"Sauvages", "comportement bestiaux" : les propos d'un adjoint orléanais dans "Enquête exclusive" créent la polémique

Florent Montillot, premier maire-adjoint d'Orléans, a déploré dans une émission de M6 tournée avant le confinement "l'état primitif" et les "comportements bestiaux, sauvages" des criminels. Un vocabulaire qui rappelle la notion "d'ensauvagement de la société", empruntée à l'extrême-droite.

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La chaîne de télévision M6 a diffusé ce dimanche 11 octobre un numéro d'Enquête exclusive consacré à la Métropole d'Orléans et à la "délinquance des mineurs". L'émission, comme il est de coutume dans ce format de la chaîne, présente le thème de l'insécurité dans cette "ville moyenne" à grand renfort d'images d'interventions policières en vue subjective et de colorimétrie délavée. Le tournage a eu lieu en grande partie avant le confinement, comme en témoigne l'absence de masque de la plupart des protagonistes.
 

"Une minorité qui se comporte de façon ensauvagée, scandaleuse"

Dans l'émission, une interview en particulier donne la parole à Florent Montillot, actuel premier maire-adjoint (UDI) d'Orléans délégué aux thèmes "Santé, Sécurité, Prévention et Université" et 15e vice-président contesté de la Métropole. Dans une courte séquence, ce dernier donne son sentiment sur l'origine de la criminalité sur le territoire national.
 

Pourquoi ? Parce qu'ils n'ont pas été éduqués, parce qu'il n'y a pas d'éducation parentale, parce qu'il n'y a pas eu d'éducation scolaire. On est à l'état primitif, à l'état de nature. Ces comportements bestiaux, sauvages, ce n’est pas la nature d’une société ensauvagée (sic), où c’est toute la société qui serait comme ça.

Florent Montillot, premier maire-adjoint d'Orléans


Joint par France 3, Florent Montillot assume ses propos, qui ne visaient pas, dit-il, à commenter la délinquance dans la Métropole mais les "quelques individus marginaux" à qui il reproche les viols, les actes criminels et les attaques contre les policiers. "Amusé, plus qu'autre chose" par la polémique, l'élu s'agace néanmoins lorsqu'on lui demande si ses propos ne créent pas un amalgame dangereux : "La journaliste m'interroge sur la situation nationale, je ne suis pas en tran de commenter un sujet que je n'ai pas vu à ce moment-là, et qui parle de quatre squatteurs et d'une gamine qui vole des portables !"

Quant à la "société ensauvagée", Florent Montillot condamne la formule du ministre de l'Intérieur, qu'il voit comme un moyen de "masquer la responsabilité de certains individus", d'une "minorité qui effectivement se comporte de façon ensauvagée, scandaleuse". 
 

 

Des "propos inqualifiables"

Cependant, les références à la "sauvagerie" des quartiers populaires, qui renvoie à un imaginaire d'extrême-droite repris à son compte cet été par le ministre de l'Intérieur, n'a pas manqué d'indigner l'opposition et au-delà. "Ce sont des propos inqualifiables", s'enflamme Tahar Ben Chaabane, ancien candidat centriste aux municipales orléanaises. "Qu'il y ait un problème d'insécurité, c'est évident, puisque cette équipe municipale est incapable de gérer la situation. On essaie par des gesticulation de masquer les manquements."

Pour l'ancien élu centriste, "cette équipe n'a pas eu le temps de se mettre au travail, puisqu'elle va d'affaire en affaire et de procédure juridique en procédure juridique", faisant référence à "l'affaire des masques" au sujet de laquelle le parquet d'Orléans a saisi en juillet la Direction interrégionale de la police judiciaire.

Dans une interview donnée à nos confrères de la République du Centre, le travailleur social et écrivain Yves Bodard, auteur de Banlieues, de l'émeute à l'espoir, a déploré des propos "graves, stigmatisants et lourds de sens". "Il parle du manque d’éducation, de l’état sauvage et de la bestialité d’enfants mineurs. Ce qui constitue la négation même de leur humanité. Monsieur Montillot n’est pas digne d’être un élu de la République, je demande sa démission."

Quant au maire d'Orléans et premier adjoint de la Métropole, Serge Grouard, il n'a pas souhaité commenter la polémique après les sollicitations de France 3, mais a défendu sur le plateau de CNews son bilan sécuritaire. De son côté, Florent Montillot a été désigné le 13 octobre chef de file de l'UDI pour les élections régionales 2021.
 

 
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