Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, 4 000 soignants en pédiatrie tirent une nouvelle fois la "sonnette d'alarme". Fabienne Kochert, pédiatre à Orléans ne mâche pas ses mots sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire.
"Les enfants sont en danger, on ne peut plus les prendre en charge comme on devrait." Le message de Fabienne Kochert est clair, les soins prodigués aux enfants en France sont en déliquescence, et ça s'accélère depuis l'arrivée de la crise sanitaire. "Beaucoup de personnel a fui les hôpitaux, des lits ont fermé, ce qui fait que la situation est encore plus tendue qu'avant la pandémie" constate l'ancienne présidente de l'association nationale de pédiatrie ambulatoire (jusqu'en juin 2022 ndlr).
Lettre ouverte au Président
Invitée sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire samedi 22 octobre, elle a signé la lettre ouverte au président de la République Emmanuel Macron, avec 4 000 autres soignants pour crier un besoin urgent d'aide. "Les dirigeants actuels et passés ont fermé les yeux sur l’abandon de l’hôpital public et des services de pédiatrie. Ils sont désormais responsables des conséquences sur la santé des enfants." C'est ainsi que se termine la tribune publiée dans le journal Le Parisien.
Une quinzaine d'enfants ont dû récemment être transférés d'hôpitaux de région parisienne vers d'autres, notamment à Orléans, "alors que leur situation médicale était critique." Peut-on lire.
Tensions à l'hôpital et en ville
La tension ne concerne d'ailleurs pas que l'hôpital, les pédiatres libéraux aussi sont profondément inquiets. "Je suis pédiatre libérale, plus hospitalière" indique Fabienne Kochert, "nous aussi sommes de moins en moins nombreux. Nous attendons d'être entendus." Le manque de pédiatres est partout, en ville et à l'hôpital.
"La situation est tendue depuis longtemps, ce n'est pas nouveau", admet la professionnelle. Sauf que la pandémie a aussi rebattu les cartes de la circulation des virus : "On ne peut plus rien prévoir, les épidémies sont désorganisées, plus précoces, que ce soit pour la bronchiolite ou pour la grippe qui commence aussi à circuler." Celle de bronchiolite, qui arrive habituellement à son pic mi décembre est déjà bien installée.
Les confinements ont changé les règles
Cela s'explique : "Avec les confinements successifs, notre organisme n'a pas été exposé pendant un certain temps à la pression virale, et donc nous nous sommes affaiblis" et les virus attaquent n'importe quand.
Dans la région les services d'urgence pédiatriques sont sous tension. Certains endroits ferment temporairement face à l'affluence et au manque de bras : "ce qui ne veut pas dire qu'on ne consulte pas, mais on ne peut pas se présenter si on n'a pas une situation d'urgence extrême." Précise Fabienne Kochert.
Danger de fermeture à Bourges
À l'hôpital Jacques Cœur de Bourges, les craintes sont bien là. Face au manque de médecin, le service de pédiatrie et néonatalogie, le seul du département, les équipes ont peur de la fermeture. Ce qui obligerait les familles à se déplacer à Tours ou Orléans pour que les enfants puissent recevoir des soins adaptés.