Le ministre de l'Éducation nationale a promis "un choc des savoirs" ce 5 décembre pour faire face à la baisse du niveau des élèves. Mais les mesures présentées par Gabriel Attal fâchent les syndicats.
Comme un constat d'échec pour le gouvernement. Le rapport Pisa, publié ce 5 décembre, révèle une forte chute du niveau des élèves de 15 ans dans les trois disciplines étudiées (mathématiques, compréhension de l’écrit et sciences) ainsi qu'une stabilisation des inégalités sociales.
Depuis la dernière édition en 2018, la note en mathématiques baisse ainsi de 21 points et celle en compréhension écrite de 19 points. Une chute historique constatée partout à travers les 81 pays ou territoires étudiés par l'OCDE.
Les conséquences du Covid
Pour expliquer cette baisse, plusieurs pistes sont avancées. Le Covid et ses conséquences sont évidemment pointés du doigt. Mais selon cette enquête, le sentiment des élèves d'être accompagnés ou non par leurs professeurs est également un facteur important.
Or, la France est toujours l'un des pays où les jeunes prétendent percevoir le moins de soutien. Ainsi, 62% affirment que l'enseignant apporte de l'aide supplémentaire aux élèves qui en ont besoin, c'est huit points de moins que la moyenne et 22 points de moins que le Japon.
"Urgence nationale"
Ce n'est donc certainement pas un hasard si le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a également choisi ce 5 décembre pour annoncer une série de mesures censées servir d'électrochoc.
Ce choc des savoirs et ce discours de vérité, je le dois aux Français.
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) December 5, 2023
Je le dois à tous nos concitoyens qui font confiance à l’École pour la réussite de leurs enfants.
Je le dois à tous ceux qui souhaitent que la pédagogie renverse la sociologie et déjoue les pronostics. pic.twitter.com/GxrobP5g4X
Parmi elles, la création de groupes de niveau en mathématiques et en français avec des effectifs réduits pour les groupes d'élèves les plus en difficulté, l'obligation d'obtenir le brevet pour passer au lycée ou encore un redoublement décidé par les enseignants.
Objectif du ministre : provoquer un "choc des savoirs" sur ce qu'il considère comme une "urgence nationale".
Des annonces très critiquées
Mais ces annonces ont fait bondir les syndicats d'enseignants du secondaire. Le secrétaire général du Sgen-CFDT de l'académie Orléans-Tours, Laurent Calmon, s'agace : "Ce sont des mesures un peu rétrogrades. On revient sur l'idéal du collège unique", souffle-t-il.
"SI un élève redouble mais qu'il n'a pas de professeur de maths pendant 3 mois, ce n'est pas d'une grande aide". Besoin de moyens pas de mesures cosmétiques. @SVenetitay @SNESFSU sur @BFMTV #ChocDesSavoirs #PoidsDuReel
— SNES-FSU (@SNESFSU) December 5, 2023
Le discours est identique chez le syndicat majoritaire au collége, le Snes-FSU : "Ce sont des mesures idéologiques... Ce n'est absolument pas ce qu'on attend !" se révolte Sylvie Lesné, la secrétaire départementale du Loiret. "On continue cette politique schizophrène qui génère l'échec au nom de la lutte contre ce même échec".
Investir et recruter
Pour les syndicalistes, les mesures du ministre ne prennent pas en compte les sujets essentiels : "Quand vous avez une classe de 35 élèves, c'est compliqué d'avoir une action pédagogique différenciée pour chacun d'entre eux", analyse Laurent Calmon. "Il faut aussi une meilleure formation des enseignants qui est actuellement portée presque uniquement sur les connaissances et pas sur la pédagogie".
On sait que la différenciation entre les élèves ne doit pas se faire dans des classes à niveaux. Au contraire, il a été démontré que l'hétérogénéité permet aux élèves en difficulté et à ceux qui s'en sortent le mieux de progresser.
Laurent Calmon, secrétaire général du Sgen-CFDT de l'académie Orléans-Tours
Pour Sylvie Lesné aussi, la question des effectifs et des investissements devrait être au cœur de la politique gouvernementale : "C'est le pompier pyromane. On supprime des postes et on se retrouve avec des classes surpeuplées. On est plus en mesure d'accompagner normalement les élèves et on nous parle de politique d'inclusion. On est furieux".
Pour l'heure, le ministre de l'Éducation n'a pas encore détaillé comment seront financées ses mesures, sans doute que les syndicats scruteront avec attention ces nouvelles lignes budgétaires.