement musculaire. Jean-Philippe Daurelle a bénéficié de l'aide d'une jeune assistante. Si vous avez raté la leçon, voici la session de rattrapage :Ce premier cours en direct a été un succès, apprécié par ceux qui découvraient l'entraîneur tricolore mais aussi par ceux qui le connaissent très bien, comme par exemple Cécilia Berder, membre de l'équipe de France de sabre, qui le côtoie au quotidien à l'INSEP (Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance), le temple des sportifs de haut niveau.C'est une bonne idée. J'avoue qu'au début je n'étais pas très chaud pour le faire, c'est un exercice un peu délicat, vous n'avez personne face à vous. J'ai accepté par amitié pour Philémon et je l'ai appelé une semaine après pour le féliciter. C'est sympa et un peu dans l'air du temps.
La sociétaire du Cercle d'Escrime Orléanais, également journaliste pour nos collègues de France Info, a évoqué "Escrime à la maison" dans l'une de ses chroniques.
Licenciée au Cercle d'Escrime Orléanais, Cécilia Berder, sabreuse internationale et journaliste à France Info, à évoqué "Escrime à la maison" dans l'une de ses chroniques :Confinée chez elle en région parisienne, Cécilia Berder a un peu décroché de l'escrime depuis le report des Jeux Olympiques de Tokyo pour lesquels l'équipe de France féminine de sabre est qualifiée, mais elle a bien évidemment jeté un oeil sur ce qui était proposé.
*Cadre Technique Fédéral et ancien entraineur du pôle France sabre dame d'OrléansC'est une super initiative, j'ai eu l'impression de me retrouver à l'entraînement. C'est génial de retrouver mes maîtres d'armes, passionnés et passionnants. Mon entraîneur actuel, Jean-Philippe Daurelle, puis Frank Berthier*, qui me rappelle mes 15 ans, quand j'étais au pôle d'Orléans.
La championne du monde ne participe pas aux cours dispensés sur les réseaux sociaux, mais elle regarde régulièrement les vidéos mises en ligne, ce qui l'a incitée à remettre la tenue après 15 jours sans escrime.
Elle laisse les autres profiter du savoir-faire de tous ces maîtres d'armes expérimentés. C'est d'ailleurs l'un des objectifs annoncé par "Escrime à la maison" : "Permettre aux jeunes de s’entraîner avec des gens qu'ils n'ont pas l’habitude de voir en situation normale."
Les élèves du Pôle d'Orléans au rendez-vous
En lançant ce projet, Philémon Barruyer pensait bien sûr à ses élèves du pôle France relève d'Orléans, privés de compétitions jusqu'à la rentrée, et privés d'entraînement depuis le début du confinement.Coline Suzanne, dans la structure depuis trois ans, est retournée en famille, à Marseille. Etudiante dans l'événementiel sportif, elle est dans l'incapacité de trouver un stage dans ce contexte de crise sanitaire. Elle peut donc facilement suivre les leçons des différents maîtres d'armes.
Coline compte sur ces séances pour améliorer sa technique et continuer à s'entraîner toute seule avant la reprise des compétitions. "Il faut mettre en place de nouvelles choses, pour rester dans la dynamique et ne pas perdre ses capacités."C'est difficile de trouver la motivation pour s'entraîner seule, notamment pour les exercices de déplacement. Là c'est bien, c'est à la fois ludique et physique et en plus c'est enrichissant puisque les maîtres d'armes changent tous les jours. Ils ont différentes manières de faire.
La problématique est la même pour Amalia Aimé, élève en 1ère au lycée Charles Péguy à Orléans, et autre membre du pôle. Elle aussi est retournée en famille, à Genève, en Suisse, où elle doit jongler entre études et escrime.
Je passe mon bac de français cette année. L'écrit est en contrôle continu, mais on doit préparer l'oral qui est pour l'instant prévu en juin. J'ai quelques cours en visioconférence la journée, mais comme le cours est à 18 h, je peux faire les deux, c'est une question d'organisation..
Rythme très soutenu donc pour Amalia, qui doit plancher sur une quinzaine d'ouvrages (contre la vingtaine initialement prévue) pour préparer un éventuel oral. Forcément, il y a des grosses charges de travail, mais la jeune championne en a l'habitude.
Nous l'avions rencontrée à l'occasion de la Coupe du monde de sabre dames d'Orléans 2019 à laquelle elle avait participé.
Ce qui gêne Amalia dans ses nouvelles séances d'entraînement, c'est qu'elle n'a pas de vis-à-vis.
Les débuts ont été un peu compliqués, c'est dur de s'adapter. Il n'y a pas d'adversaire, pas de match, pas de sensations. Pas de compétition avant septembre, c'est dur à digérer, mais on se prépare.
Elle s'entraîne dans sa chambre, en essayant "de ne pas trop déranger les voisins du dessous". Comme tout le monde, elle s'adapte, essaie de retenir des choses et de refaire les exercices en y rajoutant parfois une note personnelle.
Une formule innovante, peut-être de nouvelles pistes de travail
L'opération "Escrime à la maison" vient tout juste d'être lancée et Philémon Barruyer réfléchit déjà à la possibilité d'exploiter les vidéos des différentes séances. Pourquoi-pas créer une base de données, archiver ces images, classer les méthodes de travail.
Vis-à-vis de ses élèves, cela peut permettre d'assurer un suivi de qualité à distance. Selon l'évolution des événements, il y aura peut-être des cours en fonction du niveau de chacun.
Pour l'instant, des séances sont réservées aux enfants le mercredi à 16 h, c'est "Escrime dans la cabane".
Pour tous les autres, rendez-vous à 18 h. Les cours, limités à 100 participants, sont gratuits et accessibles à tous, sur inscription via la page Facebook.
C'est l'occasion de recevoir les conseils des meilleurs maîtres d'armes, Français et étrangers. Très peu ont refusé l'invitation. "Ceux qui m'ont dit non l'ont fait pour des raisons logistiques, gardes d'enfants ou espaces restreints". Il est certain qu'effectuer des déplacements d'escrime sur quelques mètres carrés peut s'avérer compliqué.
Quoi qu'il en soit, si vous voulez croiser le fer, virtuellement, avec des partenaires prestigieux, dans votre salon ou votre jardin, c'est le moment ou jamais d'en profiter et toujours avec le sourire.