Témoignages. "L'argent, j'en ai peur ! " Radins, flambeurs, économes, ... Comment le rapport aux dépenses dicte leur vie au quotidien

Cigale ou fourmi ? "Dis-moi comment tu dépenses, je te dirai qui tu es ! " Radins ou flambeurs, avares ou à l'opposé dépensiers, ils ont en commun un "petit" problème récurrent avec l'argent.

Entre l'adepte du "Un sou est un sou" et le joueur compulsif qui compte se refaire, il n'y a que le revers de la même monnaie.

Kathy, Gilbert, Claude, Vanessa, Corinne et Patricia ont en commun cet argent qu'ils laissent partir ou retiennent déraisonnablement. Des penchants aux antipodes qui ont pris le contrôle de leur vie. 

La radinerie se définit comme une tendance à dépenser le moins d’argent possible malgré l’absence de difficultés financières. Les avares sont des individus qui dépensent très peu dans le simple but d’avoir le plaisir de voir l’argent s’accumuler sur leurs comptes. Radins et avares font plus qu'économiser par nécessité, ils en font leur moteur et la calculette mentale n'arrête pas de tourner.

Les joueurs misent leur argent en espérant gagner un peu, puis toujours plus. Ils se résignent bien souvent à espérer n'avoir pas trop perdu quand il est l'heure de faire les comptes. Une prise de conscience tardive qui a bien du mal à servir de leçon. 

Une image plus ou moins assumée et des comportements parfois passés sous silence. Le documentaire "Un petit problème avec l'argent ?", de Jean-Luc Gunst lève le voile sur ces sujets tabous. Des témoignages livrés en toute confiance sous l'œil de la caméra pour nous interpeller sur nos petits travers qui peuvent nous gâcher la vie.

Gilbert, le négociateur

Dans sa Renault cinq qui consomme peu et ne demande pas trop d'entretien, Gilbert se déplace dans un rayon de vingt kilomètres pour acheter de l'essence au prix le plus prometteur. Le nom de la station dénichée sur Internet vaut bien le voyage pour gagner quelques euros. Le tuyau et le câble sont tirés, secoués à maintes reprises jusqu'à l'ultime goutte. Un sou est un sou et il n'y a pas de petite économie !

Gilbert n'est jamais parti en vacances. "Sa bonne affaire", lui sert essentiellement pour le travail, ce qui explique son faible kilométrage.

Il se définit lui-même comme un "négociateur", gagner sur deux euros sur une chemise mise en vente à cinq est une petite victoire. Manger dans la pénombre ne le dérange absolument pas. Bien au contraire, cela le rassure ! Ce sont les dépenses excessives qui lui font peur.

Quand le jeune homme sort avec ses amis, il ne mange pas. Les excuses ne manquent pas pour décliner l'invitation. "Je n'ai pas faim, c'est trop chaud, je préfère manger chez moi parce que c'est plus calme." Il ne boit pas non plus, même quand il a soif ! Pas question pour lui, de dépenser le moindre euro, ni de profiter de la générosité des autres.

Salarié, avec un revenu un peu plus élevé que le SMIC, ses moyens qu'il gère à la loupe, ne lui permettent pas de "jeter l'argent pas les fenêtres." mais l'autoriseraient sans doute à s'acheter une petite bouteille d'eau. 

Celui qui me traite de radin ou d'avare, je pense qu'il se trompe.

Gilbert

Les habitudes chassent l'imprévu, anxiogène. Prévoir pour ne pas se laisser surprendre, pour ne pas sortir des rails bien tracés. Gilbert prend le contrôle de ses dépenses en se rendant dans la même cafétéria où il peut utiliser sa carte de réduction, prend toujours le même menu frugal. Peu importe le temps perdu dans les transports pour économiser quelques euros. Pour Gilbert, le temps n'est pas de l'argent !

Ses amis le connaissent sur le bout des doigts, suivent le mouvement, tout en le titillant parfois avec tact et bienveillance.

Robert, le récupérator

Robert a 69 ans et il est retraité. Quand il entre dans un supermarché, le caddie est optionnel. Flâner, regarder tout ce dont il peut se passer lui procure une fierté. Pour ne pas risquer de se laisser tenter, il fait toujours ses fausses courses, le ventre plein. Déjouer les pièges de la consommation lui procure une véritable satisfaction.

"Aller boire un verre dans un bar, ce n'est pas mon truc. Je n'ai pas assez soif pour aller dépenser."

Robert

Se priver de chauffage, recycler l'eau pour différents usages, quelle aubaine ! Ce qui pourrait être vécu comme des contraintes est accueilli avec plaisir pour sa finalité : économiser. Pour Robert, rien ne se perd, " Mes enfants m'appellent le récupérator". 

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{} ©France télévisions

Robert préfère définir sa démarche comme "écologique". Sa retraite lui suffit largement, " J'ai du mal à dépenser tout ce que j'ai." ce qui n'a pas toujours été le cas, alors comme il le dit lui-même : "Ce que je mets de côté, paradoxalement, je le dépense pour polluer en avion."

