Procès de la madeleine mortelle : pas d'assassinat mais un homicide involontaire en appel

Alain Jousselin est reconnu coupable par la cour d'assises d'Orléans dans l'affaire "de la madeleine". Les jurés n'ont cependant pas estimé qu'il avait volontairement étouffé Yvette, nonagénaire, dans sa chambre d'Ehpad. L'ancien pompier écope de 3 ans de prison pour homicide involontaire.

Alain Jousselin ressort libre du tribunal d'instance d'Orléans. Coupable, mais libre, samedi 9 décembre. "Responsable de la mort, mais pas coupable d'assassinat"affirme Maître Abed Bendjador fils au lendemain de la décision. Les jurés et magistrats ont condamné son client, pour homicide involontaire, à 3 ans de prison et 30 000 euros d'amende, dans la mort d'Yvette, étouffée par des madeleines en mai 2019.

La cour a fait le choix d'écarter la qualification assassinat pour retenir celle d'homicide involontaire.

Maître Loïc Cabioch, avocat des parties civiles

Un verdict qui a surpris l'assistance. Aux yeux du conseil : "Les débats avaient mis en évidence le mobile, les jurés ont eu une autre décision, c'est leur choix". Celui du viager conclu par Alain Jousselin, en 1995. 

Cette dernière journée de procès avait joué les prolongations, avec presque douze heures d'audience. Le verdict n'est arrivé que tard dans la nuit, alors que les horloges avaient déjà sonné le changement de date entre le 8 et le 9 décembre. 

C'est la fin de 5 ans de combat judiciaire.

Maître Abed Bendjador fils, avocat de la défense

Le parquet général avait quant à lui requis 20 ans de réclusion assortis d'une peine ferme de 10 ans. L'homme est donc considéré comme responsable du décès la vieille dame, mais sans intention de la tuer. Un accident.

La peine déjà effectuée en détention provisoire 

Le sexagénaire avait déjà effectué trois années de détention provisoire avant le jugement de l'affaire en première instance, il a donc déjà purgé la peine à laquelle il a été astreint. À Tours, en 2022, il avait été acquitté. 

Cette peine prononcée en appel reste donc une "satisfaction" pour les parties civiles, "c'est quand même une déclaration de culpabilité" appuie Maître Loïc Cabioch. "Pour des faits d'homicide involontaire, les peines sont assez conséquentes".

Au cœur de ce procès qui a duré trois jours, la mort d'Yvette, nonagénaire et résidente d'un Ehpad Tourangeau. Elle avait été retrouvée morte, étouffée par des madeleines dans sa chambre après la visite d'Alain, le 13 mai 2019.

Ce jour-là, l'homme retraité avait apporté des madeleines et pris soin de verrouiller la porte de la chambre. Un comportement qui avait suscité des interrogations chez le personnel soignant. Le décès de la vieille dame a ensuite été constaté à 19h20 par une infirmière. La présence d'Alain à l'Ehpad deux fois dans la journée, sans son téléphone, porte verrouillée et le viager conclu avec la vieille dame en 1995 ont fait de lui le suspect numéro un.

À ce moment-là, d'après l'équipe soignante et les proches d'Yvette, elle ne s'alimentait qu'avec de la nourriture mixée.

Deux procès et toujours des zones de flou 

Parmi les éléments qui jouaient encore contre lui une recherche active de maisons pour déménager, peu avant le décès d'Yvette. L'estimation de la maison en viager, la prise de contact avec plusieurs notaires, viennent aussi s'ajouter au faisceau d'indices. Dans les deux mois qui ont précédé le décès d'Yvette, il s'est rendu plus régulièrement à l'Ehpad, estiment les enquêteurs. Jusqu'à trois fois par semaine.  

En 2019, Yvette n'est plus que "l'ombre d'elle-même" affirme sa petite-fille à la barre, "elle n'aurait pas pu manger des madeleines". Elle souffrait de problèmes de démences depuis son arrivée dans la structure, cinq ans plus tôt. 

La toilette mortuaire, réalisée avant l'arrivée des gendarmes avait aussi cristallisé les interrogations. Une aide-soignante, à la barre, a lancé une information qui aurait pu ressembler à un retournement de situation, comme les racontent nos confrères de la République du Centre. Un coup de fil reçu de la directrice de l'établissement, dans lequel elle affirme sa peur d'aller en prison. La question demeure alors : a-t-on cherché à dissimuler une faute de la part de l'établissement ? L'avocat général, Denis Chausserie-Lapree, avait évoqué quant à lui "la sidération du personnel soignant". 

Outre sa condamnation à de la prison ferme pour homicide involontaire, Alain Jousselin devra également verser 5 000 euros aux parties civiles. 

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