A Orléans, timide démarrage des soldes d'hiver, synonymes de casse-tête

Cette année, les soldes d'hiver peinent à trouver leur public en centre-ville d'Orléans. Explosion de la vente en ligne, sens de circulation imposé et gel hydroalcoolique à chaque entrée : la crise sanitaire y est encore pour beaucoup.

En ce premier samedi de soldes, la rue de la République d'Orléans est noire de monde. On retrouve près des magasins un public assez jeune, à l'image d'Ihssane, 26 ans, accompagnée de son petit copain. "J'ai déjà acheté sur Internet et là je viens seulement récupérer des colis. Il y a beaucoup de monde ici et le nombre de personnes dans les magasins est limité, ça ne donne pas envie de rentrer par curiosité comme on le faisait avant". Elle s'est aventurée dans quelques enseignes où elle trouve que les soldes sont plus importants que d'habitude : "C'est comme si on nous encourageait à acheter plus. En même temps, il n'y a rien à faire à part consommer en magasin" puisque restaurants, bars et boîtes de nuit gardent portes closes.

Un peu plus loin, Paul et Romain, tous les deux âgés de 18 ans, tenaient à venir faire leurs soldes en centre-ville. "On essaye de faire vivre les commerces orléanais, puis on voit toujours mieux l'article en magasin". Ils reconnaissent dépenser davantage dans le textile cette année, faute de pouvoir dépenser ailleurs. "Il faut se faire plaisir, puis on s'est dit pourquoi pas venir faire les boutiques avant d'être confinés à nouveau". Des rumeurs qui émanent non seulement des clients mais aussi des commerçants. Même si le gouvernement ne s'est pas encore pronconcé, le Journal de Dimanche de ce 24 janvier se montre très explicite à ce propos. Avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, difficile d'organiser des soldes "normales".

Bouleversement des habitudes de consommation

Flèches indiquant le sens de circulation, gel hydroalcoolique à l'entrée, port du masque : ces réflexes demeurent ancrés dans la tête de chaque clients. Au 17, qui tient son nom de son adresse 17 rue Sainte-Catherine, la boutique fait le plein en rayons et en cabines. Pourtant, Christian Vigande, le propriétaire, déplore une fréquentation plus basse que lors des précédents soldes : "d'habitude, la queue de la caisse va jusqu'à l'escalier". Elle était en effet réduite de moitié ce samedi après-midi. 

Il admet avoir augmenté ses promotions et être impacté par le décalage des soldes : "Je vends trois articles avec 20% supplémentaire, chose que je ne fais jamais en début de soldes. Beaucoup de grandes chaines ont fait des ventes privées en amont mais en boutique on ne peut pas suivre". Décaler les soldes en fin de mois n'est pas ce qu'il y a de plus optimal non plus pour les consommateurs. 

Sous les arcades de la rue Royale, la Maroquinerie Badinier est implantée à Orléans depuis presque cent ans. Sylvie Badinier, l'une des vendeuses, a rarement vu des soldes aussi calmes. "Il faut dire qu'en plus du contexte sanitaire, la météo ne nous aide pas vraiment. On vend quand même des parapluies mais ça n'a rien à voir avec les années précédentes". Boutique indépendante, elle et les autres employés se battent pour survivre. "A la différence de l'habillement, on ne peut pas proposer des réductions allant de -60% à -70% dès le début des soldes". Selon elle, ces réductions plus importantes s'expliquent aussi par l'explosion du télétravail. 

Les gens sont en télétravail donc ils n'ont plus besoin de s'habiller. Il faut les faire revenir en magasin pour qu'ils aient envie de se faire plaisir. 

Sylvie Badinier, vendeuse en maroquinerie

Bars et restaurants jouent aussi un rôle clé

Contrairement au reste du centre-ville, on trouve une rue de Bourgogne, réputée pour ses nombreux bars et restaurants, quasi déserte. Une situation dont souffre les commerçants environnants, comme David Cadet, gérant de la boutique de chaussures Tentation. Il estime être entre 20% et 30% de ce qu'il peut faire d'habitude en période de soldes. "Nous sommes plus un commerce de passage où l'on fonctionne au coup de coeur et à l'achat impulsif donc ça ne nous arrange pas vraiment. On a beau ouvrir les dimanches, les gens ne viennent plus par ici"

Dans une rue perpendiculaire, le magasin One Step dresse le même constat, avec 30% à 40% de taux de fréquentation en moins par rapport à l'an dernier sur la même période. En temps normal de soldes, les vendeuses se préparent psychologiquement à travailller davantage. "Regardez aujourd'hui, ma collègue n'a même pas besoin de moi. Je peux me permettre une pause alors qu'il nous arrivait de ne pas en prendre du tout", raconte Léna Barrand, la gérante du magasin en laissant deviner un sourire sous son masque.

La gérante souligne malgré tout l'aide apportée par l'association des vitrines d'Orléans, qui a créé il y a quelques semaines des chèques cadeaux pour relancer l'économie du centre-ville."Il y avait aussi cette politique d'acheter en boutique et de bénéficier par la suite d'un ticket de parking pour avoir deux heures gratuites. Ca permet aux gens extérieurs à la ville de revenir. Je trouve que la ville fait énormément pour aider ses commerçants". Alain Liger, le vice-président de l'association des vitrines d'Orléans, aimerait, sur le long terme, ouvrir à l'ensemble des commerçants demandeurs la possibilité de se procureur ces tickets.

 

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