Cinq ou six voyages par an, pour vivre sa passion : la plongée. Un sport qu'il pratique depuis une trentaine d'années, qu'il immortalise avec les images filmées par le cadeau reçu par ses collègues à son départ à la retraite.

On ne m'a jamais traité de rat. Enfin, si, en cas de conflit de famille mais, jamais au travail.

Robert

Radin, avare, pince, rapiat, rat, grippe-sou, des oursins dans les poches ou un cactus dans le porte-monnaie ! Des petits noms et des expressions rarement exprimées en face-à-face, si ce n'est sous le coup de la colère ou enrubannés sous un brin d'humour jaune.

Gilbert et Robert ne se retrouvent pas dans ces sobriquets irrévérencieux. Ils se qualifient d'économe, en phase avec cette image beaucoup plus vertueuse.  

Cathy, l'astucieuse

Cathy a 42 ans. Cette maman en couple avec deux enfants ne manque pas d'imagination pour arrondir ses fins de mois. Rentabiliser ses pas, sauver des paniers et photographier son repas pour gagner quelques euros sur des applications. Cathy trouve que le jeu en vaut la chandelle pour économiser tout en faisant de l'exercice et en mangeant sainement. Réchauffer sa pièce de vie avec des chutes de cierges, il fallait y penser ! Cathy est rarement à court d'idée.

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Cathy, l'astucieuse ©France télévisions

Un mode de vie et un système D dont elle est fière et qu'elle continuerait d'adopter même avec des revenus plus sécurisants. 

Claude, le flambeur

Claude a 68 ans. De tout le fruit de son travail de salarié et d'entrepreneur, il ne reste rien. En une semaine dans les années 2000, il a joué autour de 40.000 euros. Dans un passé plus proche, il a continué de craquer des sommes importantes. 

Les tables de jeu, Claude en a fait les frais. Croire en sa chance jusqu'au dernier jeton, parce qu'elle finira bien par tourner ! Rejouer pour se refaire ou remiser ses gains pour gagner davantage.

Aujourd’hui, il tient un blog et propose des podcasts. Lanceur d'alerte, sous le nom de Claude Laddict, il partage ses mésaventures et cette quête du Graal jusqu'à la démesure où le gagnant finit toujours par tout reperdre.

Jouer en salle, jusqu'au dernier ticket sur ces boîtes à images musicales, sans modération. Les machines à sous d'autrefois, déjà bien gourmandes, qui ne pouvaient manger que trois à cinq pièces à la fois ont disparu peu à peu des casinos. De plus en plus addictives par leur design, leurs couleurs et leurs graphismes, celles de la dernière génération entraînent le joueur dans un univers féerique où le temps s'arrête. Un flow entretenu par un des techniques bien rodées et des mises virtuelles multipliables à souhait.

Claude alerte sur les projets et la dangerosité des casinos virtuels en ligne et en trois dimensions. Une immersion à portée de casque, sans avoir à se déplacer. Un pas de plus vers l'accessibilité d'un piège qu'il connaît trop bien.

 

Un piège qu'il a fini par déjouer, du jour au lendemain. Une lassitude et une prise de conscience au bout de 40 années d'addiction. 

"Ce qui m'a permis d'arrêter, c'est de le voir en quelqu'un d'autre. De voir une personne gagner ce dont je rêvais et de voir cette somme aussitôt repartie dans le jeu."

Une nouvelle vie après l'enfer du jeu et le deuil de l'argent perdu. À l'air libre, face à la mer, Claude saisit cette nouvelle chance pour vivre et rêver pour de vrai, enfin !

La cigale et la fourmi

Quel est notre rapport à l'argent ? Radin ou simplement économe ? La réponse réside dans la place accordée aux réflexions et manœuvres pour dépenser le moins possible. Pour le radin, la question de l'argent devient centrale et prend les commandes du quotidien, même quand les moyens financiers permettraient d'en faire fi. Les avares sont des individus qui dépensent très peu dans le simple but d’avoir le plaisir de voir l’argent s’accumuler sur leurs comptes.

"L'argent ne sert plus à acheter des choses dont ils ont besoin ou envie, mais sert à masquer leurs angoisses. Comme une sorte de Sparadrap pour « soigner » les difficultés personnelles qui les assaillent."

L'avarice s'infiltre dans tous les milieux sociaux et n'a pas d'âge. Un excès dans la maîtrise, une façon d'effacer l'angoisse, de se sécuriser face à la peur de manquer ? Des comportements récurrents pour éviter de dépenser en se privant de tous ces petits plaisirs qui demandent de mettre la main au porte-monnaie.

La satisfaction réside dans la petite victoire de la résistance et de l'économie réalisée. Un axe de vie qui prend racine dans l'histoire personnelle, par mimétisme ou contre-pied.

Alors, radin, économe, flambeur, dépensier ? Comment trouver le juste l'équilibre ?

Gilbert qui n'avait jamais vu la mer, et Claude, le joueur repenti, plongent leur regard vers l'horizon bleuté tout en profitant, tout simplement, de l'instant présent.

"Un petit problème avec l'argent ?", un documentaire de Jean-Luc Gunst à voir ce Jeudi 4 avril à 23.00 sur France 3 Centre-Val de Loire, sur en avant-première et en replay sur france.tv.

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