VIDÉO. "Les patients font leurs besoins dans les couloirs" : l'été de tous les dangers aux urgences d'Orléans

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L'été de tous les dangers au centre hospitalier d'Orléans I. Racine / Y. Le Bloa / F. Belzeaux ©France télévisions

Un an après un été 2022 catastrophique pour les urgences surchargées de l'hôpital d'Orléans, de faibles signes d'amélioration ont pointé le bout de leur nez. Mais les difficultés de l'établissement, et en particulier le manque de lits dans les services, empêchent les urgences d'envisager une sortie de crise prochaine.

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Être médecin au service des urgences d'Orléans, c'est avoir déjà une quarantaine de patients à prendre en charge dès sa prise de service. C'est être "tout le temps en train de rattraper un retard qu'on ne peut pas rattraper", résume le docteur Matthieu Lacroix.

À l'été 2022, les urgences du centre hospitalier régional d'Orléans (CHRO) étaient au bord de l'effondrement. Par manque de personnels -médicaux et paramédicaux- et à cause de l'accumulation de patients en attente d'hospitalisation, les urgences avaient été contraintes de fermer leur accueil. Toute entrée devait passer par le 15, et n'étaient acceptées que les urgences vitales. Et les personnels faisaient régulièrement valoir leur droit de retrait, épuisés et scandalisés de leurs conditions de travail.

"On va se retrouver à sept médecins alors qu'on devrait être 24"

Un an plus tard, la situation n'est toujours pas glorieuse. Niveau personnel paramédical, "on est en nombre", assure la docteure Nesrine Nabli, la cheffe du service des urgences. C'est côté médical que ça coince. "Et on attend des départs de médecins avant la fin de l'été, on va se retrouver à sept médecins urgentistes alors qu'on devrait être 24."

Résultat, pour permettre aux médecins de partir en vacances sans fermer le service en soirée, "on a tous accepté de faire des heures en plus".

Et la problématique principale reste la même : "On manque de lits d'hospitalisation dans les services des étages, donc on a toujours des patients qui attendent 24, 48, 72 heures pour certains", explique la docteure Nesrine Nabli. Avec des box médicaux pleins, les patients continuent d'être entassés sur des brancards, où il reste de la place :

On fait les examens médicaux dans les couloirs, on fait les soins dans les couloirs, et les patients font leurs besoins dans les couloirs. Ce sont des conditions de prise en charge inhumaine qu'on ne voudrait pas pour nous.

Dr Nesrine Nabli, cheffe de service des urgences au CHRO

Le docteur Matthieu Lacroix, urgentiste également, considère désormais son téléphone comme son "principal outil de travail". Une bonne partie de son temps est ainsi consacrée à trouver des lits pour ses patients qui attendent sur des brancards. Du temps de perdu qui pourrait être passé à s'occuper de patients arrivés aux urgences entre-temps.

"Système de santé à bout de souffle"

Ce mardi 11 juillet, il raconte avoir "appelé quatre services différents pour un patient". Avec la nécessité, à chaque fois, de réexpliquer le dossier "très lourd" de la personne en question. "À chaque fois, on me dit : "Je vous dirais, je vous rappelle", et à chaque fois, la réponse est négative."

Là, ça fait 22 heures qu'il est aux urgences, et je sais qu'il sera là demain matin quand je reviendrai. Alors qu'il nécessite une prise en charge par des spécialistes.

Dr Matthieu Lacroix, urgentiste au CHRO

La cheffe de service note que "des efforts sont faits de manière quotidienne aux urgences et par les spécialistes dans les étages". Avec, notamment, un protocole mis en place il y a un an par la direction. Elle note que 15 lits supplémentaires de postes d'urgence seront ouverts en septembre, avec en conséquence un "appel d'air pour nos patients en attente de lits". Mais les effets de ces efforts restent insuffisants pour compenser "un système de santé à bout de souffle en France", estime la docteur Nesrine Nalbi.

Elle l'annonce dès maintenant : entre les départs et l'incapacité de l'hôpital à recruter suffisamment de médecins, "il y aura probablement des journées où les urgences seront fermées" cet automne. La crise n'est pas près de se résorber.

Propos recueillis par Isabelle Racine et Yves Le Bloa.

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